Tikjda, la magie d’un site

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À plus de 1 400 mètres d’altitude, la station climatique de Tikjda est située en plein cœur du massif montagneux et de la réserve naturelle du Djurdjura.

Elle offre des commodités naturelles, apaisantes et adoucissantes à tous ceux qui la visitent en été ou en hiver. Ce site naturel protégé qui relève administrativement de la commune d’El-Esnam, à l’est de la wilaya de Bouira, se trouve à mi-chemin entre les wilayas de Bouira et de Tizi-Ouzou. Durant cette période de l’année, des milliers de touristes viennent visiter ce site majestueux et féérique à la recherche d’un bol d’air frais et de moments de détentes, loin des centres urbains, du stress et des tracasseries de la vie quotidienne. D’autres visiteurs, notamment ceux qui se déplacent en famille profitent de la neige en abondance, ou pour parcourir et découvrir des pistes de randonnées en pleines forêts de cèdre et de pin noir, deux espèces rares et protégées en Algérie, qui peuplent les forêts luxuriantes de Tikjda. Aussi, elles abritent de nombreuses espèces animales, dont certaines sont menacées d’extinction. À l’image du singe magot-berbère, de la mangouste, l’aigle royal, de la genette et du serval, qui vivent en parfaite harmonie, mais surtout sous la bien-vaillante protection des gardes forestiers du parc national du Djurdjura (PND). Pour rappel, le parc national du Djurdjura, au même titre que le site touristique de Tikjda, sont une réserve nationale et mondiale de biosphère reconnue par l’UNESCO, depuis 1997. Pas moins de 389 espèces animales et plus de 450 espèces végétales ont été répertoriées et protégées par les dispositions de la loi de 1983. Ayant été boudé et abandonné pendant les années noires du terrorisme, la station climatique de Tikjda, unique en son genre en Algérie, a enfin repris sa place « légitime » dans la catégorie des sites touristiques par excellence en Algérie, du fait de l’intérêt de plus en plus important que manifestent à son endroits les visiteurs à la recherche du grand air. Il suffit d’une virée sur les lieux pour constater cette importante affluence de touristes qui viennent de toutes les wilayas du pays et même de l’étranger visiter et découvrir la beauté de ce lieu.

Sur la route de la station climatique…

Deux principales routes de montagnes permettent d’accéder à la station climatique de Tikjda. La première part de la commune des Ath Ouacifs dans la wilaya de Tizi-Ouzou, traversant celle d’Iboudraren, puis Tizi N’Kouilal, un col du Djurdjura, qui atteint 1800 mètres d’altituden, et ensuite celui de la Main des juifs ou « Thalettat » en Kabyle, avant d’arriver sur les pelouses du site d’Aswel (1700 m) où un stade olympique que ceinture une piste d’athlétisme professionnel a été inauguré en 2007 par le Comité olympique algérien, mais qui a malheureusement été abandonné depuis. Un panorama enchanteur et magique fait de pics, de ravins et de petites cuvettes s’offrent aux usagers de cette route qui demeure malheureusement bloquée par le cumule des neiges pendant toute la saison d’hiver. Les déneigeuses du secteur des travaux publics évitent d’intervenir pour sa réouverture, et ce, en raison d’importants risques d’avalanches. Cette voie n’est généralement rouverte que vers la fin du mois de mars de chaque année. Emprunter cette route durant la période de l’hiver, même ouverte est, en tous les cas, fortement déconseillé. Même avec des paysages naturels d’une extrême beauté, cette route sinueuse reste très dangereuse pour les automobilistes. La deuxième voie pour accéder au site de Tikjda, celle que la majorité des touristes empruntent, est la RN33 en partant de Bouira et en passant par la ville de Haizer, ou même via la RN5 et l’autoroute Est-Ouest à partir du carrefour de la Crête-Rouge. Cette route nationale, qui a bénéficié récemment d’une importante opération de modernisation, notamment via la réalisation d’un dédoublement de plus de 15 km entre Haizer et Bouira, de l’élargissement de ses accotements et de la pose d’une couche de béton bitumineux (BB) sur la partie restante de 25 km, reste le chemin le plus sûr et les plus confortable pour les automobilistes qui désirent visiter Tikjda. C’est justement cette dernière que nous avons emprunté la semaine dernière en partant de Bouira. La première et dernière agglomération sur notre chemin est la ville de Haizer. Puis, ce fut la route sinueuse et abrupte qui nous mènera à destination sur une longueur de 25 km, où on aura tout le loisir d’admirer un paysage envoûtant de beauté et de verdure. Une fois sur place, c’est encore plus fascinant car le touriste aura l’impression d’avoir en face de lui une carte postale grandeur nature. À l’est, le pic des singes surplombe le Chalet vert (un ancien restaurant gastronomique réalisé durant les années 70, fermé durant la décennie noire et qui sera prochainement réaménagé en salle de préparation physique pour les sportifs). À côté, c’est le col de Tikjda, à 1471 mètres d’altitude. À gauche, c’est la RN33-Bis qui mène jusqu’à Tighzert, un autre lieu paradisiaque, protégé naturellement et caché par les gorges des montagnes et la verdure. Ce site regorge d’une rivière où l’eau douce et limpide coule 24h/24h et durant tous les mois de l’année. C’est à Tighzert ou ruisseau, en Kabyle, que se trouve aussi l’auberge chalet du « Kef ». Réalisé durant la période du colonialisme français, il est devenu juste après l’Indépendance le siège de la fédération de ski de Bouira, malheureusement il a été saccagé par les hordes terroristes en 2000. Ce n’est qu’en 2007 qu’il a été relooké et rouvert au grand public. Il a été transformé en un véritable bijou en pleine montagne et forêt de cèdres, caractérisé par son architecture et décor à la fois européen et kabyle. Il dispose actuellement d’une capacité de 60 lits, d’un restaurant de plus de 80 couverts, d’une cafétéria de 40 places et même d’une mini-piscine. Le chalet du Kef reste aussi une destination prisée par les amateurs des randonnées, de ski, de l’escalade ou de parapente. Il relève du centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT). Au-dessus du chalet du Kef, c’est le site de Tignatin d’où l’on peut admirer l’ensemble du site de la station touristique ainsi que la vallée qui s’étend dans la plaine.

