Les partis n’ont pas pu mobiliser

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Avec 17,40%, la wilaya de Tizi-Ouzou a enregistré le taux de participation le plus bas à l’échelle nationale, aux élections législatives du 4 mai dernier.

L’abstention, ou le boycott qui s’élève à plus de 80% dans la région, est dû à plusieurs paramètres reliés au contexte général, pour certains, et spécifiques à la région, pour d’autres.

En effet, les législatives de cette année interviennent dans une conjoncture socio-économique très difficile, caractérisée notamment par la crise économique, chose qui a désintéressé le citoyen de ces échéances. S’ajoute à cela, le manque de confiance quant à la transparence de ces échéances. Il faut dire que dans ce cas-là la responsabilité incombe à ces partis qui ont crié à la fraude dès l’annonce des élections tout en y participant tout de même !

Il est à préciser qu’à Tizi-Ouzou, cette région avant-gardiste en matière de la pratique politique et l’exercice démocratique, les partis politiques à travers ce résultat signent un échec cuisant combien même ils sont nombreux à se féliciter du moindre siège. La réalité est qu’ils n’ont pas pu mobiliser les électeurs et cela n’est pas un fruit du hasard.

Aussi, le rendement pas convainquant des députés de la wilaya lors de la mandature précédente, la série de promesses non tenues et des programmes surréalistes proposés lors de la campagne ont fait que la population leur a tourné le dos. Par ailleurs et à défaut de programmes à défendre, les deux partis traditionnels de la région, en l’occurrence le FFS et le RCD, qui ont obtenu chacun quatre sièges, ont versé dans l’échange d’hostilités lors de la campagne électorale sans se rendre compte que le citoyen en a marre de ces discours de haine, de cette rivalité et des guerres menées par procurations à travers des générations.

Le résultat de ces deux partis, qui était prévisible selon les observateurs, est un message direct de la population de Tizi-Ouzou. Un autre paramètre qui a fait que le FFS et le RCD reculent en Kabylie c’est la saignée dans le réservoir électoral des deux partis. Deux des candidats qui ont mené des listes indépendantes et qui ont obtenu un siège chacun sont issus de ces deux partis.

«Alternative citoyenne» de l’ex-député du RCD Nordine Ait Hamouda et «Izuran» de Benbelkacem Belkacem, un ex-cadre du FFS. Sans oublier l’exclusion du Dr Halet, l’ex-député FFS de Tizi-Ouzou, qui n’est visiblement pas passée sans conséquences. S’agissant du FLN, qui en obtenant deux sièges perd deux par rapport à l’élection précédente, les perturbations qu’à connues le parti après l’annonce des listes en sont certainement pour quelque chose, en plus des paramètres généraux cités qui sont communs à tous les partis. Pour le RND, pour rappel, en 2012, le parti avait eu trois sièges, alors qu’aujourd’hui il a eu deux sièges seulement.

Il y a aussi ces têtes qui reviennent pour certaines pour la quatrième fois qui n’incite plus le citoyen qui en marre de revoir les mêmes figures au moment ou son quotidien va de mal en pis. Le PT, quant à lui, a su rester dans la stabilité en gardant son unique siège. Le MPA, un nouveau venu à ce niveau de compétition électorale dans la région aura sans doute également à revoir sa copie, n’ayant pas pu accéder au moindre siège.

Dans un autre sillage et si l’ont doit rentrer dans la spécificité de la région pour expliquer le taux élevé d’abstention, il est indispensable de ne pas ignorer ce facteur de région rebelle allergique prompte à boycotter tout ce qui vient d’en haut et qui par conséquent influe négativement sur l’implication de la population locale dans les joutes électorales, en l’absence d’un contre discours fort et persuasif qui attirerait la population vers les urnes.

Kamela Haddoum.

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