Accueil National «45 000 cas de cancers annuellement en Algérie»

Pr Zitouni, coordinateur du plan national anti-cancer

«45 000 cas de cancers annuellement en Algérie»

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En marge du séminaire sur l’intérêt du dépistage dans la lutte anti -cancer, organisé hier au niveau du CHU de Tizi-Ouzou, le professeur Zitouni, coordinateur du plan national anti-cancer, s’est exprimé sur les questions relatives à la lutte contre le cancer et au dépistage en Algérie. Il a par ailleurs fait l’évaluation du plan national anti-cancer après trois ans de son lancement.

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La Dépêche de Kabylie : Après trois ans du lancement du plan anti-cancer, quelle évaluation faites-vous de ce travail ?

Pr Zitouni : Du point de vue évaluation, il faut dire qu’actuellement le processus enclenché par le président de la République en exigeant et en ordonnant un plan anti cancer est en bonne voie. D’abord, il s’agit de cet engagement politique au plus haut niveau, ensuite au niveau de son application grâce à l’engagement du premier intéressé, le ministère de la Santé qui consent beaucoup d’efforts sur le terrain pour son application. Maintenant, parmi les axes stratégiques du plan, il y a le dépistage, notamment du cancer le plus fréquent qui est celui du sein chez la femme. Actuellement, il y a beaucoup d’efforts qui sont faits pour améliorer le dépistage de ce cancer. S’agissant de leur mise en œuvre sur le terrain, le comité spécialisé qui s’en occupe a désigné cinq zones pilotes de préfiguration, à savoir Tlemcen, Laghouat, Alger, Constantine et Jijel, où sera bientôt lancé un dépistage de type national. Parmi les pays en voie de développement, il n’y a que l’Algérie qui a commencé un tel travail avec des centres, qui sont en nombre de cinq, où officient des radiologues formés. Au bout d’une année, ils vont nous communiquer les statistiques des dépistages.

Hormis le dépistage, quels sont les autres axes stratégiques de ce plan ?

Concernant les autres axes stratégiques, il y a des avancées à mettre en avant, la première au niveau de l’enseignement. Le dépistage n’est pas seulement l propre des médecins spécialistes, les généralistes aussi pourront faire dans la détection précoce de certains cancers. Dans ce cadre là le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, dans le cas de l’intersectorialité, va entreprendre, en 2019, un plan de réformation de l’enseignement dont la cancérologie. C’est un élément très important pour la formation des médecins généralistes. Le troisième élément est celui de la prévention primaire. Le cancer est causé par deux éléments importants, l’environnement général, c’est-à-dire les substances toxiques que nous respirons comme le diésel. Et les comportements nocifs, à leur tête le tabagisme qui cause pratiquement 90% des cancers du poumon, et 30% des autres cancers. Il y a des campagnes qui sont en train d’être lancées en collaboration avec le ministère de l’Education nationale pour sensibiliser les enfants contre les méfaits de ce fléaux, et ce, à partir de la 5e année primaire. Les pays qui ont de l’expérience dans ce domaine disent qu’il existe des moyens pour diminuer les effets nocifs du tabac, notamment le cancer et d’autres maladies, c’est le prix qu’il faut augmenter de manière substantielle pour les adultes. Malheureusement, il y a des enfants de 12 ans qui fument, ceux là il n’y a pas de doute qu’à 60 ans, ils vont contracter un cancer ou une maladie cardiaque, donc il faut les sensibiliser dès le jeune âge.

Quels sont les moyens déployés par l’état dans le cadre de cette lutte et du dépistage ?

On a consacré globalement 200 milliards de dinars, 180 milliards ont été dévolus à la lutte anti cancer. Le gouvernement a ajouté un fonds national pour le cancer qui était au départ de 24 milliards, qu’on n’a pas pu débloquer à cause des contraintes bureaucratiques. On l’a réévalué à 30 milliards qu’on a pu débloquer il y a quelques semaines. Le dépistage du cancer du sein et du colon est gratuit dans le secteur public. Par contre, ce que faisait problème, c’est l’acquisition d’un certain nombre de produits pour détecter certains cancers, notamment colorectaux et certains obstacles qui freinaient le dépistage d’autres cancers mais on vient de les lever. Dans les semaines qui viennent, beaucoup de centres après Annaba, Béjaïa et Batna vont démarrer des campagnes de dépistage de cancers colorectaux en Algérie.

Propos recueillis par Kamela Haddoum.

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