Le bras de fer continue à Carravic

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Rien ne va plus entre les travailleurs de Carravic affiliés au syndicat UGTA et la direction de l’entreprise.

Depuis la semaine dernière, les travailleurs enchaînent les débrayages, mettant en avant une plate-forme de revendications relatives à leurs conditions de travail. M. Zane Abdallah, président de la section syndicale UGTA, accuse la direction de refuser les négociations. «Nous allons attendre lundi (aujourd’hui ndlr) pour voir si l’administration daigne enfin ouvrir les portes du dialogue, sinon nous déclencherons une grève ouverte», a-t-il déclaré. Parmi les réclamations des travailleurs, il y a notamment la prime de rendement collective (PRC), les primes de transport, de nuisance et de panier… Surtout que les contestataires sont unanimes à affirmer qu’une embellie financière voit le jour avec le prix du poussin qui a sensiblement augmenté : «Certes, il y a des périodes de mévente où l’entreprise connaît des difficultés, mais ces jours-ci le poussin est vendu à 60 DA. Les arguments de l’administration ne tiennent donc pas la route», révèle le président de la section syndicale. M Ider Djamel, président du comité de participation, déplore lui aussi l’attitude de l’administration de Carravic : «Depuis le jumelage entre Carravaic et Avib, nous n’avons jamais été consultés aux prises de décisions et aux commissions de marchés. Nous nous interrogeons également pourquoi les bilans n’ont pas été rendus publics», explique-t-il. Face à tous ces griefs, M. Derradj Ali, directeur des ressources humaines de Carravic SPA Bouira, se défend: «Nous avons répondu, point par point, aux six doléances soulevées, mais le syndicaliste n’a pas voulu entendre notre réponse (…) Nous n’avons pas cessé d’appeler à la sagesse et au bon sens dans cette période difficile que traverse l’entreprise… S’il y a une guerre à déclarer, laissons-la de côté pour l’intérêt des 630 travailleurs de l’entreprise», a estimé M. Derradj. Notre interlocuteur évoquera l’exemple de la prime de rendement collective : “Même si l’on doit attribuer la PRC, nous la donnerons lorsque la santé financière de l’entreprise le permettra. Actuellement, notre souci est de nous acquitter des salaires…», explique M. Derradj. Concernant la permanisation de certains agents, là encore le DRH dit ne pas comprendre ce qu’il qualifie d’illogique : «La nature de l’activité ne le permet pas, nous faisons dans l’élevage et pour cela il y a des périodes de travail, notamment avec l’article 12 de la loi 90-11, il s’agit d’un travail à caractère discontinu… Il y a une période d’élevage de 56 jours, ensuite un vide sanitaire et après seulement on envisage une nouvelle mise en place du poussin ou alors on s’abstient. Je ne peux pas renouveler un contrat s’il n’y pas cette mise en place. En ce qui concerne le point de la quote-part, nous avons saisi le syndicat en lui demandant de nous faire parvenir le bilan de la gestion des œuvres sociales établi par la commission. Et ce n’est que jeudi dernier qu’il nous a été transmis. A propos du paiement des heures supplémentaire de 2000 à 2012, c’est le président de la section syndicale en personne qui a signé un PV dans lequel il est fait état que les heures supplémentaires seront consommées en repos compensatoire… Il n’a jamais été question de payer les heures supplémentaires», détaille encore M. Derradj. Le DRH de Carravic est par ailleurs affirmatif concernant l’embellie que connait le prix du poussin, mais pour lui, «c’est l’occasion ou jamais de se rattraper financièrement après ces derniers mois où il était coté à 5 dinars, parfois moins. Et on ne trouvait même pas preneurs, nous avons dû les incinérer pendant cette période», explique-t-il. Notre interlocuteur affirme également que le PDG en personne a reçu dans son bureau à Bouira le président de la section syndicale : «Je vous le répète, toutes les portes sont ouvertes pour un dialogue constructif afin d’instaurer un climat serein. Nous avons toujours privilégié le dialogue et personne n’a jamais été marginalisé». Concernant le transfert du siège Carravic d’El Esnam à Bouira, point de discorde à ce sujet entre syndicalistes et administration, il s’agit là d’une décision souveraine émanant de l’assemblée générale extraordinaire tenue à Alger et nul ne peut contester cette décision.

Hafidh Bessaoudi

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