Accueil National «Finaliser le transfert de la gestion de l’eau des APC à l’ADE»

M. RAMDANE HAOUCHÈNE, directeur de l’ADE de Bouira : «Finaliser le transfert de la gestion de l’eau des APC à l’ADE»

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M. Ramdane Haouchène, directeur de l’Algérienne Des Eaux de Bouira, explique dans cet entretien que l’ADE a mis en œuvre un important programme pour résoudre définitivement le problème des pénuries d’eau potable auquel font face, chaque année et ce depuis des décennies, les populations de haute montagne.

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La Dépêche de Kabylie : Lainsser Averkane a, depuis toujours, été très mal exploitée. Avec l’ADE, pourrait-on espérer une meilleure rationalisation de cette ressource ?

Ramdane Haouchène : Assurément, le débit de la source Lainsser Averkane est très important en cette période hivernale et le wali a décidé de confier la gestion de cette source à l’ADE, une initiative que nous saluons. Actuellement, l’ADE est sur le terrain pour gérer équitablement la ressource hydrique. Qui dit gérer équitablement dit éviter les déperditions et assurer une distribution pour tous les villages et communes alimentés par la source. Nous essayerons de faire le maximum avant l’été et nous nous attelons à préparer la période estivale dès maintenant. La Direction des ressource en eau a demandé un diagnostique complet au Contrôle technique hydraulique (CTH), de la source jusqu’à l’utilisateur, pour apporter des améliorations du captage et des conduites. Certains tronçons et des vannes sont à remplacer et nous sommes à pied d’œuvre pour les refaire, pour préparer l’arrivée de l’été. Nous avons, également, recensé tous les villages en amont de cette source dans la région de Saharidj. Des localités qui sont alimentées à partir de la conduite principale et dont nous devons rationnaliser la ressource. Nous ne sommes pas contre le fait de fournir de l’eau à des foyers mais la plupart des habitants de cette contrée, de par le fait qu’ils ne paient pas l’eau, ne disposent même pas de robinets chez-eux. L’eau se déverse et se répand dans la nature alors que de notre côté, nous tentons d’assurer l’équité dans la répartition de ce précieux liquide.

Avez-vous entamé des travaux de réfection sur les différents réseaux AEP ?

Nous sommes à pied d’œuvre pour attribuer à chaque village son quota, en réalisant une conduite vers un nouveau réservoir qui est en train d’être construit au niveau de Saharidj. Ce nouveau réservoir de 1 000 m3 va énormément nous faciliter la gestion. Actuellement, toutes les localités sont alimentées à partir de la conduite principale mais dorénavant, ces villages seront raccordés à ce réservoir avec une conduite disposant d’une vanne. Nous pourrons, ainsi, maîtriser le volume alloué pour chaque village et chaque commune. Toute l’eau sera, ainsi, stockée au niveau du réservoir et la distribution sera effectuée de manière équitable. Pour la saison hivernale, le problème ne se pose pas étant donné que l’important débit de la source suffit à couvrir les besoins de toute la région de la daïra de M’Chedallah, y compris Raffour. D’ailleurs, nous sommes actuellement en train de faire des essais pour la commune de Chorfa, afin de la raccorder vers Lainsser Averkane. C’est important pour nous de maîtriser cette eau qui est gravitaire et donc, on ne dépense pas d’énergie pour l’acheminer dans les foyers. Des couts onéreux comme pour les eaux du barrage de Tilesdit, où les transferts se font principalement par pompage et refoulement, en plus du traitement de l’eau. Pour l’eau de source, ce n’est pas le cas, il suffit juste de faire des appoints de javellisation et de contrôler la qualité. Ainsi, pratiquement sur les douze mois de l’année, nous aurons pendant neuf mois une eau à un coût moindre pour toutes ces communes.

Les deux communes seront donc desservies exclusivement à partir de Lainsser Averkane ?

