L’alerte à la fièvre aphteuse persiste !

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L’APC d’Aghbalou, en collaboration avec la direction des services agricoles (DSA) de Bouira, a organisé, hier, au niveau de la bibliothèque communale, une rencontre avec les éleveurs de la commune autour de la fièvre aphteuse.

La rencontre à laquelle ont pris part une dizaine d’éleveurs bovins a vu également la présence des services de la CRMA de Bouira et de la Chambre de l’agriculture de wilaya. Selon les organisateurs de la rencontre, l’initiative vise à sensibiliser les éleveurs sur les dangers que représente cette maladie, dont six cas avérés ont d’ores et déjà été dépistés au niveau de la commune d’Aghbalou. Mohamed Zemi, vétérinaire au niveau de la CRMA de Bouira, est revenu dans son intervention sur la maladie, ses symptômes et ses conséquences. Selon le Dr Zemi, la fièvre aphteuse est une maladie virale très contagieuse pouvant engendrer d’importantes conséquences économiques dans les pays où elle est signalée. Selon lui, il y a différents types de cette maladie qui est reconnaissable à travers plusieurs symptômes, entre autres, l’excès de salive chez l’animal. «La maladie atteint généralement trois parties du corps de l’animal qui sont la bouche, les pieds et les mamelles pour le cas des vaches. La maladie se manifeste sous forme d’aphtes au niveau des parties touchées», a expliqué le vétérinaire. Ce dernier informera que dès que les premiers symptômes sont constatés sur une quelconque bête, son propriétaire doit immédiatement alerter les services vétérinaires. Selon lui, il n’y a pas de traitement possible pour guérir la maladie, d’où le recours immédiat à l’abattage des bêtes atteintes du virus. Le vétérinaire a évoqué le volet prévention qui reste, selon lui, l’unique solution pour se prémunir contre la fièvre aphteuse sans omettre d’insister sur la nécessité de vacciner son cheptel. Concernant les mesures préventives, le docteur vétérinaire a insisté sur l’hygiène des hangars utilisés dans l’élevage et leur désinfection en permanence. Selon lui, en cas de manifestation de la maladie, il est déconseillé de déplacer les bêtes, ou d’introduire de nouvelles bêtes dans les enclos. Le médecin vétérinaire a, aussi, conseillé d’installer des pédiluves à l’entrée des entrepôts d’élevage.

Assurer les cheptels pour éviter les pertes

L’autre volet abordé par le vétérinaire et explicité avec un peu plus de détails par le directeur de la CRMA concerne l’assurance. Selon le vétérinaire, l’assurance est un moyen de se prémunir contre les pertes sèches en cas de déclaration de la maladie. Dans le même ordre d’idées, le directeur de la CRMA, M. Bechour, dira que l’organisme qu’il préside propose toute une gamme de produits d’assurances pour la filière élevage et elle couvre toutes les maladies animales. À titre d’illustration, le directeur de la CRMA a expliqué qu’en cas de maladie et que la bette venait à être abattue, celle-ci est remboursée à hauteur de 80 % de sa valeur. Cela concerne les bêtes dont l’âge dépasse les cinq ans d’âge. Pour les bêtes de moins de 5 ans, le dédommagement se fait à hauteur de 90%, d’après lui. Ceci dit, et selon M. Bechour, le cheptel susceptible d’être assuré doit être recensé par les services agricoles, identifié et surtout vacciné. Or à Aghbalou, la plupart des élevages sont de nature extensive et souvent non-identifiés, ce qui pose problème pour les assurances. À côté de cela, il y a le facteur prix qui pose, également, problème pour les éleveurs car constituant un fardeau pour eux. Selon certains éleveurs qui ont pris la parole, beaucoup d’entre eux n’ont pas les moyens pour assurer des bœufs qui constituent leur source de revenus.

Élevage bovin à Aghbalou : une filière à organiser

S’en suivra un débat qui a levé le voile sur une réalité amère caractérisée par une désorganisation de la filière élevage dans les régions de montagne. Un élevage extensif qui se pratique de manière rudimentaire en l’absence de mesures d’hygiène et aussi et surtout de vaccination. À ce sujet, un vétérinaire privé a révélé que «seulement 5 % du cheptel que compte la commune a été vacciné lors de la dernière campagne de vaccination». Ainsi et sur 2 000 têtes bovines recensées dans cette commune, un peu plus de 100 d’entre elles ont été vaccinées. Beaucoup d’éleveurs expriment des réticences quant à la vaccination de leurs bêtes, de peur, disent-ils, d’être contaminées. Certains éleveurs présents iront jusqu’à remettre en cause les méthodes de vaccination suivies par certains vétérinaires. D’autres évoqueront en revanche l’absence d’informations sur la vaccination. Dans sa réponse, M. Ouchene, un vétérinaire exerçant au niveau de la commune, a préconisé aux éleveurs de s’organiser en association professionnelle pour mieux organiser les choses et surtout pour défendre leurs intérêts. Lui succédant à la parole, le maire d’Aghbalou a plaidé pour l’ouverture d’un bureau des services agricoles au niveau de sa commune pour coordonner les efforts et améliorer la situation dans l’activité de l’élevage qui reste, selon lui, une des principales ressources de revenus de beaucoup de ménages.

Appel à la vigilance

Pour sa part, Mme Oulebsir, inspectrice en chef des services vétérinaires au niveau de la DSA de Bouira, a appelé surtout à la vigilance en exhortant les éleveurs à prendre des précautions pour que la maladie ne se propage pas. Elle a conseillé de ne pas déplacer les bêtes, ou de les mélanger avec les nouvelles récemment acquises et d’éviter les marchés à bestiaux, surtout en cette période. Sur la maladie, elle dira que cette année, la situation n’est pas grave comparativement à 2014 où elle a fait des ravages parmi les cheptels bovins. L’inspectrice a rassuré quant à la préparation d’un dossier pour d’éventuelles indemnisations des éleveurs touchés. Profitant de la présence de l’inspectrice, des éleveurs l’ont interpellé sur les prix proposés par des bouchers à l’abattoir de M’Chedallah lors de l’écoulement de la viande des bêtes abattues. À 450 DA le kilo, les éleveurs avouent avoir essuyé d’énormes pertes. Elle a promis de voir de près ce problème car, selon elle, à Ain Bessem, la viande issue des bêtes abattues récemment pour cause de fièvre aphteuse a été cédée à 800 DA le kilo.

Djamel Moulla

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