A travers les rues avec les forces combinées !

Partager

Pour rassurer l’opinion publique, des forces combinées entre éléments de la Gendarmerie et de la Police ont convié la presse à une démonstration conjointe à travers les différents quartiers de la ville de Lakhdaria, mardi dernier.

Avant d’effectuer leur briefing conjoint, le capitaine Abderrazak Benaissa, commandant de la compagnie territoriale de la Gendarmerie nationale, et Ali Rachim, commissaire de la sûreté de daïra de Lakhdaria, ont mobilisé leurs hommes pour «rassurer les citoyens, assurer la sécurité et la protection des biens publics et privés».

Dans le salon du siège de la brigade de Gendarmerie où s’étaient réunis les officiers des deux corps, les intervenants, en s’adressant à la presse, n’ont pas manqué de souligner qu’à Lakhdaria, cette coopération gendarmes-policiers est presque une tradition depuis de nombreuses années : «Récemment, les éléments de la brigade de gendarmerie sont intervenus dans une localité rurale de Kadiria pour appréhender un voleur de moutons. Ce dernier, se voyant encerclé par les forces de sécurité, a préféré abandonner son véhicule avant de prendre la fuite à pied à travers les champs. Toutefois et pour se procurer un alibi, le voleur s’est rendu auprès des services de la police quelques heures plus tard afin de déposer plainte pour vol de son véhicule. Mais grâce à la coordination et la collaboration existante, nous avons pu appréhender cet individu qui a aussitôt été présenté devant le parquet. Nos efforts conjoints sont constants et cela se reflète sur le terrain», indique le commissaire Ali Rachim.

Le capitaine de la Gendarmerie Abderzak Benaissa, lui, appuiera les affirmations de son partenaire en déclarant que lors d’un vol de véhicule au niveau de la forêt d’Errich à Bouira, c’était grâce aux efforts mutuels et coordonnés des forces de sécurité gendarmes et policiers que le véhicule a pu être récupéré et les voleurs arrêtés : «Nous unifions quotidiennement nos efforts pour assurer la protection des biens et des personnes. Les échanges d’informations permettent aux deux corps de travailler conjointement en toute harmonie et nous n’avons aucun complexe à collaborer pour réussir notre mission qui est d’assurer la protection des biens et des personnes», indiquent les deux hommes.

Le briefing s’est tenu dans l’enceinte de la cour de la brigade de Gendarmerie en présence de plus d’une centaine d’hommes vêtus de leurs uniformes respectifs. Les policiers d’un côté et les gendarmes de l’autre. Les officiers feront part de leurs désirs de voir des interventions millimétrées en faisant force de rapidité pour maîtriser les suspects dans les différents endroits choisis pour cette opération de descentes conjointes. «Vous devez vous tenir prêts à tout moment en obéissant rapidement aux instructions qui seront données par vos supérieurs respectifs», intimera le capitaine de la gendarmerie à ses hommes.

Mêmes consignes seront répétées aux policiers par le commissaire qui invitera les troupes à rejoindre leurs véhicules en allumant leurs gyrophares. Nous embarquons à l’intérieur d’un véhicule banalisé de la police en suivant le cortège de plusieurs dizaines de Land Rover des hommes en vert. Un cortège impressionnant à voir les yeux écarquillés des habitants de Lakhdaria qui se demandaient certainement ce qui se passait au vu des véhicules de la gendarmerie et de la police qui se succédaient sur la route sinueuse, d’où s’envolait un nuage impressionnant de poussière.

Spectaculaire course poursuite après un suspect

Aux environs de 17h30, en empruntant une piste bordée de rejets d’égouts à ciel ouvert, le convoi accélère brutalement et prend la direction d’un oued asséché à proximité de la cité Zizi. Alors que les véhicules étaient toujours en train de rouler, les hommes des Sections de sécurité et d’interventions (SSI) de la Gendarmerie ainsi que les éléments des brigades de BMPJ sautent de leurs véhicules en dévalant l’oued à toute vitesse.

Très rapidement, le secteur est entièrement quadrillé par les services de sécurité, mais un jeune connaissant vraisemblablement très bien la localité a réussi à s’enfuir dans une course poursuite à travers les bosquets, avant de s’échapper dans cet immense bidonville fait de baraques et autres taudis de fortune. Lors de cette course poursuite, un chien, visiblement dressé, a considérablement freiné l’avancée des forces de sécurité en permettant au suspect d’accélérer sa fuite.

«Il s’agit d’un lieu malfamé où se retrouve des délinquants qui s’adonnent à la consommation de drogue. Cependant, en cette période estivale, ces voyous se rendent sur le littoral pour changer d’air», nous confie un officier de police essoufflé et fou de rage d’avoir vu le suspect ainsi s’échapper. Le capitaine de la gendarmerie, également à bout de souffle et ruisselant de sueur, prendra la chose avec sourire toutefois en ne laissant guère apparaitre son désarroi : «On avale quotidiennement de la poussière, on risque de se blesser et parfois nous n’arrivons pas à mettre la main sur un suspect. C’est aussi ça notre quotidien», soulignera notre interlocuteur.

Après cette descente éclaire qui a duré à peine 20 minutes, les hommes remontent dans les véhicules à destination de la gare ferroviaire. Un endroit, nous dit-on, très apprécié par les délinquants. Là encore, le quadrillage du secteur se fait en quelques minutes et différents policiers et gendarmes sont sur le qui-vive. Ils surprendront un groupe de jeunes s’adonnant à une partie de dominos à quelques mètres de la voie ferrée. Ils seront fouillés avant d’avoir eu le temps de se rendre compte de ce qui leur arrivait.

