«Il faut exploiter les atouts de l’Algérie»

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Abordé en marge de la rencontre avec les artisans, M. Nasri Ali Bey, président de l’association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL), fait le bilan de l’activité et évoque dans cet entretien les stratégies à adopter pour décoller avec l’exportation.

La Dépêche de Kabylie : Peut-on avoir un aperçu sur la situation des exportations ?

Nasri Ali Bey : En 2017, nous avons réalisé une exportation globale de 1 milliard 900 millions de dollars. Il y a eu une amélioration de 5 % par rapport à 2016. Ce qui est très important à souligner c’est que pour la première fois, on exporte dans les produits manufacturiers. On a exporté, par exemple, dans l’électroménager à près de 35 millions de dollars… On enregistre une progression dans l’exportation des produits industriels, ce qui est très important. L’année 2017 a été, faut-il le souligner, clôturée avec un déficit de 11 milliards de dollars. On est encore très loin pour équilibrer notre balance. Il y a aussi la balance des services où on est déficitaires à hauteur de 8 milliards. À présent, il y a une prise en charge sur le terrain des exportations. Avant, il y avait certes de la communication, mais pas d’action. Le pouvoir politique, tout au long de l’année 2017, a parlé de l’exportation et cela est intéressant. Actuellement, nous sommes en train d’élaborer une stratégie nationale sur les exportations qui n’existait pas auparavant, ce qui veut dire qu’on veut aller de l’avant. On ne peut pas décoller maintenant, mais d’ici 5 ans l’Algérie sera un pays exportateur.

Quel est l’impact des mesures prisespar le gouvernement sur les exportations, bien que ce soit récent ?

Actuellement et en l’absence d’une stratégie, pour les produits agricoles à titre d’exemple, l’Algérie a les capacités d’être un pays exportateur, mais il faut qu’elle s’organise en amont et qu’elle planifie quels sont les marchés demandeurs ? Quels sont les produits qui nous apportent de la valeur ajouté ?… Il ne s’agit pas seulement d’exporter des tomates comme les Marocains, mais d’aller sur des produits qui ont de la valeur ajoutée. Il faut exploiter les atouts de l’Algérie (le sud, la précocité et l’arrière saison…). On a en face de nous une Europe sous le gel pendant six mois qui importe 60 milliards de dollars d’exportations. Nous exportons globalement avec les dattes 50 millions, alors que le voisin de l’ouest exporte 2 milliards et celui de l’Est un milliard. Il faut savoir ce que nous devons faire et pour quel marché. Il y a des mesures prises, des facilitations.

L’Algérie ne doit-elle pas aller vers une économie de marché de libre échange ?

Pour l’OMC, ce n’est pas possible actuellement car, on ne l’a pas été quand on était en bonne santé économique. On est en situation fragile et on a juste besoin de se protéger. Les mesures prises ne satisferont pas l’OMC. Nous traversons une phase difficile. Des mesures sont prises pour alléger le déficit et surtout pour nous préparer pour que l’Algérie soit exportatrice comme les autres pays, et réaliser 80 % des exportations. C’est l’objectif. On doit poser le diagnostic, que peut-on exporter ? Les produits agricoles, comme je l’ai dit. On peut faire une industrie bio, on peut exporter.

Quels sont les produits exportés et les marchés ciblés ?

Le marché européen. En France, par exemple, il y a une communauté de plus de 5 millions d’Algériens qui vaudraient bien manger le produit algérien, mais ils ne le trouvent pas. Il faut étudier le produit, le marché et comment arriver sur ce dernier et avec quels produits.

Propos recueillis par K. H.

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