Le relogement des habitants des chalets pas encore réglé !

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Il y a quinze ans, jour pour jour, un séisme d’une magnitude de 5,8 avait frappé la wilaya de Boumerdès. Ce fut un certain 21 mai 2003. La force du sinistre était suffisante pour raser des bâtiments, des maisons et faire des milliers de morts.

Plus de 2 000 morts et des milliers d’autres blessés ainsi que près de 15 000 sinistrés ont été enregistrés. Les moyens déployés pour répondre à ce cataclysme et gérer l’après catastrophe ont permis de reloger, dans des chalets, les sinistrés. En effet, près de 98 sites de chalets avaient été implantés à travers la quasi-totalité des communes de la région. Un total de plus de 15 000 chalets avait été alors implanté pour reloger les familles sinistrées avant l’arrivée de l’hiver. Le défi de leur relogement a été relevé avec succès. En 2007, après avoir relogé la quasi-totalité des sinistrés, les chalets ont été offerts à des familles dans le cadre social, et ce, afin d’apaiser, un tant soit peu, la colère et amortir momentanément la crise du logement qui frappait alors la région. En 2011, l’ex-wali de Boumerdès, Brahim Merad, avait instruit les services concernés de mener une enquête sociale au niveau de tous les sites de chalets. Les résultats de ladite enquête étaient accablants. La validité de vie des chalets était déjà expirée. Ces cabanons étaient devenus, au fil du temps, inhabitables et causaient d’énormes problèmes de santé aux résidents, à l’exemple des enfants qui souffraient de maladies respiratoires. Outre cela, un vaste trafic a été dévoilé : l’octroi de chalets à des personnes aisées… Certaines affaires étaient portées devant les instances judiciaires de la région. Lors d’une visite l’ayant conduit dans la wilaya, le ministre de l’Intérieur, M. Bedoui, avait déclaré que l’année 2017 marquerait l’éradication des chalets et effacerait toute trace du séisme. Un défi qui semble impossible au vu de la situation économique du pays qui connait, depuis la chute des prix du pétrole, une récession. La rigueur budgétaire était au point de freiner plusieurs projets de réalisation de logements, notamment les 8 000 logements restant d’un programme de 12 000 autres promis par l’ex-premier ministre Sellal, qui visita la région en 2014. L’austérité a touché plusieurs projets. Il y a près de deux mois, le wali de Boumerdès, Abderrahmane Madani Fouatih a demandé une rallonge financière de près de 600 millions pour achever certains projets de logements qui souffraient de retards, notamment, dans la voirie et réseaux divers (VRD). Près de 900 logements ne sont pas réceptionnés faute de retard de réalisation des VRD. Lors d’une réunion au niveau de la wilaya, tenue en février dernier, les autorités locales se sont lancé le défi d’éradiquer tous les chalets avant la fin de l’année en cours. Depuis, d’importantes opérations de relogement de familles dans des habitations en dur ont été organisées. Près de 800 familles ont été relogées en mars dernier dans la commune de Boumerdès où les poches de précarité et de traces du séisme étaient totalement effacées. A Bordj Ménaïel, plus de 800 autres habitants de chalets ont été recasés dans des habitations en dur.

Près de 11 000 chalets éradiqués en deux ans

Depuis le lancement de l’opération d’éradication, près de 11 000 chalets ont été détruits et les familles qui y vivotaient dans des conditions lamentables sont relogées. Le défi sera concrétisé avant le mois de juillet par l’éradication de plus de 700 chalets et le relogement des familles dans la commune de Zemmouri, l’épicentre du séisme qui avait ébranlé la région. Aujourd’hui (lundi NDRL) et pour commémorer le 15ème anniversaire du cataclysme, près de 600 familles seront relogées à Zemmouri. Actuellement, 18 sites de chalets ont été totalement éradiqués et il reste près d’une dizaine d’autres dans la région. Ces opérations ont permis le relogement de plus de 9000 familles. Les assiettes abritant les sites de chalets seront récupérées pour réaliser des projets de logements ou d’infrastructures publiques et d’investissements. A ce jour, plus de 200 ha de terrain sont récupérés. L’on a prévu la réalisation de 1000 logements publics locatifs, et 1100 autres dans le cadre du LPA. Au niveau des sites de Sghirate notamment, des investissements touristiques y sont prévus dans le cadre du programme de zones d’extensions touristiques.

Un entrepreneur escroc

Le nombre de sinistrés du séisme de Boumerdès qui ne sont toujours pas relogés dans des habitations en dur ne dépasse pas les 80 familles. Ces sinistrés, avaient opté, au lendemain du cataclysme, pour la solution d’autoconstruction avec une aide financière de 1 million DA offerte par l’État. Ces sinistrés sont basés au quartier 11 décembre au chef-lieu de wilaya et à Bordj Ménaïel. Le projet de 60 logements dit Oasis, dans la commune de Bordj Ménaïel, n’est toujours pas achevé. Le rythme des travaux avance à pas de tortue. «Nous avons été escroqués par un promoteur qui avait emporté avec lui notre argent. Suite à cela, nous avons saisi les instances judiciaires et le promoteur fut emprisonné», nous dira l’un des sinistrés rencontré au centre ville. Depuis, le projet piétine d’un promoteur à un autre. En 2011, l’ex-wali Kamel Abbas avait instruit les services de l’OPGI de reprendre le projet et d’entamer les travaux. Mais la situation n’a pas grandement changé, depuis.

Y. Z.

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