Mêmes rites, diverses actions

Partager

La fête de l’Achoura, coïncidant avec le dixième jour du mois de Mouharem, sera célébrée demain. À Ilyiten, un village relevant de la commune de Saharidj, l’on perpétue toujours cette fête d’une manière autre que celle constatée ailleurs. Néanmoins, au fil du temps, cette empreinte particulière a tendance à disparaître et cela se vérifie par des témoignages recueillis auprès de certains villageois. Nna Yamina, une septuagénaire issue de cette localité nous renvoie plus loin aux années soixante pour dire : «Nous avons été toujours au rendez-vous avec cet évènement que nous célébrons selon les traditions que nos aïeuls nous ont léguées. C’est en premier lieu le jeûne que nous observons le jour d’avant l’évènement. Puis, au diner de cette même journée, nous préparions un couscous à base de légumes secs garnis avec de la viande sèche conservée naturellement à l’aide du sel depuis la fête de l’Aïd El Adha. Selon toujours notre tradition, il faudra partager le diner avec les voisins et autres nécessiteux. Une manière déjà de respecter l’idée de l’aumône estimée à un dixième des biens matériels. Puis, interviendront les rites relatifs à la première coupe de cheveux de l’enfant, du henni pour les femmes et filles. Au lendemain, soit le jour de l’Achoura, nous préparions un diner avec du couscous garni à la viande d’un poulet de ferme qui réunira tous les membres de la famille.» Interrogée à propos d’une action commune que prendraient les villageois telle que Timchret, notre interlocutrice explique : «Je me rappelle de la dernière Timchret organisée à cette occasion de l’Achoura par tous les villageois en 1969. Il y a eu le sacrifice du caprin dont le nombre de têtes était considérable. C’est d’ailleurs, ajoute-elle, la première et la dernière fois qu’une telle espèce de bêtes a été sacrifiée pour la fête en général et dans timchret en particulier. » Au jour d’aujourd’hui, cet évènement est célébré dans ce village mais d’une manière différente à celle vécue par la génération de Nna Yamina. Il se trouve que le jeûne est toujours observé par quelques villageois, mais timchret n’est plus de mise. Timchret une tradition perpétuée à Raffour À Raffour par contre, timchret est une tradition à laquelle Iwaquren tiennent beaucoup. Elle est organisée chaque année par le comité des sages du village et s’effectue par des dons de bêtes à immoler. Les préparatifs commencent généralement une quinzaine de jours avant l’évènement pour permettre aux villageois de mieux organiser la fête. Après l’immolation des bêtes et la préparation des parts en fonction du nombre de familles, le partage se fait habituellement au niveau de la place publique où le comité se charge aussi de récolter les dons des villageois en vivres et autres produits de première nécessité qui seront, par la suite, distribués au profit des familles nécessiteuses. Parallèlement à cette activité qui s’organise dans un climat de fête, une circoncision collective est également portée au menu. Ce qui est aussi important à souligner est que Iwaquren se distinguent à cette occasion principalement par leur générosité à l’égard des familles «étrangères» à leur tribu qui y habitent. Ces dernières auront à cette circonstance leurs parts de viande au même titre que les autres villageois. Aussi, c’est l’occasion pour ces villageois de collecter des sommes d’argent importantes qui servent à renflouer les caisses du village, argent à dépenser dans les différentes actions d’utilité publique. Il faut dire que ce village est le seul au niveau de la région à perpétuer cette tradition d’une manière régulière. D’autres localités marquent cet évènement mais d’une façon décousue. Cela est constaté justement chez les At Yaâla, At Leqser et également les At Meddour qui célèbrent cette fête différemment.

Smail. M

Partager