Ces médicaments qui manquent !

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Il est devenu assez fréquent, ces derniers temps, de se présenter dans une pharmacie avec une ordonnance et d’en sortir sans avoir été servi.

Le citoyen se plaint et les pharmaciens se trouvent tout autant dans la tourmente de ne pas pouvoir satisfaire la demande de leurs clients, à cause du manque enregistré dans plusieurs médicaments. Une virée dans plusieurs pharmacies du centre-ville de Tizi-Ouzou renseigne sur l’ampleur du manque qui touche plusieurs spécialités. Les tenanciers des pharmacies étatiques relevant de l’ENDIMED, dont dépendent notamment une catégorie de démunis non assurés sociaux, tirent la sonnette d’alarme, sur une situation qualifiée de «catastrophique» et «alarmante». Le manque de médicaments à ce niveau est flagrant. Les pharmaciens parlent de «manque d’approvisionnements dû à un problème de gestion et de suivi». Selon les informations recueillies sur le terrain, ces pharmacies n’ont pas été approvisionnées depuis trois mois. Et depuis une année, voire plus, ils ne reçoivent qu’une petite quantité de médicaments qui ne satisfait pas la demande. «On ne sert pas les médicaments dont ont besoin les citoyens», regrette-t-on. Et d’ajouter : «On nous donne des produits qui ne se vendent même pas». S’agissant des médicaments en rupture dans les pharmacies étatiques, selon ce qu’ont relevé les pharmaciens, on retrouve plusieurs catégories. Pour les malades souffrant de problèmes cardiaques, il n’est guère conseillé de se rendre dans une pharmacie étatique pour chercher du ZANIDIP, par exemple. Cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin, a-t-on indiqué. Même situation pour d’autres médicaments, dont FUMAFER, TARDYFERON B9 et 80, qui sont prescrits pour les cas d’anémie. On signale aussi une rupture de médicaments d’ophtalmologie, à savoir XALATOR-COLLYRE, COSOïT-CLLYRE et TRAVATAN-COLLYRE. Les malades souffrant de la prostate, eux aussi, sont touchés par le manque, dans deux médicaments, PERMIXON 160 MG et CARDULAR 5MG.

Les spécialités de cardiologie, ophtalmologie et diabétologie les plus touchées

Les parents dont les bébés sont en manque de vitamine K et qui sont obligés de recourir aux pharmacies étatiques auront beaucoup de mal à satisfaire leur demande. Ils sont obligés de se débrouiller pour soigner leurs bébés. Les produits soignants les infections sont tout aussi rares. On citera notamment POLYGYNAX, COLPOSEPTINE, COLPOTROPLINE et la PROGESTOGEL. Le CARBIMAZOLE, un médicament qui sert à soigner le goitre, est de plus en plus rare, signale-t-on également. Mais le drame reste celui des diabétiques qui ont du mal à trouver l’insuline. D’ailleurs, le cas d’un jeune garçon d’environ 16 ans, rencontré dans une officine, interpelle : «Je suis diabétique depuis mon jeune âge. Je me soigne à l’insuline. Tous les 3 mois, je m’approvisionne, 6 à 7 boites pour cette période. Je viens dans cette pharmacie ou dans d’autres officines étatiques bien sûr, mais rien, il faut que je me débrouille pour en avoir à chaque fois, c’est un calvaire». Le pharmacien responsable au niveau de cette entité étatique, sise au centre-ville de Tizi-Ouzou, explique : «Le problème, surtout, est celui des gens qui n’ont pas d’assurance. Ils ont des cartes ENDIMED, ils sont domiciliés chez nous et ils sont mal approvisionnés et ils n’ont pas le choix. Ils n’ont pas le droit d’avoir le médicament ailleurs et chez nous on n’a pas ce qu’il leur faut. On essaye de se débrouiller pour les aider, on vit un peu leur calvaire au quotidien». L’on explique que, d’habitude, l’Etat signe des conventions avec les fournisseurs, mais depuis une année, tout est à l’arrêt. On ne reçoit que des petites quantités de médicaments». Par ailleurs, pour la deuxième catégorie d’officines, les privées, le constat est quasiment le même quoiqu’à un degré moindre. L’ampleur du manque est moins importante vu que l’on «se débrouille par-ci et par-là pour s’approvisionner. Il m’est même arrivé de demander à des amis qui font des allers-retours sur Paris pour m’en ramener certaines boites. Ce n’est plus toléré, mais parfois on y est contraints», plaide ce jeune pharmacien. En effet, dans des pharmacies privées conventionnées, les responsables ont souligné également le manque de certains médicaments, depuis deux ans pour certaines molécules, notamment «des produits français, fortement demandés et prescrits par les médecins», à savoir, OTIPAX, HYLO FRESH, CALCIBRONAT, CALPEROS, TANGANIL, INOREL, DOSTINEX, ZALATAN, XALATAN, CURACNEE et TARDYFERON. Les responsables de pharmacies privées, sans conventions, soulèvent en plus un tout autre problème, qui les concerne particulièrement. En plus du fait qu’ils n’ont pas accès à toutes les gammes de médicaments, les fournisseurs leur «proposent parfois des ventes concomitantes». Selon eux, «pour avoir un petit quota de ces produits manquants, ils imposent plusieurs produits, dont la date de péremption est proche et des produits qui ne se vendent pas». Ces pharmacies regrettent cette situation qu’ils subissent et acceptent à contre cœur : «On enregistre beaucoup de perte, mais on n’a pas le choix».

Kamela Haddoum.

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