Comment se soulager de la maladie de Parkinson

Partager

La stimulation cérébrale profonde (SCP), mise au point par le neurochirurgien et physicien Alim Louis Benabid, du centre hospitalier de Grenoble, en France, est mise en œuvre pour le traitement de la maladie de Parkinson.

Cette méthode clinique, découverte en 1987 par ce chercheur français, a fait l’objet, samedi dernier, d’une conférence intitulée «L’homme à réparer», au campus d’Aboudaou à la faculté de médecine de l’université de Béjaïa. D’emblée, le professeur Benabid, de renommée mondiale, a fait le point autour de cette technique invasive, permettant le placement d’une électrode dans le crâne et ayant pour objectif le traitement des complications graves du syndrome parkinsonien, notamment les troubles moteurs et les tremblements. Il est à rappeler que la maladie de Parkinson touche, aujourd’hui, entre 7 à 10 millions de personnes dans le monde. S’appuyant sur des explications théoriques et des images vidéo, le neurochirurgien explique que cette technique de SCP (Stimulation Cérébrale Profonde) a donné des résultats spectaculaires. En effet, il suffit qu’elle passe, d’abord, par une bonne indication et qu’elle soit réalisée au bon endroit pour qu’on puisse voir son efficacité ainsi que la disparition des troubles, permettant ainsi aux malades de retrouver une vie mobile. Devant un parterre de médecins, d’étudiants et de malades parkinsoniens, ce candidat au prix Nobel de la médecine a fait voyager le public, à travers sa sonde, jusqu’au fin fond de l’organe le plus miraculeux qu’est le cerveau, en atteignant la zone de «turbulence», appelée le thalamus, le point cible de la méthode SCP. C’est, en effet, une technique qui est devenue mondialement une alternative entre la thérapie médicamenteuse, douce mais limitée, et la thérapie chirurgicale controversée d’autrefois, une pratique plus ancienne mais sans résultat escompté. Le professeur Benabid explique que, lors de sa première tentative en 1987, il a placé son électrode dans le crâne d’un patient, en variant les fréquences électriques. En effet, il a augmenté la fréquence de 50 hertz à un peu plus de 100 hertz, pour stimuler le thalamus. Suite à cette haute fréquence, les tremblements du patient ont cessé. Ces troubles, qui rendent la vie difficile à cette frange de patients, font partie des complications graves de la maladie de Parkinson et de son évolution vers un stade avancé. «Ma méthode est bien divulguée dans le monde. Cependant, elle n’est pas applicable pour tous les cas de Parkinson. Heureusement qu’il y a le traitement médicamenteux, à base de dopamine, qui marche dans plusieurs cas, et c’est suffisant. Je dirais que 20% seulement sont concernés par cette méthode chirurgicale de stimulation électrique, surtout les plus compliqués et qui résistent au traitement classique et ancien», résume le professeur en terme d’indication de cette méthode qui date déjà de 30 ans. La conférence a trait à trois points. Outre cette technique de mise en place d’électrode pour arrêter les tremblements chez une catégorie de parkinsoniens, deux autres points principaux inhérents aux nouvelles méthodes consistent à utiliser la lumière infrarouge à l’intérieur du cerveau et la technique du système de la robotique médicale, pour faire marcher des tétraplégiques et autres types de paralysie. Des vidéos très explicatives ont été projetées, permettant aux assistants de voir les résultats de ces techniques sur les différents malades. C’est, en effet, une technologie médicale révélatrice permettant d’atteindre la zone cérébrale cible jusqu’à la robotique et aux limites du transhumanisme que le chercheur de Grenoble trouve normal, si c’est pour développer toutes les fonctions d’un individu en manque. Ce professeur a créé le centre CLINATEC à Grenoble, devenu l’épicentre des spécialistes de la physique médicale et de la neurochirurgie. La SCP reste, pour le moment, une technique qui soulage une grande partie des parkinsoniens. Il s’agit de la neuroscience qui s’applique au profit des malades et de la médecine du futur. L’Algérie n’est pas en reste, étant donné que cette démarche clinique de petite chirurgie neurologique est bel et bien pratiquée par de nombreux neurochirurgiens du pays. Pr. Tliba, doyen de la faculté de médecine et chef de service neurologique du CHU de Béjaïa, explique pendant son intervention que «la technique de SCP est pratiquée en Algérie, mais à un rythme faible, ce qui entraine, par conséquent, une grande liste d’attente de malades dans l’expectative.» Ce même professeur souhaite que «le travail sur cadavre, dans la recherche médicale, soit réhabilité dans le pays, et que beaucoup de conférences soient initiées par la tutelle.» Un autre invité à cette conférence, l’ex-ministre de la Santé, en l’occurrence Pr. Aberkane, et chef de service du département d’anesthésie et réanimation du CHU de Constantine, a mis le point sur le côté éthique qu’il ne faut pas négliger, afin de développer cette nouvelle technologie médicale. Il est à rappeler que cette technique a des origines algériennes, étant donné que le professeur Alim Louis Benabid est le fils du docteur Ahmed Benabid de Bordj Zemoura, dans la wilaya de Bordj Bou-Arreridj, qui était lui aussi médecin au sein de l’ALN et membre du GPRA. Pr. Alim Louis Benabid a eu droit aux honneurs de l’université de Béjaïa. En effet, le recteur, Pr. Saïdani, lui a remis un burnous, un geste de reconnaissance au précurseur de cette technique soulageant la maladie de Parkinson.

N. Touati

Partager