Accueil National À la rencontre des 40 saints

Ighil Aïssi : À la rencontre des 40 saints

621
- PUBLICITÉ -

Comme à l’accoutumée, le village Taguemount Oukerrouche, relevant de la localité d’Ath Douala, n’a pas dérogé à la règle en célébrant avec faste la fête de Taâchourt. Sous la houlette des membres du comité de village et les regards bienveillants des vieux sages de cette bourgade, la fête de Taâchourt fût un grand moment de joie et de convivialité pour les nombreux visiteurs venus, faut-il le signaler, des quatre coins de la Kabylie, pour rendre hommage aux 40 saints d’Ighil Aïssi. «Chaque année, nous célébrons les fêtes de Taâchourt et de Lmouloud dans une ambiance familiale et une tranquillité naturelle, dans le sens où aucun service d’ordre n’a eu besoin d’être déployé sur les lieux de la célébration. Nos visiteurs se sentent vraiment en sécurité chez nous, c’est pour cette raison justement qu’ils y reviennent chaque fois. Ils sont devenus des habitués des lieux», dira Nadour M’hamed, qui parle au nom du comité du village de Taguemount Oukerrouche. En plus de ce pèlerinage spirituel qui, pour la plus part des citoyens, symbolise les représentations culturelles, les convives d’Ighil Aïssi ont eu le droit à un excellent couscous du terroir, offert en guise de waâda à la mémoire de ces saints. «La fête est aussi un moyen de perpétuer et entretenir la mémoire collective et les valeurs d’entraide, comme Tiwizi. Une tradition ancestrale ancrée jadis dans la société kabyle, mais qui tend, malheureusement, à disparaître ces dernières années», souligne encore notre interlocuteur. Même si des changements peuvent surgir ou paraître dans la forme de l’organisation, une chose est certaine : les valeurs et les traditions véhiculées par ces rendez-vous restent fidèles à leur âme, en atteste la pratique d’Agraw qui consiste à collecter, sur les lieux, des dons des présents. En effet, il a été constaté de visu, un imam, entouré de quelques fidèles, veillant au bon déroulement de l’opération. La majorité des parents délèguent aussi leur progéniture pour «s’acquitter» de cette mission. En contrepartie de leur geste, les enfants ont des friandises. «L’argent sera réinjecté dans la caisse villageoise et utilisé en cas de besoin, dans la préparation de la prochaine fête», précise M. Nadour. En général, les bêtes sacrifiées en ces circonstances sont offertes par les bienfaiteurs. En moyenne, la cérémonie nécessite l’immolation d’un bœuf et quelques moutons. Par ailleurs, un détail intrigant taraudera, sans doute, l’esprit des visiteurs : ni un tombeau ni un mausolée des 40 saints d’Ighil Aïssi ne sont érigés sur les lieux. Renseignement pris, il s’avère qu’à défaut d’une trace visible des saints, on leur attribue un lieu sacré.

- PUBLICITÉ -

Farida Elharani

- PUBLICITÉ -