Des villageois d’Ouled Ali protestent

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Les villageois du douar Ouled Ali sont montés au créneau, hier, pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, pour exiger des autorités locales la fermeture de la route communale reliant la RN08 vers Frakssa qui traverse leur localité.

C’est à l’aide de tonneaux et autres futs métalliques que les protestataires ont barricadé la chaussée. Tous les véhicules ont systématiquement été invités à rebrousser chemin, en présence des gendarmes dépêchés sur les lieux. La revendication de ces citoyens est d’empêcher les camions de gros tonnages et les semi-remorques d’emprunter cette voie pour se rendre aux carrières d’agrégats limitrophes. «Nous ne voulons plus que les camions empruntent cette route, car en plus de la dégrader avec leurs chargements dépassant les limites autorisées, ils ne respectent pas le code de la route et n’ont pas le moindre civisme…», dira Mohamed, un des protestataires. Il reproche à ces transporteurs, des privés acheminant les agrégats des carrières avoisinantes, de se comporter de manière déplacée : «Ils jettent des détritus, des canettes, des bouteilles sur la route… A maintes reprises, nos animaux domestiques, nos moutons, nos chèvres et nos poules, ont fait les frais des comportements de ces chauffards. Nous ne vivons que de l’agriculture et ces camionneurs écrasent nos bêtes en toute impunité. C’est de la hogra !», s’insurge notre interlocuteur. Pour Ahmed, un autre habitant de cette zone rurale, ces camions portent carrément atteinte à la santé publique : «La plupart du temps, le chargement de ces camions n’est pas couvert d’une bâche tel qu’exigé par la loi. En plus, en roulant à toute vitesse sur cette route, les engins soulèvent des tonnes de poussière que nous respirons quotidiennement. Cela ne peut que se répercuter négativement sur notre santé, notamment pour les écoliers qui se rendent à pied à l’école primaire sur une distance de plus de 04 km», explique-t-il. Les villageois de cette localité affirment par ailleurs que la proximité des carrières d’agrégats est la cause d’une pollution beaucoup plus nuisible : «Il existe près d’une dizaine de carrières aux alentours de notre douar et chaque jeudi, les explosions retentissent. Vous pouvez voir que nos demeures en sont fragilisées et les murs sont tous lézardés. Nous avons interpellé le wali, la cheffe de daïra et le maire qui habite pourtant à proximité et qui emprunte plusieurs fois par jour cette route, mais personne ne nous a entendus», raconte Sid Ali. Les villageois disent également que le dense trafic routier composé essentiellement de poids lourds de gros tonnage est à l’origine de la dégradation de la chaussée qui constitue leur seule voie d’accès : «Nous ne demandons pas un hôpital ni des infrastructures coûteuses, nous voulons uniquement préserver notre route pour pouvoir sortir de l’isolement dans lequel nous vivons. Regardez ce dalot qui enjambe l’oued, il est carrément à la même hauteur que le lit de l’oued et à chaque averse nous sommes bloqués ici et ne pouvons pas franchir les eaux en furie», déplore Sid Ali. Aux environs de 10h, le P/APC s’est rendu sur les lieux pour discuter avec les protestataires en tentant de les convaincre d’arrêter leur action. Après plusieurs minutes de pourparlers, les villageois ont partiellement accédé à la demande du maire, en autorisant uniquement le passage des véhicules légers. Nous recevant dans son bureau, M. Rouam Mohamed, le P/APC d’Oued El Berdi, admettra que les revendications des villageois sont légitimes, même s’il déplore leur manière d’agir : «Leurs doléances ont été enregistrées et mercredi dernier nous avons tenu une réunion avec les concernés en présence des autorités de daïra et de wilaya, notamment la DTP. Après cette réunion, nous avons établi un procès verbal dans lequel nous nous sommes engagés à prendre en considération les revendications des villageois. La principale étant d’interdire l’accès à ce chemin communal aux camions de gros tonnage en les orientant vers le CW21 qui passe par la localité d’Ahl Reguab. Une déviation qui rajoute environ 5 kilomètres au trajet initial… Ce chemin de wilaya est plus approprié pour le passage de ces camions souvent en surcharge, ce qui n’est pas le cas pour le chemin communal qui est en effet dans un état de délabrement avancé. D’ailleurs, l’APC a pris les devants en réalisant une fiche technique et nous comptons sur une aide de l’Etat et un budget spécial pour sa prise en charge. Nous avons pris ces mesures pour apaiser les esprits et éviter tout débordement entre les chauffeurs routiers et les villageois. Par ailleurs, nous avons interdit l’accès aux camions déchargeant la terre végétale issue du décapage de la zone industrielle d’Oued El Berdi», nous expliquera M. Rouam. De leur côté, les protestataires affirment qu’ils reprendront leur action «si les autorités n’interviennent pas immédiatement pour faire cesser la circulation des poids lourds sur ce tronçon qui constitue notre unique sortie de secours vers les centres urbains de la région».

Hafidh Bessaoudi

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