D’autres éléments ont encerclé un chantier où s’érige des bâtiments et après vérification minutieuse pour s’assurer que les lieux étaient déserts, ils se regrouperont devant la gare. Pendant ce temps et lors de la fouille des jeunes jouant aux dominos, l’un des individus sera menotté pour possession d’une rame blanche. Immédiatement, il sera embarqué et mené vers le commissariat. En attendant le train en provenance d’Alger et à destination de Bouira, les éléments combinés des deux corps en profiteront pour reprendre leur souffle et faire le point des deux descentes effectuées.

Tous ont la rage au ventre d’avoir vu le suspect de la première opération s’échapper, mais c’est ainsi. «Ce n’était pas son jour», plaisante-t-on tout en se promettant de ne pas le rater la prochaine fois. Sur le quai de la gare, une dame accompagnée d’une petite fille regarde curieusement les dizaines de gendarmes et de policiers en train de fouiller quelques personnes qui attendaient le train. Elle nous interrogera sur ce qui se passait et en lui répondant, elle montrera un signe de soulagement : «Je prends le train ici chaque semaine à destination de Béjaïa et c’est la première fois que je vois tout ça», confiera-t-elle.

«C’est vraiment rassurant. Comme vous le voyez, je n’ai jamais eu de problème en voyageant mais leur présence est réconfortante», estime cette dame. Il est 18h25 et le train siffle avant d’arriver à la gare. Des consignes sont données pour faire des fouilles minutieuses et rapides, notamment auprès des visages portant des traits distinctifs des consommateurs de drogue. Les wagons ainsi à l’arrêt sont pris d’assaut devant les yeux médusés des passagers qui étaient surpris de voir cette opération.

Toutefois, ils se prêteront au jeu en acceptant d’être fouillés. Rien à signaler si ce n’est qu’une cigarette ressemblant à un joint qui s’avérera être en réalité du tabac. Le jeune en question avait mal pris soin de sa cigarette trouvée dans son portefeuille qui portait des traces de sueur d’une couleur douteuse.

Patrouilles dans la cité Kandahar

Les hommes remontent dans leurs véhicules en direction de la cité Lemou Brahim dite Kaddour, plus connue et communément appelée par les habitants de Lakhdaria «cité Kandahar». Un nom qui fait froid dans le dos. Avant d’y parvenir, les talkies-walkies grésillent, des individus suspects ont été aperçus non loi de là à proximité de l’Oued Isser. Là encore même topo.

Les hommes du SSI et de la BMPJ prompts à réagir et intervenir en milieu naturel et sauvage. C’est avec beaucoup d’agilité qu’ils sautent et franchissent des obstacles tels que les bosquets et les déclinaisons d’un sentier forestier pour parvenir jusqu’à l’oued où se baignaient quelques adolescents dans un trou d’eau.

Toutefois, les suspects voyant autant de renforts arrivés sur eux ont vite pris la poudre d’escampette pour remonter jusqu’à la route pour monter sur une moto et filer. Ils n’iront pas bien loin puisqu’ils seront interceptés quelques minutes plus tard au niveau d’un barrage spécialement installé pour les cueillir. Arrivé à la cité Kandahar, les forces de sécurité improvisent un barrage filtrant à l’entrée de ce quartier devant les riverains visiblement peu habitué à ce genre d’activités.

Il est 19 heures et la nuit ne va pas tarder à tomber. Un autre barrage filtrant est établit au niveau de Tala Ndjir sur la RN5, à l’entrée ouest de la ville. Plusieurs véhicules seront également contrôlés et cette présence semble aussi réconforter certains automobilistes revenant d’une journée sur les plages de Boumerdès. À 20h30, c’est le quartier populaire et populeux des 480 logements qui est visité par les services de sécurité.

Des jeunes gens jouant aux dominos sont fouillés et cela fera réagir un habitant du quartier : «Votre présence nous rassure c’est vrai, mais il ne faut pas s’en prendre à ces jeunes. Les logements de cette cité sont exigus pour les familles nombreuses qui s’y entassent et les jeunes passent leurs nuits dehors jusqu’au matin car ils n’ont pas d’endroit où dormir chez eux. Ils se relaient en alternance pour se reposer à cause de l’exigüité. Il faut comprendre leurs situations», déplore un père de famille tentant d’expliquer la situation aux policiers.

Après cette patrouille d’envergure à travers la ville, les éléments des services de sécurité rejoignent le commissariat de la ville pour le débriefing. Les hommes sont harassés, en sueur mais l’esprit tranquille du fait d’avoir accompli leur mission. Au terme de cette soirée, les éléments des deux corps ont été vivement et chaleureusement remerciés par leurs officiers qui n’ont pas tari d’éloges à leurs sujets. «Vous avez été à la hauteur de votre mission et d’autres sorties seront régulièrement prévues pour venir à bout de la délinquance qui sévit», déclarent le capitaine de gendarmerie et le commissaire de police.

L’opération qui aura mobilisé plus d’une centaine d’éléments des deux corps de sécurité aura permis la vérification de l’identité d’une soixantaine de personnes, la fouille d’une vingtaine de véhicules, la saisie de deux boites contenant 120 comprimés de psychotropes auprès d’un individu répondant aux initiales de O. M âgé d’une vingtaine d’année, d’un autre jeune dénommé S. Y. avec plusieurs comprimés de psychotropes et en possession d’une arme blanche. Les prévenus ont été auditionnés en fin de soirée puis relâchés. Ils devaient comparaitre devant le parquet le lendemain (hier ndlr) pour décider de leur relaxe ou leur incarcération en attendant leur jugement.

Hafidh Bessaoudi

Partager