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BOUIRA Affichage anarchique, dépassements et manque de communication : Le bilan d’une campagne… ordinaire

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La campagne électorale s’est clôturée, avant-hier, à Bouira, à l’instar des autres wilayas du pays, avec un nombre importants de meetings et de sorties de proximité animés par les candidats des partis politiques en lice.

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À travers l’ensemble des communes de la wilaya, les candidats aux locales du 23 novembre se sont bousculés au niveau des places publiques et salles réservées à la campagne électorale, pour profiter des dernières heures avant la période du silence électoral. Dimanche dernier, c’était l’ensemble des candidats qui ont organisé des meetings électoraux. Durant toute la journée, les places publiques n’ont pas désempli, alors que dans la soirée, les meetings ont laissé place aux «cortèges» de voitures, qui se sont poursuivis jusqu’à des heures tardives de la nuit. Un baroud d’honneur avec pétarades et fumigènes en sillonnant des contrées «acquises» aux candidatures de certains prétendants aux mandats APC et APW. Une dernière «offensive» électorale, car les candidats ont essayé de rattraper le retard qu’ils ont accusé durant la période réglementaire de la campagne électorale, caractérisée par plusieurs dérèglements et un manque de mobilisation des citoyens, particulièrement durant les deux premières semaines.

Campagne sans informations, invectives et débordements

En effet, ce sont tous les citoyens de la wilaya qui ont remarqué ces dérèglements et une baisse nette des activités des candidats. Ces derniers ont pour leur majorité opté pour les sorties de proximité et beaucoup de meetings programmés ont été annulés. Par exemple et lors de la première semaine de la campagne électorale, près de 350 meetings programmés sur le territoire de la wilaya ont été annulés, selon les chiffres communiqués par la commission locale de surveillance des élections. Des déprogrammations accentuées par un manque flagrant de communication. La majorité des candidats n’ont malheureusement pas pris en considération cet aspect important de la campagne, et les journalistes de la presse locale ont eu, comme à chaque fois, toutes les difficultés du monde pour suivre les meetings de cette campagne, comme ça a été le cas pour le meeting du secrétaire générale du FLN, M. Djamel Ould Abbès, tenu le 1er novembre dernier au théâtre régional de Bouira. Pour rappel, ce meeting n’avait pas été programmé sur la fiche des plannings de la wilaya, et les journalistes n’ont même pas été informés par les responsables locaux du FLN et n’ont eu l’information que quelques minutes avant la tenue de ce rassemblement. Malgré ce manque de ferveur, cette campagne a été entachée aussi par certains fléaux négatifs, à l’image de l’affichage anarchique. En effet, les représentants des candidats se sont permis d’exposer les posters de leurs candidats presque partout, notamment sur les plaques de signalisation routière, les murs d’édifices publics à l’image des établissements scolaires et même sur les bâtiments d’habitation et certaines maisons. D’ailleurs, les panneaux d’affichage destinés à cet effet ont vite connu des débordements et des posters de candidats ont été arrachés et d’autres affichés sur des emplacements de leurs adversaires. Cette campagne a connu également un regain de dérapage verbal entre différents candidats concurrents. En effet, dans plusieurs communes de la wilaya, des candidats ont construit des discours et des interventions, se basant sur la provocation et une critique subjective. Ainsi, beaucoup de meetings ont été annulés par des partis politiques, par peur de «représailles» ou de dépassements, comme ça a été le cas pour un meeting du FLN dans la commune de Dirah, où le candidat de ce parti avait rendu publique une déclaration expliquant cette annulation par des «menaces à l’encontre de son parti». Ce dernier n’a tout de même pas défini la nature de ces menaces ni leurs origines. Des échauffourées ont été aussi enregistrées dans certaines communes de la wilaya, comme ça a été le cas jeudi dernier à Aïn-Bessem, entre des partisans du FLN et d’autres du RND, ou encore à Bouira-ville samedi dernier, quand des partisans de la liste du RND ont essayé de perturber un meeting des candidats du FLN. Dans d’autres régions de la wilaya, certains candidats ont eu du mal à mobiliser l’attention des électeurs et l’exemple d’Ath Mansour aura fait le «buzz». En effet, samedi dernier, dans la localité d’Ath Vouali relevant de cette commune, un meeting du FLN s’est vite transformé en une animation. En l’absence de public, ce sont des jeunes enfants qui ont profité de la sonorisation sur la place publique pour improviser un «gala» avec des chansons diffusées à pleine décibels. Une ambiance festive qui n’est pas passée inaperçue dans cette contrée.

Absence de programme, que des posters et des photos sur Facebook…

annulés et les affichages ont fait défaut sur les panneaux d’affichage, les réseaux sociaux ont été par contre submergés de photos et de posters de candidats, aussi des vidéos de cortèges et de meetings des candidats en lice. La plupart des candidats, notamment les maires sortants, ont profité des tribunes offertes pour défendre leur mandat, plutôt que d’expliquer les perspectives de développement de leur commune. Une défaillance qui n’aura pas échappé aux citoyens. D’ailleurs, pour cette année, les candidats ont innové en la matière, notamment en publiant des vidéos en directe sur Facebook. Selon certains responsables locaux, il s’agit d’une nouvelle approche de communication visant à toucher le plus grand public, les jeunes plus particulièrement. C’est d’ailleurs sur le net qu’étaient annoncés des «mégas» et «imposants» meetings. Mais sur les réseaux sociaux, et contrairement aux meetings publics où les citoyens n’avaient pas la possibilité d’interpeller les candidats sur leurs programmes, le débat était beaucoup plus poignant avec à la clé des révélations et des invectives assez sévères.

Quel impact ?

Si beaucoup de meetings ont été Pour la plupart des électeurs, il faut dire que leur choix s’est vite déterminé en fonction des affinités ou des liens familiaux ou régionaux avec des membres de leurs familles. Pour d’autres, les militants convaincus, c’est la formation politique qui sera adoptée contre vents et marées, même si au cours de cette campagne, certains se sont aperçus que leur parti était en panne d’adhérents. Il a été, ainsi, des meetings où les salles réservées ont été changées à la dernière minute, car les candidats du parti ont été pris de cours en voyant une poignée de militants venus assister à la prise de parole du SG de leur parti. Cela s’est passé au cours de la première semaine de campagne au niveau de la Maison de la culture, où la grande salle pouvant accueillir 800 places réservée pour les meetings a été délaissée au profit d’une petite salle de réunion. Pour beaucoup, une affluence populaire lors des meetings ne reflète pas systématiquement un engouement électoral ou une prise de position de la part des présents : «Lors des différents meetings auxquels j’ai assisté, j’ai remarqué que certaines personnes étaient des habituées. Ils venaient écouter le candidat, faisaient des commentaires entre eux et repartaient. Pour d’autres candidats, ils rameutaient toute leur tribu, amis, voisins pour remplir une salle. Mais au fond de moi-même, je ne suis pas plus avancé qu’au début de la campagne et j’irais voter pour un de mes collègues qui figure sur une des listes APW», confie Ali, un enseignant dans un lycée de Bouira. Il est certes trop tôt pour dire que cette campagne a convaincu, mais elle a renforcé le choix des électeurs qui avaient dès le départ un parti pris. Reste à savoir si les résultats confirmeront ou infirmeront l’idée que les jeux sont joués d’avance, avec deux grands gagnants habitués à se partager les APC et les APW. Une surprise pourrait, cependant, naître de ces joutes avec des partis politiques qui se sont fait discret jusque-là.

Oussama Khitouche et Hafidh Bessaoudi

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