La vaccination des cheptels ovin et bovin lancée

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Une campagne de vaccination des cheptels ovin et bovin de la wilaya de Bouira a été lancée il y a dix jours. C’est ce qu’affirment les services vétérinaires de la DSA, qui se montrent optimistes quant à la réussite de cette couverture sanitaire.

«La campagne de vaccination du cheptel ovin contre la clavelée et les bovins contre la fièvre aphteuse bat son plein, et une campagne antirabique sera lancée dès l’arrivée du quota des vaccins réservés à la wilaya de Bouira», apprend-on auprès de la DSA. Le cheptel de la wilaya de Bouira est estimé à quelque 250 000 têtes d’ovins et 45 000 têtes de bovins. Le premier quota de 140 000 doses alloué à la wilaya de Bouira a été réceptionné par les services de la DSA, qui ont immédiatement réquisitionné les vétérinaires privés pour inoculer ces vaccins aux quatre coins de la wilaya. «Nous avons reçu du ministère un premier quota de 140 000 doses anti-claveleux qui ont été distribuées aux vétérinaires privés mandatés pour presque toutes les régions de la wilaya, surtout pour les régions du sud pour faire une ceinture de protection, car les foyers de cette maladie se déclarent généralement au sud de la wilaya, du côté de M’sila. La couverture se fera à travers les 45 communes de la wilaya avec toutefois un dispositif spécial pour le sud, région coutumière avec les transhumances qui s’y effectuent fréquemment », indique-t-on. Cependant, la quantité de vaccins pourrait s’avérer insuffisante au vu de l’attribution des 140 000 doses assurées par la tutelle, avec un cheptel estimé à 250 000 têtes d’ovins. Il s’agit là d’un premier quota sur les 200 000 doses prévues pour la wilaya de Bouira. On affirme, par ailleurs, qu’un quota de 20 000 doses est disponible dans le stock des services vétérinaires mais l’écart demeure à combler pour réussir une vaccination totale du cheptel de la wilaya. Les services de la DSA affirment que la réticence existe toujours auprès des éleveurs qui rechignent à faire vacciner leurs bêtes. Il s’agit là d’une appréhension infondée, selon le service vétérinaire de la DSA : «Nous tenons à les rassurer et à sensibiliser sur la nécessité de ce vaccin acheté par l’État et qui répond aux normes sanitaires. La dernière fois, une rumeur faisait état de la mauvaise qualité du vaccin, chose qui était bien sûr fausse, mais les éleveurs n’ont pas voulu vacciner leurs cheptels. Cette réticence n’avait pas lieu d’être car nous garantissons que nos vaccins sont sains et que les bêtes doivent être vaccinées car il s’agit d’une opération d’intérêt général organisée par l’État, gratuite de surcroit. Donc, il ne faut pas s’en priver lorsqu’on prend connaissance des retombées négatives économiques qui frappent les éleveurs», déclare une vétérinaire de la DSA. Selon notre interlocutrice, il faut que les éleveurs se rapprochent des subdivisions agricoles dans les daïras, où des opérations d’affichage et de sensibilisation sont menées et les vétérinaires privés mandatés se font également le relai de cette vaste campagne. Ce sont là des maladies contagieuses pour lesquelles il est préférable de protéger le cheptel dans l’intérêt des éleveurs, car lorsque la fièvre aphteuse ou la clavelée font leurs apparitions, les pertes économiques sont inévitables. On se rappelle des différents foyers de ces maladies qui se sont déclarés l’année dernière en ruinant littéralement plusieurs éleveurs à El Esnam, Bordj Okhriss et El Hachimia, entre autres. La couverture de la campagne de vaccination de 2017 avait été jugée insuffisante, d’une part à cause du faible quota de 100 000 doses attribué à la wilaya de Bouira et, d’autre part, à cause du faible engouement des éleveurs pour adhérer à cette campagne, d’où l’apparition de plusieurs foyers de ces maladies. D’ailleurs, déjà rien que pour cette année 2018, deux cas ont été enregistrés, apprend-on auprès des services de la DSA. L’absence de la couverture homogène du cheptel laissait présager l’apparition de ces foyers.

Le cheptel bovin en régression

Le nombre du cheptel bovin répertorié est de l’ordre de 45 000, une réduction par rapport aux précédentes années qui est due à plusieurs facteurs d’ordre économique, notamment. Des éleveurs de vaches laitières ont décidé de se recycler dans l’élevage d’ovins, créneau plus lucratif, selon eux. L’argument le plus avancé par les éleveurs est la cherté des aliments, du fourrage et de la faible pluviométrie de ces dernières années, avec des pâturages de moins en moins luxuriants. De même, l’apparition des maladies, telle la fièvre aphteuse, en a mis plus d’un sur la paille, sans mauvais jeu de mot. Des éleveurs qui manquent également d’informations ont refusé de faire vacciner leurs cheptels, car il s’agit d’un protocole un peu particulier. «Il y a la répétition de vaccination dans un laps de temps assez court et les éleveurs jugent que cela nuit à la santé des bêtes. Il s’agit de rappel pour la protection et l’efficience de l’immunité, mais les éleveurs ne comprennent pas cela. Il faut savoir que l’immunité à une certaine durée de validité. À partir de six mois, cette immunité décroit et il faut faire un rappel pour éviter tout risque. En revaccinant les bêtes, les éleveurs se disent que les premiers vaccins n’étaient pas efficaces. Il y a également deux sérotypes pour lesquels il y a eu des vaccinations en l’espace d’un mois, deux souches différentes pour lesquelles il fallait les vacciner car il y avait la circulation des deux virus. Cette situation a contribué à faire circuler la rumeur auprès des éleveurs qui ont décidé de refuser de faire vacciner leurs bêtes», estime la vétérinaire de la DSA. Cependant, pour cette année, il est fort probable que les services vétérinaires de la DSA soient en face d’une forte demande après les apparitions des nombreux foyers de l’année dernière, ainsi que ceux de l’année en cours. «La campagne vient d’être lancée, l’idée générale est de sensibiliser les éleveurs en les incitant à faire vacciner leurs cheptels. Ce sont là des maladies contagieuses et il y a des répercussions néfastes auprès des éleveurs mais également sur l’économie nationale avec des pertes sèches. Le vaccin est gratuit de même que les frais du vétérinaire privé mandaté et donc, l’État assure la gratuité de ces campagnes», détaille la vétérinaire. Pour l’instant, on apprend que seulement 38 vétérinaires privés ont été mandatés pour couvrir le territoire de la wilaya de Bouira, mais la liste définitive n’est pas encore arrêtée par les services de la DSA. Ces derniers misent sur une cinquantaine de vétérinaires qui devraient pouvoir bientôt mener cette campagne de vaccination. Des vétérinaires privés que l’État réquisitionne et rémunère pour cette tâche. Notons, enfin, que les services de la DSA sollicitent et souhaitent la contribution des APC pour emmener les vétérinaires sur les sites où se regroupent le cheptel à vacciner, en attribuant des moyens de locomotion.

Hafidh Bessaoudi

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