Comme en pèlerinage, on y vient de partout !

Comme à chaque année, les fortes chutes de neige sur Tikjda participent à l’engouement des visiteurs pour la montagne. Cette forte présence n’est aussi due qu’au rétablissement de la sécurité. La semaine dernière, et comme à chaque journée de fin de semaine, ils étaient venus de partout. Les immatriculations des véhicules nous ont permis d’identifier la provenance. De Boumerdès, Béjaïa, Tizi-Ouzou, Alger, Bordj Bou-Arreridj, Sétif, et même de l’étranger, de France et d’Espagne notamment. Des embouteillages se sont aussi formés en raison du grand nombre de véhicules et de bus stationnés des deux côtés de la route. Des familles sont venues admirer le décor dominé par le blanc du manteau neigeux. Nous avons approché un groupe d’étudiants venu de Béjaïa. Ils nous ont affirmés que c’est devenu presque une tradition, pour les étudiants de leur université, d’organiser des excursions vers Tikjda. «Même si c’est un peu loin, mais Tikjda demeure la destination idéale, et tous les étudiants veulent venir pour oublier la pression des études et découvrir ce site. C’est magique tout simplement ! Alors, on profite de ce paradis sur terre», dira Yanis, un étudiant venu de Béjaïa. Aussi, les familles et les enfants plus particulièrement, se sont laissé envouter par la poudreuse fraîche. En raison de cette forte affluence, des jeunes de la région ont même installé de petits commerces proposant différents services aux visiteurs. Restauration rapide, boissons chaudes, huile d’olive, miel et autres produits de montagne. Malgré sa grande utilité pour les visiteurs, ce genre d’activité relève de l’informel. Une organisation ainsi qu’un encadrement plus strict de ces petits commerces, particulièrement en matière d’hygiène, demeure obligatoire.

Passer la nuit en pleine montagne…

Tikjda demeure l’unique station climatique et touristique du pays. Ce poumon vert de Kabylie devenu un lieu privilégié de villégiature, de tourisme de montagne et de pratique des sports de montagne, dispose en effet de quatre unités hôtelières dont la capacité d’accueil dépasse de peu les 600 lits. Ces infrastructures touristiques, qui sont le centre des sports, l’auberge des jeunes, l’hôtel Djurdjura et le chalet du Kef, sont gérés par le CNSLT qui relève du ministère de la Jeunesse et des sports. S’agissant d’autres équipements, le CNSLT dispose de trois restaurants, quatre cafétérias, de deux piscines, deux salons de 90 places, ainsi que quatre terrasses de plus de 250 places, et enfin d’une aire de jeux pour les enfants. Quant aux équipements sportifs, ils sont nombreux et diversifiés, on compte 2 salles de musculation, 2 terrains combinés avec gazon synthétique, un sauna, une salle de soins, des vélos tout terrain, des raquettes pour les randonnées sur neige et des skis à louer. La réussite que connait le site de Tikjda a encouragé la direction générale du CNSLT à investir et réaliser de nouveaux équipements pour mieux répondre à la forte demande des touristes et des différents clubs sportifs qui viennent effectuer leurs stages, comme le projet actuellement en cours pour la réalisation d’un stade aux normes de la FIFA, doté de pistes d’athlétisme normalisées et d’une salle annexe de 900 m². En plus d’une nouvelle unité hôtelière de 160 lits qui sera incessamment mise en service et qui viendra renforcer les capacités d’accueil du site. En matière d’animations, le CNSLT propose également des soirées diversifiées, des activités culturelles et des expositions de produits artisanaux locaux. Mais aussi, et au grand bonheur des amateurs de la nature, des randonnées pédestres organisées vers divers sites en plein cœur du Djurdjura, notamment vers le lac Agoulmime. Aussi, l’organisation du traditionnel concours de beauté de Miss-Tikjda qui se tient chaque année au début du mois de mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Pour M. Belkacemi Mohand-Ameziane, chargé de communication du CNSLT, le centre connait une affluence record cette année. «Nous affichons complet jusqu’au mois de mars, même durant les jours de semaine nos hôtels affichent complets», affirme M. Belkacemi, qui ajoute que l’activité de randonnées sur neige connait un engouement particulier. «Après l’acquisition de raquettes spéciales, nous avons pu lancer cette année les randonnées sur neige. C’est une première et les touristes affectionnent particulièrement les sorties que nous organisons».

Oussama Khitouche

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