Oui, mais avec des apports d’appoints, comme pour la période estivale, nous serons obligés d’élaborer un programme de distribution parce que, comme l’été dernier, à cause de la faible pluviométrie des années précédentes, le débit de cette source a vraiment diminué. Lorsque le débit est en baisse, nous sommes contraints de faire un plan de distribution qui est salutaire, surtout à partir du réservoir de 1 000 m3 car nous pourrons ainsi parfaitement maîtriser la distribution avec les conduites desservant ce réservoir. Chose que nous ne pouvons pas faire aujourd’hui, car la totalité des foyers sont raccordés à la conduite principale, sans vannes ni autres équipements. Nous devons assurer, de manière pérenne et rationnelle, l’alimentation en eau potable.

La pose des compteurs est alors imminente ?

Effectivement, nous allons reprendre la gestion au détail en dotant tous les foyers de compteurs. Ainsi, le consommateur sera incité à faire des économies et payer son eau. Lorsque le consommateur fait des économies, c’est un gain pour l’ADE, car cette eau pourra servir à alimenter d’autres villages. Voici en gros notre programme et notre plan d’action que nous allons mettre en œuvre pour assurer un été sans pénurie d’eau potable pour la région Est de la wilaya de Bouira et plus précisément, les deux communes de haute montage de Saharidj et d’Aghbalou. D’ailleurs, la commune d’Aghbalou sera raccordée incessamment à travers la station de Bouaklane, à partir de Lainsser Averkane. Dernièrement, nous avons tenu une réunion avec les sages du comité de village de Selloum et les travaux décidés par le wali sont d’ores et déjà entamés par la Direction des ressources en eau, et le réservoir de Selloum est en cours de réalisation. Une fois ces ouvrages réalisés, nous effectuerons le piquage d’Aghbalou à partir de la source. Étant donné que le village voisin de Tiksiridène, dans la commune de Chorfa, est raccordé au barrage de Tilesdit, le quota de ce village renforcera celui d’Aghbalou. L’ADE prendra, également, en charge la réhabilitation de la chaine des six stations de pompage existantes et il y aura un forage en plus qui sera réalisé. De même pour les raccordements entre les forages vers la SPE, une conduite très ancienne en amiante qui doit impérativement être réhabilitée. Cela va permettre de préparer sereinement le transfert de la gestion vers l’ADE. Une fois toutes ces stations réhabilitées, nous installerons notre personnel qualifié pour la maintenance, car le plus important c’est la maintenance du réseau et des équipements. Nous avons par le passé réhabilité ces stations, mais l’APC n’a pas pu faire la maintenance, et des pannes répétitives surgissent régulièrement. Notre objectif à l’ADE est de réhabiliter ces stations et de mettre notre personnel sur place pour la maintenance préventive et pour la maintenance curative, pour qu’on puisse assurer la distribution de l’eau jusqu’à la SP3 à partir des forages et jusqu’à la SP4, pour que le village de Beni Hamdoune soit raccordé à partir de la nouvelle station. Nous aurons, ainsi, le captage des sources d’Aghbalou, la source de Lainsser Averkane plus les forages. Cela permettra d’assurer un été sans pénurie d’eau potable avec une eau de qualité, mais nous devons impérativement réaliser ces travaux ces mois-ci pour être au rendez-vous dès le mois de mai ou juin prochain.

Donc, maintenant il faut convaincre vos futurs abonnés de s’acquitter des factures d’eau…

L’ADE toute seule ne peut pas faire grand chose si les comités de villages, les sages, le mouvement associatif et surtout les nouveaux présidents d’APC ne s’associent pas à notre programme. Il faut que les citoyens soient sensibilisés sur la nécessité de s’acquitter de l’eau qu’ils consomment. Je vous assure que Monsieur le wali, ainsi que la Direction des ressources en eau ont mis les moyens nécessaires pour soulager les citoyens des affres de la soif. Sur le territoire de la wilaya, nous comptons 45 communes, dont 43 sont gérées par l’ADE. Il reste les communes de Saharidj et Aghbalou et avec tous les travaux que nous allons faire et avec le travail de sensibilisation qui sera mené, nous arriverons à les inclure dans notre programme. Nous installerons progressivement les compteurs individuels et c’est la seule solution pour entamer, dans de bonnes conditions, le transfert de la gestion des eaux par les communes vers l’ADE.

Hafidh Bessaoudi

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