18,50 une bonne moyenne !

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L’annonce de la flambée de l’euro n’a pas laissé les personnes disposant de cette devise insensibles. Même si les prix de change pratiqués chez les cambistes diffèrent d’un endroit à un autre, ceux voulant céder de l’euro cette semaine semblent être satisfaits de la tournure de la situation. Dans une boutique du centre-ville de Bouira, un marchand de laine en écheveau et de couvertures, façade oblige pour ce genre d’activités, se frotte les mains car les rentrées en devise dans son commerce de change est très florissant ces jours-ci. «Paradoxalement, c’est au moment où la devise prend de la valeur que les gens cherchent à vendre. Aujourd’hui, nous changeons à un taux de 18.50, ce qui est très haut», dira notre interlocuteur. Un euro pour l’équivalent de 185 dinars serait un sommet jamais atteint par le passé à Bouira et encore, il paraitrait qu’à ce prix, la personne voulant échanger ces devises peut négocier s’il s’agit d’une somme conséquente de plus de 1 000 euros. La petite boutique du cambiste ne payant pas de mine et qui semble surgir tout droit des années 70 avec son comptoir en bois et ses étagères garnies d’écheveaux de laine ne désemplissait pas hier à midi. Sabrina, une mère de famille, fonctionnaire, est venue vérifier le taux de change. Après avoir pris connaissance de l’ascension fulgurante de l’euro, elle décidera de changer 5 billets de 100 euros. «J’avais acheté la devise lorsqu’elle affichait 16 au cours de l’été en prévision d’un voyage de fin d’année en France. Mais comme les services de l’ambassade ont refusé de me délivrer le visa, je préfère changer cette devise en me faisant au passage un petit bénéfice», dira-t-elle. Cependant, le gros des clients venant échanger l’euro dans ce magasin sont des retraités, comme nous avons pu le constater. Ils viennent parfois de Bechloul, de M’Chedallah et d’Aïn Bessem également. Pour les autres régions de la wilaya, chaque retraité émigré fait son change dans des endroits plus ou moins éloignés de la wilaya. Les gens de Lakhdaria préfèrent se rendre à Alger où le taux de change serait supérieur. De même pour les personnes résidentes dans les communes frontalières avec Bordj Bou Arreridj que l’on décrit comme «le comptoir» spécialisé dans le change avec des taux légèrement supérieur à ceux pratiqués à Bouira. Même si à Sour El Ghozlane un cambiste existe depuis peu, ce dernier n’aurait pas réussi à canaliser «une clientèle» fidèle vers la région. Pour le cambiste, gérant du magasin de laine de la ville de Bouira, sa clientèle s’adresse à ses services essentiellement pour la vente, mais lui, également revends occasionnellement une partie de ce qu’il achète. Une partie seulement, car il agit pour le compte d’un gros importateur pour lequel il fournit ces devises. «Je vends parfois pour des gens voulant se rendre à l’étranger, mais juste de petites sommes. Sinon lorsqu’on me sollicite pour des grosses sommes d’argent en devise pour l’acquisition de véhicules à l’étranger, j’essaye d’honorer mes commandes mais ce n’est pas très facile de promettre et de récolter les montants exigés», révèle le cambiste. Interrogé sur la revente des devises, notre interlocuteur se montrera assez gêné. «Pour la somme de 100 euros, ma commission est infime. Je peux vous céder 100 euros pour 19.60 DA», notera-t-il. Une manière de dire qu’il se contentera de 1 100 DA de marge bénéficiaire pour ce billet vert.

Une grosse cylindrée allemande s’arrête…

Avant de quitter le cambiste, un véhicule allemand de grosse cylindrée se gare devant le magasin de change. Un homme en sort avec un sac poubelle rempli de ce qui est aisé à deviner. «C’est la commande de Monsieur…». On apprendra que le monsieur en question a acheté une grosse quantité d’euros qui lui sera versée sur son compte bancaire en France et qu’il ne fait que s’acquitter du change ici en dinars. Pour ce moyen de change, c’est-à-dire disposer d’un compte à l’étranger, on apprendra que le taux est supérieur comparativement au change de mains en mains. «Il y a des taxes pour l’entretien des frais de compte prélevés par les organismes bancaires et ces frais sont à la charge de l’acheteur. C’est pour cela qu’une légère hausse existe entre le taux actuel et celui pratiqué pour les transferts de devises entre organismes bancaires.

Hafidh B.

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