Premier glucomètre vocal, d’expression kabyle

Partager

La société pharmaceutique Novapharm, basée à Bousmail dans la wilaya de Tipaza, vient de présenter, à Béjaïa, à l’hôtel Cristal, son glucomètre vocal d’expression kabyle, devant une centaine de médecins et de pharmaciens.

Tous les diabétiques connaissent ce qu’est un glucomètre, cet appareil électronique qui permet de mesurer le taux de glycémie dans le sang et, ainsi, de surveiller son diabète. Il existe sur le marché plusieurs marques de glucomètres, une dizaine environ, qui sont distribués gratuitement principalement par les médecins, pharmaciens et associations médicales. Leur utilisation est relativement simple, et elle est à la portée de presque tout le monde. Presque ! C’est ce que le laboratoire Novapharm a compris et ce qui l’a poussé à importer un nouveau type d’appareil, utilisant, en plus de l’affichage classique, la voix. Les premiers appareils importés utilisaient le français et l’arabe. Et devant le succès de l’opération, les responsables dudit laboratoire ont décidé d’offrir aux utilisateurs une version utilisant la langue kabyle. Ainsi, le Novacheck Voice + s’adresse essentiellement aux personnes âgées, aux enfants et aux malvoyants. Ainsi, au lieu de s’échiner à essayer de lire les résultats de sa prise de sang, le patient peut entendre une voix en kabyle qui l’aide à utiliser l’appareil dans de bonnes conditions et qui lui donne les résultats au bout de cinq secondes. La rencontre a eu lieu, vendredi dernier, en collaboration avec l’Association des Médecins Généralistes et plusieurs communications étaient au programme. C’est ainsi que le Dr Bouab, diabétologue venu de Jijel, a présenté deux communications très exhaustives sur le diabète, notamment celui menaçant la femme enceinte, appelé Diabète Gestationnel. La communication a été suivie d’un riche débat auquel les présents ont activement participé. Le Dr Bouab a répondu à toutes les questions avec beaucoup d’humour, rappelant que des femmes célèbres ont également souffert de ce type de diabète, à l’exemple de Selma Hayek, Angelina Joly ou Kim Kardashian. De nombreux médecins spécialistes dans plusieurs pathologies étaient présents à cette rencontre, dont des urologues, pneumo-phtisiologues, endocrinologues, chirurgiens, etc. Ils sont venus de plusieurs cabinets, cliniques et hôpitaux de la région, et la rencontre a été des plus instructives. Les responsables du laboratoire de Bousmail ont ensuite procédé à une démonstration sur l’utilisation du nouveau glucomètre. Le laboratoire produit aussi une gamme de médicaments, dont le célèbre Glucophage avec ses trois dosages, qui est devenu incontournable pour les malades diabétiques. Le diabète, apprendrons-nous, touche entre 1,8 et deux millions d’Algériens, soit près de 7% de la population, et près de trois cent cinquante millions de personnes dans le monde. Il est donc important d’en assurer une bonne prise en charge. Il atteint le plus souvent les pays pauvres, mais pas seulement. Dr Bouab a donné l’exemple des pays du Golfe, comme l’Arabie Saoudite et le Quatar, où le diabète touche plus du quart de la population. Là ce n’est assurément pas dû à la pauvreté mais à une nutrition déséquilibrée, trop riche et inadéquate. En Algérie, un changement dans notre façon de nous nourrir a également provoqué un déséquilibre alimentaire, puisque les féculents et les matières grasses sont privilégiés au détriment des fruits et légumes. Le diabétologue venu de Jijel rappellera donc que la meilleure manière de prévenir le diabète et d’équilibrer sa glycémie, c’est de contrôler sa nourriture. Le Novacheck n’est là que pour révéler le taux de sucre qui est dans le sang. Il ne constitue pas en lui-même un médicament. Ledit glucomètre est fabriqué à Taiwan et a été homologué aux Etats-Unis et en Europe. Son taux de fiabilité est de 99%, selon ses promoteurs qui rappellent que c’est le premier glucomètre parlant à être introduit en Algérie.

Une victoire pour le patient et pour la langue

Un des médecins présents sur place a évoqué la polémique lancée il y a à peine quelques semaines, sur une prétendue découverte d’un remède contre le diabète par un médecin algérien. L’intervenant a rappelé qu’avant d’obtenir une autorisation de mise sur le marché d’un nouveau médicament, il y a une procédure très contraignante à suivre, exigée par les pouvoirs publics, pour vérifier un certain nombre de paramètres scientifiques et légaux. Il serait donc trop tôt pour s’avancer sur la question. Toujours est-il que la mise de cet appareil à la disposition des patients diabétiques, notamment les kabylophones, est à la fois une victoire pour les malades et pour la langue elle-même. Il est important que la science s’approprie une langue pour améliorer l’efficacité de sa communication et permettre aux patients une meilleure prise en charge. Signalons néanmoins que le prix des bandelettes associées audit appareil est excessivement élevé. Il se situe en moyenne autour de deux mille dinars la boite. Et comme le diabète est une maladie chronique, le coût de cette boite est pris en charge par la CNAS, creusant ainsi son déficit chronique. Les laboratoires pharmaceutiques ont donc tout intérêt à revoir leur politique des prix, s’ils ne veulent pas voir un jour la Sécurité Sociale revoir la sienne en matière de subvention des prix des médicaments mis sur le marché.

N. Si Yani

Partager