Accueil National «Pour une exploitation rationnelle»

Gaz de schiste : «Pour une exploitation rationnelle»

1615
- PUBLICITÉ -

L'exploitation du gaz de schiste, telle qu’annoncée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, depuis Arzew, doit se faire dans le cadre d’une stratégie globale, qui intègre le développement de l’exploitation des énergies renouvelables.

- PUBLICITÉ -

C’est l’option pour laquelle a plaidé Pr Chems-Eddine Chitour, président du Laboratoire de valorisation des hydrocarbures (LVH). Pour cet enseignant à l’école polytechnique d’Alger, «si l’Algérie possède -1% de réserves mondiales de pétrole et 2% en gaz naturel, le potentiel en gaz de schiste est, lui, estimé à 20 000 milliards de m3». Cette estimation, faite par le département américain de l’énergie, place ainsi l’Algérie à la troisième position mondiale après la Chine et l’Argentine. Mais pour le président du LVH, ce potentiel nécessite une réévaluation par les autorités algériennes qui devraient également l’exploiter d’une façon rationnelle. Bien que le professeur ne soit pas opposé au recours à cette énergie fossile par l’Algérie, il plaide pour «un model énergétique». «Si on veut aller vers son exploitation, cela doit se faire dans un cadre d’une stratégie globale, qui intègre le développement de l’exploitation des énergies renouvelables», a-t-il suggéré, hier, sur les ondes de la radio chaine III. Regrettant la résurgence de cette question au moment où l’on devait focaliser sur les énergies renouvelables, Chems-Eddine Chitour pense que «c’est un mauvais signal que de dire maintenant aux citoyens qu’on va revenir aux hydrocarbures, après avoir expliqué depuis des années qu’il faut des investissements hors-hydrocarbures».«Certes, il faut exploiter, rationaliser et augmenter les réserves d’hydrocarbures, mais il ne faut pas changer de logiciel», a-t-il plaidé. A force de ne parler que du développement et de l’exploitation des énergies fossiles, «on a étouffé toute velléité de développement des autres possibilités de production de l’énergie», regrettera-t-il. Si cette option fut abandonnée en 2015 pour des raisons «environnementales», son irruption dans le débat, relancé, sciemment, par le Premier ministre, remettra sur le tapis les mêmes craintes et appréhensions. Quoi qu’il soit largement exploité aux USA, notamment depuis 2011, le gaz de schiste n’est pas respectueux de l’environnement à plusieurs égards, ce qui a amené le spécialiste des hydrocarbures à préciser qu’«il n’y a pas pour le moment d’avancées technologiques majeures pour rendre le gaz de schiste respectueux de l’environnement». Dans son intervention, hier matin, sur la radio chaine III, le Pr Chitour cite l’exemple de l’Etat de l’Oklahoma, aux USA, qui exploite à grande échelle cette énergie fossile. «Cet Etat enregistrait 3 tremblements de terre par année, mais après s’être engagé dans l’exploitation du gaz de schiste, il enregistre 3 tremblements de terre par jour». Sauf que sur cette question, ainsi que sur la question environnementale, d’autres spécialistes avancent le fait que les USA exploitent ce gaz près des villes peuplées, contrairement à l’Algérie qui possède ses champs dans le désert, où la vie humaine est quasi-nulle. «La fracturation hydraulique utilisée dans l’exploitation du gaz de schiste fragilise le sol, sans parler des produits chimiques et des quantités phénoménales d’eau douce qu’il faut utiliser», a t-il argumenté. Sur ce point également, ceux qui encouragent le recours par l’Algérie à cette énergie soutiennent que la nappe de l’Albien est la plus riche au monde, puisqu’elle est estimée à 40 000 milliards de m3, soit plus de 70% de toute la nappe souterraine mondiale. Néanmoins, pour éviter, ou du moins, minimiser l’impact nocif sur la nappe, par l’utilisation des produits chimiques dans les opérations de fragmentations des roches pour libérer le gaz, d’aucuns plaident pour une meilleure maitrise des techniques d’exploitation. Par ailleurs, le Professeur Chitour a mis l’accent sur la nécessité de sortir de la dépendance totale aux compagnies internationales en matière d’exploitation des hydrocarbures. «Après plus de 55 ans d’activités dans le pétrole et le gaz, le moment est venu pour notre pays de réaliser son autosuffisance et cesser d’être totalement dépendant des compagnies internationales, en matière d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures», a-t-il dit. «L’apport des compagnies étrangères doit être un complément, et pour cela on doit relancer la formation dans le secteur», a-t-il préconisé.

Samira Saïdj et M.A.T

- PUBLICITÉ -