Un tabou dangereux à briser

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Il ne se passe pas une journée sans qu’un cas de violence dans la rue, au travail ou dans la sphère familiale ne soit signalé.

Le phénomène en prolifération, est de plus en plus banalisé. Il n’est pas difficile à Tizi-Ouzou de faire le constat, avec le nombre important de crimes enregistrés ces derniers temps. Les chiffres communiqués par le service de médecine légale du CHU Nedir Mohamed viennent conforter cette réalité. Pr Brahim Boulassel, chef de service de la médecine légale, est formel : «La violence a pris de l’ampleur». Sois à la demande de l’intéressé, ou par une autorité judicaire, réquisition, le service en question recense en moyenne quelque 3 500 cas de violences, tous types confondus, volontaires ou involontaires. La violence infiltre le quotidien des citoyens et le complique. Le chiffre est effrayant. Il traduit, tout bonnement, la réalité de la société et son état d’esprit. Annuellement, plus de 300 expertises civiles et pénales sont effectuées. Pour l’année 2017, la tendance était à la hausse, et dépasse la moyenne annuelle. Il était question de 3672 consultations pour les violences y compris les violences sexuelles. Pour l’année en cours, le nombre a atteint 1997 consultants, au début Octobre. La violence sexuelle, quant à elle, existe aussi, et en augmentation. Pr Boulassel, s’est «alarmé» sur la situation. «Le service de médecine légale reçoit beaucoup de cas». L’année dernière, 40 cas, et l’année en cours, à ce jour, 47 cas, «la majorité sont des mineurs garçons et filles», selon le spécialiste. Les chiffres avancés, concernent naturellement les cas déclarés et recensés. Il va de soi, que la réalité est beaucoup plus alarmante. La société Algérienne de nature conservatrice, et assez sévère avec les victimes, perçoit le sujet encore comme un tabou que beaucoup de victimes n’arrivent pas à briser. Que ce soit par peur de l’agresseur ou de la réaction d’autrui beaucoup, de cas passent sous silence, dans l’impunité. Si les enfants restent la tranche de la société la plus vulnérable et la plus touchés par le phénomène, les adultes n’y échappent pas non plus. Les viols, pour ne pas parler d’agression sexuelles, n’épargne pas les femmes, même dans le domicile conjugale. Un cas récent, qui date de la semaine dernière, a été évoqué par Pr Boulassel qui fait part d’une histoire digne d’un scénario hollywoodien. «Une jeune femme de 24 ans a été victime d’agression sexuelle chez elle. Son mari, le lendemain, a été agressé à l’arme blanche, et a failli y rester». Selon les données du CHU, les violences qui reviennent en force dans la wilaya sont notamment, les coups et blessures Intra familiaux, ou dans la rue (volontaires et involontaires), violences sexuelles, les accidents de la voie publique, les accidents de la circulation, les violences sexuelles sur enfants. La question de la prise en charge des victimes reste posée. A ce propos, le Pr Boulassel reconnait qu’il y’a une insuffisance, même au niveau de son service. Une victime d’agression sexuelle porte des séquelles qui peuvent l’accompagner à vie, si la personne n’est pas prise en charge convenablement. Le danger, selon plusieurs études psychologiques, réside aussi à ce niveau.

Kamela Haddoum

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