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BOUIRA - Partenariat algéro-danois dans la production de pomme de terre : Rendements satisfaisants !

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Une société danoise chargée de fournir la semence de pomme de terre aux importateurs algériens a organisé, hier à El-Esnam, une journée de démonstration dans des parcelles de terre dont les propriétaires ont adopté deux nouvelles variétés de pomme de terre.

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Cette société, spécialisée dans la recherche variétale, expérimente de nouveaux produits et s’adapte aux différents climats dans plusieurs pays dans le monde. Pour M. Brahim Gherous, responsable de la Société de vente de produits agroalimentaire (SOVEPRAM), cette journée de démonstration de deux nouvelles variétés «Argos» et «Mondéo» a prouvé le rendement efficace de ces deux nouvelles variétés qui permettront désormais aux agriculteurs de diversifier leurs productions en matière de tubercules. «Certaines nouvelles variétés produisent jusqu’à 600 quintaux par hectare. Il y a une variété qui n’est pas encore homologuée en Algérie et qui peut produire jusqu’à 700 qtx/ hectare. En Europe, nous avons constaté des pics de rendement jusqu’à 750 qtx/ hectare», dira M. Gherous. La délégation est conduite par deux Danois, MM. Dan Koch et Fynn Myllerup, respectivement président et propriétaire de la société danoise Myco Seed, créée il y a 15 ans. M. Fynn Myllerup est présent depuis 1983 en Algérie et travaillait auparavant avec le ministère de l’Agriculture dans le cadre de l’importation de semences de pommes de terre : «Dans les années 1991 et 1992 lorsqu’il y a eu la libéralisation, on a vu un développement fantastique en Algérie aussi bien en matière de production, de savoir-faire et de techniques. C’est un grand plaisir que d’avoir constaté ce développement. Maintenant, nous sommes souvent ici avec nos techniciens pour donner des conseils techniques aux producteurs algériens. Par exemple, au niveau de l’application d’engrais pour chaque variété, certaine demandent plus d’azote, d’autres moins. C’est là que nous intervenons avec notre équipe algérienne pour expliquer cela aux producteurs », indiquera M. Fynn Myllerup. Le président de cette société danoise qui est agronome et expert en pomme de terre et semences de pomme de terre, est diplômé de l’université de Copenhague (Danemark). Sa firme Myco Seed est sous contrat avec des producteurs en France, Danemark, Hollande et il ne cachera pas sa satisfaction en s’apercevant des résultats et des rendements des nouvelles variétés «Argos» et «Mondéo» nouvellement introduites: «L’avenir économique de l’Algérie, et particulièrement celui de la wilaya de Bouira, avec ses terres fertiles propice à la production de pomme de terre riche, se trouve dans cette filière. Vous avez tout à Bouira pour réussir dans la filière de la pomme de terre et je prévois un succès énorme avec les potentialités dont vous disposez», se félicitera-t-il à l’adresse des producteurs de pomme de terre de la wilaya présents en nombre en cette circonstance. «Je suis plus que satisfait aujourd’hui de constater qu’ici à Bouira, les nouvelles variétés Argos et Mondéo réussissent à merveille. À Ain Defla, hier, nous avons fais une visite sur des champs de patates expérimentales pour ces deux variétés et je peux vous affirmer qu’à Bouira la récolte est plus performante et va au delà de nos espérances. Les deux variétés comme nous pouvons le constater ici à Bouira sont très résistantes au mildiou. La maladie numéro un de la pomme de terre qui fait des ravages et qui épargnent, cependant, ces deux variétés. Ce qui prouve leurs résistances. C’est beaucoup plus facile pour les producteurs de produire ‘Mondéo’ et ‘Argos’ ne risquant aucune perte contrairement à la variété Spunta qui est très sensible et qui est fortement atteinte par le mildiou, et cela va se répercuter sur son rendement qui sera faible», estime M. Fynn Myllerup. «Concernant le rendement, proportionnellement à la pomme de terre Spunta variété traditionnellement cultivée en Algérie mais aussi à Bouira, la variété Mondéo offre entre 20 et 25 %. Pour Argos c’est au moins 30% de plus. Nous disposons de tous ces chiffres non seulement en Algérie mais à travers l’ensemble de nos régions d’essais, telles l’Espagne, le Midi de la France, l’Italie, l’Égypte, le Liban, la Tunisie, le Maroc ainsi que l’Algérie, mais le rendement à Bouira est exceptionnel. Nous prévoyons pour Mondéo et Argos un rendement qui dépassera allégrement les 65 tonnes à l’hectare pour cette saison. C’est extraordinaire et même au point de vu prix, les tarifs de cette pomme de terre demeurera compétitifs sur le marché, une économie pour les producteurs et pour les consommateurs également. Ces variétés sont très demandées aussi bien auprès des ménages car fritables car tous les consommateurs cherchent des variétés fritables, que pour les industries et pour les transformations de pommes de terre en chips, purée… C’est un autre avantage en plus d’être très résistante aux maladies», affirme M. Fynn Myllerup.

