«Le jour où le maire pourra décider pour sa commune…»

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Dans cet entretien, le maire de Tizi-Ouzou, M. Ouahab Aït Menguellet, revient sur la situation qui prévaut dans la commune et sur ses différents projets en cours ou en instance. Il confie également son ambition de briguer un mandat de sénateur.

La Dépêche de Kabylie : L’opération de distribution des logements sociaux peine à s’achever. Pourquoi ?

Ouahab Aït Menguellet : Il faut avant tout souligner que cette opération est gérée par une commission de daïra. Ensuite, les différents chantiers butent sur de nombreuses contraintes. A chaque fois, il y a un problème à prendre en charge. Une fois c’est l’assainissement, une autre c’est l’électricité et d’autres fois c’est le gaz, la viabilisation ou l’achèvement des structures d’accompagnement.

Parfois aussi, ce sont les entreprises qui, pour une raison ou une autre, accumulent du retard. Du coup, le report de la distribution s’impose. Néanmoins, les problèmes sont pris en charge et l’opération se poursuit. Tous les logements seront distribués.

Qu’en est-il de l’habitat rural à Tizi-Ouzou ?

La formule a porté ses fruits, puisqu’elle a permis à des centaines de postulants de construire leur logement. Toutefois, les quotas sont très insuffisants. Nous avons actuellement plus de 600 dossiers ficelés qui attendent d’être pris en charge. Je voudrais aussi appeler les hautes autorités à revoir le montant des aides à la hausse, au moins à un million de dinars, car dans notre région le foncier est accidenté, le coût des travaux de terrassement, à lui seul, consomme la moitié de l’aide financière.

Le transport des matériaux, la cherté de ceux-ci et de la main d’œuvre sont des paramètres qui empêchent les bénéficiaires de finir leurs maisons. Il nous faut donc absolument plus de quotas mais surtout de plus gros montants pour les aides. L’aide à l’habitat rural est un segment qui contribuera sensiblement à maitriser le phénomène de l’exode rural et à diminuer la pression sur le logement social.

Où en est le nouveau plan de circulation de la ville de Tizi-Ouzou ?

D’après les déclarations des responsables concernés directement, l’étude est finalisée, mais son application a besoin d’argent. Nous allons d’ailleurs nous réunir incessamment avec tous les concernés, dont la direction des transports, la protection civile, les services de sécurité et daïra, pour discuter de la mise en application de ce plan.

Toujours est-il que dans une ville aussi peu spacieuse que Tizi-Ouzou qui ne dispose que de deux axes principaux et de ruelles étroites, il est clair que fluidifier la circulation est une chose pas tout-à-fait facile. Une seule artère ou ruelle fermée provoquera la saturation. Il faut travailler sérieusement là-dessus pour améliorer la situation sans provoquer d’autres perturbation.

Qu’en est-il des projets de trois nouveaux parkings que vous avez annoncés pour la ville ?

Le projet est toujours en cours. Nous avons voulu faire participer des fonds externes à l’APC, mais la lenteur des procédures administratives fait que le projet tarde à se concrétiser. Notre ville prend de l’ampleur et s’agrandit de jour en jour. Mais l’anarchie, l’absence d’un plan de la ville, tout cela combiné avec la faiblesse des prérogatives du maire fait que les solutions n’arrivent pas systématiquement et instantanément.

Le jour où le maire sera réellement le premier magistrat dans sa commune et pourra décider de lui-même, ce jour-là la municipalité connaitra un meilleur essor. Mais au jour d’aujourd’hui et au rythme où vont les choses, tout le monde est perdant. Imaginez que pour déplacer deux pylônes au niveau de la nouvelle ville, il nous a fallu attendre deux années et demie.

Oui, deux années et demie. Des éléments de blocage existent et persistent et nous font perdre beaucoup de temps et d’argent. C’est une situation qui fait mal. Un élu doit pouvoir prendre des décisions sans avoir à attendre l’administration. Il n’y a pas de demi-mesure.

Le projet du téléphérique pourrait justement aider à améliorer la circulation…

Absolument. Mais l’APC n’a pas été associée à la gestion de ce projet. Il est géré par le Métro d’Alger. Pourtant, en tant qu’APC et élus, nous aurions pu contribuer à lever plusieurs contraintes. Comme nous n’avons pas été associés, voilà le résultat. Le retard est intolérable. Qui mieux que l’APC et ses élus connaissent la région et ses habitants ? Ce projet est d’une importance capitale, il faut mettre les bouchées doubles et mobiliser les fonds nécessaires pour son achèvement. Le téléphérique contribuera en effet à diversifier le transport, à diminuer la lenteur de la circulation, mais il contribuera aussi à préserver la ville de la pollution, sans parler de la création de richesse et d’emplois.

Y a-t-il de nouveaux projets intéressants pour Tizi-Ouzou ?

Concernant le programme communal, il se fait normalement. Nos projets avancent à un bon rythme. Les revêtements inscrits, par exemple, sont déjà confiés à des entreprises. Le lancement des travaux interviendra dès le début de la semaine prochaine. Le projet de l’annexe de Rehahlia sera quant à lui bientôt achevé et le jardin en face de la mairie sera réaménagé incessamment.

En parlant de jardins publics, pourquoi leur entretien n’est-il pas assuré régulièrement ?

Je vais vous répondre franchement. Notre commune compte une cinquantaine d’établissements. Pour assurer leur entretien et le bon fonctionnement des cantines et des écoles, il nous faut au moins 250 employés. Un effectif que nous n’avons pas. Si la situation perdure, nous serons contraints de fermer les cantines scolaires.

Donc, tout cela pour vous dire que pour assurer un entretien régulier et efficace des jardins publics, il nous faut du personnel et ce personnel n’est pas disponible. Allons-nous fermer les cantines pour assurer l’entretien des jardins publics ? La question reste posée ? Nous n’avons pas d’autres choix. Toujours est-il, nous faisons des efforts pour organiser nos effectifs et être partout.

Je saisis donc cette occasion pour interpeller les responsables concernés et leur demander de nous affecter plus de personnel pour pouvoir prendre en charge toutes les situations.

Pour finir, peut-être cette question qui pourrait paraître indiscrète. C’est bientôt les sénatoriales, êtes-vous toujours intéressé ?

Oui, les sénatoriales m’intéressent, je suis partant. Mon âge, mon parcours politique, mon expérience et les deux mandats que je suis en train de mener à l’APC de Tizi-Ouzou sont autant d’éléments qui m’encouragent à briguer un mandat de sénateur. Je reste convaincu que je peux apporter beaucoup à ma région et à mon pays.

Entretien réalisé par Hocine Taib.

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