Des éleveurs se confient !

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«Sur les 89 races en voie de disparition, aujourd’hui, nous participons avec seulement 16 races, faute d’espace», affirme M. Derriche Mohamed, éleveur de Tigzirt, qui s’occupe de l’élevage d’oiseaux en voie de disparition. Il cite, entre autres, la poule argentée, le faisan avec plusieurs races, la pintade, l’oie de Guinée, les oies ordinaires, le canard, le carolin, le mandarin, les pigeons (royal, de l’Australie…). Interrogé sur les causes de cette disparition, notre interlocuteur donne l’exemple du faisan doré qui, dira-t-il, «risque la disparition à cause de la plume dorée qu’il porte. Le pigeon royal, lui aussi, porte des plumes dorées et de 24 carras». Pour l’oie de Guinée, notre interlocuteur révèle : «C’est une oie dont les œufs sont utilisés dans les laboratoires américains pour la fabrication de médicaments contre l’anémie et l’arthrose. Et une fois atteint trois ans, son bec se couvre de corail qui sert pour la fabrication de bijoux.» L’objectif de sa présence aujourd’hui est de sensibiliser les gens sur l’élevage. Comment ? «Les gens peuvent acheter ces oiseaux par couple. Nous faisons aussi la chair bio, les œufs bio», dira-t-il. Quant aux prix, notera M. Derriche, ils sont abordables, à mon sens, pour faciliter l’élevage par d’autres. Par exemple, un couple de pigeons est vendu entre 5 000 et 6 000 DA, le faisan pour 28 000 DA le couple. Le nègre-soie, qui a des plumes servant à la fabrication de la soie, la soie la plus chère au monde, est vendu à 30 000 DA le couple.» M. Bouadoune Madjid, du village Agouni Rihane dans la commune de Tigzirt, s’occupe de la cuniculture (élevage du lapin) avec onze ans dans la profession. Il nous confie : «Notre voisin nous avait donné un couple de lapin. Et c’est à partir de là que nous avions eu l’idée d’élever des lapins, d’abord avec un couple, puis deux, trois… et aujourd’hui nous avons atteint 250 femelles reproductrices sur 374 mètres carrés». Pour multiplier la procréation et donc la production, ajoutera M. Bouadoune, «nous avons précédé à l’incinération artificielle dont un Français de la région de Lyon, M. Therry, nous a inculqué la technique durant une formation ici à Tigzirt en octobre 2013, puis en février 2014. C’est une association ADPAL qui l’avait contacté. Puis c’est à notre tour de former d’autres éleveurs à Sétif, Bouira… et l’incinération artificielle a pris de l’ampleur en Algérie grâce à cette association d’Ath Yenni et la production de lapins se développe progressivement au niveau de la wilaya mais aussi à l’échelle nationale.» Interrogé sur les contraintes et problèmes rencontrés par les éleveurs de cette filière, il cite d’abord le problème de la commercialisation qui revient à chaque fois : «La consommation diminue durant la période allant de juin à octobre, avec la chaleur. Le lapin est généralement consommé en hiver. L’autre contrainte est le manque de l’alimentation : le granulé spécial lapin. Nous le trouvons à Tlemcen, Béjaïa, Boumerdès mais pas à Tizi-Ouzou, qui est dépourvue de granuleuses, machines spéciales pour ce genre d’aliment», fera-t-il savoir, en précisant que «le lapin est très écoulé à l’Est du pays.» Notre interlocuteur affirme tout de même que, en dépit de tous les aléas rencontrés par les éleveurs, Tizi-Ouzou est la 1ère wilaya à procéder à la production du lapin. «La wilaya compte environ 120 éleveurs de lapin, recensés par la DSA», précisera-t-il. Un autre élément est non des moindres est le virus qui attaque le lapin : «La maladie VHD (virale hémorragie) attaque le foie du lapin qui est vite terrassé», soulignera cet éleveur qui tient tout de même à rassurer quant à la disponibilité d’un vaccin utilisé contre cette maladie qui est, selon lui, en régression. Pour conclure, notre interlocuteur dira que «la production est, désormais, passée de 60 à 72 quintaux/an, destinés à l’abattoir qui se charge de la vente».

M. A. Tadjer

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