Vibrant hommage à Kofi Josiane

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En collaboration avec le comité du village Achallam, les habitants du village Aït Semellal, dans la commune et daïra de Bouzeguène, ont rendu un vibrant hommage, avant-hier lundi, à Kofi Joziane épouse Hadj Saïd Saïd.

Cette dernière était, pour rappel, une Polonaise née en France qui a combattu l’armée française aux côtés des moudjahidine. Elle trouva la mort au maquis des suites d’une sévère bronchite. Étaient présents à cette cérémonie le maire de Bouzeguène, les membres des comités de plusieurs villages, la famille révolutionnaire et des dizaines de personnes du village Achallam, relevant de la commune d’Ifigha. Tôt dans la matinée, les invités d’Aït Semlal se sont rassemblés au niveau de la salle de réunion sise au rez-de-chaussée de la mosquée du village, pour se diriger, par la suite, au lieudit Ouzou Belghem, où ils se sont recueillis sur sa tombe et ont déposé une gerbe de fleurs à sa mémoire et à celle de la Chahida Yamina Brahmi également. Après la levée du drapeau, une minute de silence a été observée par les présents à la mémoire des martyrs. Dr Hadj Saïd a pris la parole en premier pour exprimer «sa joie de participer à cet hommage rendu à celle qui a sacrifié son fils et sa famille pour combattre la France aux côtés de son mari et de ses beaux frères». En outre, l’intervenant a remercié tous ceux qui ont contribué à ce geste de reconnaissance au profit de ce «symbole de combat». Nordine Aït Hamouda déclarera, dans la foulée, que la Fondation Amirouche s’engage «à rédiger l’histoire de Kofi Josiane et l’envoyer au ministère de l’Éducation dans le but de l’inclure dans son programme et l’enseigner aux enfants pour que nul n’oublie que l’Algérie fut libérée par des Algériens, mais aussi par des Français et Françaises qui méritent reconnaissance aujourd’hui». Aussi, pour retracer l’histoire de cette combattante, des photos et articles de presse ont été exposés au niveau de ladite salle de réunion. Vers midi, les convives ont eu droit à une collation pour laisser place aux témoignages de Moudjahidine et de Moudjahidate qui l’ont connue à Achallam, village de son époux, le Chahid, officier à l’ALN Hadj Saïd Saïd dit Saïd Ouchallam, et à Aït Semellal, son village de refuge où elle fut, également, enterrée. «Elle était ma voisine. J’avais à peine 14 ans quand, tout d’un coup, on entendit l’explosion d’une bombe à Laminsra. C’était l’armée française qui était, alors, intervenue pour assassiner quatre hommes de la famille Hadj Saïd. Les forces coloniales ont emmené ensuite Kofi Josiane à Takharoubth pour lui faire subir toutes les affres de la torture. En 1956, les soldats lui donnèrent l’ordre de quitter l’Algérie pour rejoindre la France. Elle leur demanda, dès lors, l’autorisation de chercher son fils âgé de 5 ans. Profitant de cette occasion, elle rejoignit le maquis, sacrifiant son fils qui a été tué à Illoula Oumalou. Elle passa, par la suite, de refuge en refuge en compagnie d’un orphelin de la région jusqu’à ce qu’elle arrive au refuge des Snacel d’Aït Semlal», se souvient encore Si Hamdi Mohand Arezki d’Achallam. Elle perdra enfant et mari durant l’opération Jumelles «J’avais 26 ans, je me souviens très bien de cette brave dame venue avec les moudjahidine en compagnie de 13 autres femmes et de deux enfants. Elle nous a appris la bravoure en menant son combat contre sa propre patrie. Elle était telle une sœur pour nous. Son engagement pour la cause algérienne a fait d’elle une vraie combattante constamment pourchassée par ses frères français. Elle s’est fait tatouer le visage et porta nos robes kabyles pour passer inaperçue. Elle a souffert pendant des mois d’une bronchite, et avec des remèdes maisons, on a essayé, tant bien que mal, de la soigner. Mais avec le froid qui y régnait et le manque de moyens, elle a fini par rendre l’âme dans les bras de ma mère. Elle fut enterrée dans notre village Aït Semlal suivant sa volonté», témoigna Snacel Khoukha, Moudjahida et veuve de chahid. Dans le même sillage, plusieurs intervenants ont rappelé «la bravoure de Kofi Joziane dénoncée plusieurs fois par des harkis». Les intervenants étaient unanimes à dire que cette dame mérite la reconnaissance officielle de statut de Chahida de la part de l’État algérien. En épousant le Chahid officier de l’ALN Hadj Saïd Saïd, Kofi joziane, dite Zahra, a également épousé sa religion, ses coutumes et traditions mais surtout son combat. Elle a su le soutenir en compagnie de son fils de 5 ans qu’elle perdit, plus tard, au maquis à Illoula. «Elle a préféré souffrir pour l’indépendance de l’Algérie plutôt que vivre dans la sérénité en France, qu’elle considérait, d’ailleurs, comme un ennemi. Après avoir perdu son fils, son mari et tout ce qu’elle possédait en pleine opération ‘’Jumelles’’ en 1959, elle rendit l’âme», conclut un intervenant qui demande, au même titre que les présents, aux autorités et à tous les services concernés de l’inscrire sur le registre des martyrs de la révolution, en signe de reconnaissance de tout ce qu’elle avait fait pour cette Algérie.

Fatima Ameziane

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