L’exportation de la pomme de terre en ligne de mire

À propos d’exportation, le Danois se montrera optimiste d’autant plus que les techniques des cultures de pomme de terre en Algérie se sont énormément développées ces dernières années avec les nouvelles variétés qui ont été importées : «Nous sommes ici pour donner des conseils techniques très importants pour l’application d’engrais spécifique à chaque variété. Nous avons des champs d’essais dans tous les pays de la Méditerranée pour voir les faiblesses et les points forts des nouvelles variétés. L’Argos que nous avons vu c’est une très grande variété au Maroc et en Égypte mais ici à Bouira, elle donne de meilleurs résultats que dans ces pays. C’est très satisfaisant pour nous, ce qui est encourageant pour l’avenir de l’exportation. Il faut dire que le taux d’exportation en Algérie est encore très faible et cela concerne uniquement la pomme de terre de consommation. Mais je vous garantis qu’il existe un grand marché en Europe et en Russie, notamment pour la pomme de terre algérienne, à des prix compétitifs entre le début du mois de février et début juin, avant que les productions italiennes, espagnoles arrivent sur le marché. Annuellement, l’Algérie exporte entre 1 000 et 2 000 tonnes de pomme de terre, mais il y a encore beaucoup de travail à faire en matière d’exportation. Je reste optimiste et je suis sûr que d’ici 10 ans, lorsqu’on aura de nouvelles variétés adaptées au marché européen pour les grandes surfaces, des milliers de tonnes seront destinées à l’exportation. Au niveau technique, il a encore beaucoup de choses à faire pour la qualité de la pomme de terre à l’exportation, il faut atteindre la perfection», préconise M. Fynn Myllerup. Pour ce dernier, si la maîtrise du calibrage du tubercule est assurée, la prochaine étape est l’arrachage de la pomme de terre : «Maintenant, nous devons faire face aux chocs mécaniques dus à l’arrachage de la pomme de terre. C’est le plus grand problème que nous rencontrons avec la pomme de terre de consommation destinée à l’export. Il faut faire très attention car maintenant, nous avons une production parfaite et l’arrachage à la main fait sur le site expérimental prouve que les tubercules sont d’excellentes qualités. Cependant, avec les grosses machines, les pommes de terre sont abimées et il faut faire très attention car c’est préjudiciable d’endommager une aussi belle production. Pour cette variété Argos, tout se vend, il n’y a aucun déchet. Mais si on ne prend aucune précaution pour l’arrachage, on se retrouve avec des produits non exportables. Depuis quatre ans avec nos partenaires ici en Algérie, nous avons réalisé trois chaines de conditionnement de pommes de terre en assurant un bon calibrage, des packaging de 15, 25 kg et aussi des sacs de 1 et 2 kg pour achalander les grandes surfaces en Europe. C’est là un créneau intéressant et beaucoup de producteurs algériens sont intéressés par l’exportation pour ajouter une valeur à leur production», souligne notre interlocuteur.

700 quintaux à l’hectare, une production inégalée jusqu’à présent

M. Mourad Mokrani, président de la CRMA de Bouira et représentant de la société Myco Seed en Algérie, déclare pour sa part que les variétés Argos et Mondéo sont des pommes de terre de qualité très performante en matière de rendement : «Nous enregistrons des pics de plus de 700 quintaux à l’hectare et ces variétés résistent aux différentes maladies, dont le mildiou. Nos techniciens et ingénieurs sont étonnés de voir les qualités hors norme de ces produits qui seront adoptés aussi bien pour la récolte de pomme de terre de saison que pour celle de l’arrière saison», révèle M. Mokrani. Pour sa part, M. Farouk Slimani, assistant et conseiller technique auprès de Myco Seed, les variétés introduites sont d’un apport inestimable pour l’avenir de la filière : «En tant que spécialiste de la pomme de terre, j’ai demandé à ce que Argos soit expérimentée et commercialisée en Algérie. Il faut introduire de nouvelles variétés en Algérie et ce afin de disposer d’une nouvelle liberté et ne pas être dépendant d’une seule variété. La Spunta est la variété la plus connue et si l’on focalise sur une seule variété, il peut y avoir un problème avec une maladie ou une insuffisance. Ainsi, nous demeurerons bloqués et pour cela, nous préconisons une approche diversifiée et une gamme variée qui a les mêmes caractéristiques ainsi que les potentiels de la Spunta. C’est là notre objectif pour avoir de rendements intéressants dans l’intérêt de l’agriculture, du pays, de l’exportation et du consommateur. Nous sommes en train de développer des variétés destinées à l’industrie avec plusieurs variétés, comme la Russo, variété qui est en train d’être testée actuellement pour le programme de l’industrie algérienne. Nous avons un autre chapitre très important avec nos partenaires étrangers pour développer des variétés de pomme de terre qui seront destinées à l’export. Les pommes de terre consommées en France ou en Allemagne ne sont pas les variétés que nous produisons actuellement. C’est un paramètre handicapant par rapport à l’export. Nous espérons signer des contrats avec les étrangers pour ramener de la semence, la planter en saison et en arrière saison pour eux, afin de les approvisionner car pour l’exportation, ce sont les cultures de primeurs qui intéressent les marchés européens», souhaite M. Farouk Slimani.

Hafidh Bessaoudi

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