Des parents d’autistes dans l’expectative

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La scolarisation des enfants autistes a malheureusement échoué en Algérie malgré les tentatives du gouvernement de leur faire suivre un cursus scolaire. Les enseignants, n’étant pas formés du comportement à adopter devant un enfant autiste turbulent, ne peuvent rien faire. Les directeurs d’établissements sont souvent obligés d’annoncer aux parents que leur enfant ne peut plus continuer à suivre ses cours dans cette école. Un constat réalisé à plusieurs reprises et en plusieurs endroits à travers le territoire national. Il faut savoir que le langage et l’élocution ainsi que les connaissances sont les bases nécessaires pour être autonome. C’est justement cette autonomie qui joue un rôle important dans notre société, surtout si l’on veut scolariser un autiste en classe de préscolaire, car si l’enfant n’est pas stable, il ne pourra pas s’asseoir en salle de classe en restant assidu. C’est justement là où interviennent le psychologue et le pédopsychiatre qui jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des autistes en jeune âge. Au niveau du centre pour autistes de la wilaya de Bouira, et malgré une nouvelle infrastructure adéquate et se prêtant parfaitement à recevoir les jeunes autistes, la demande semble dépasser les capacités de ce centre. Selon des parents d’enfants frappés d’autisme, la liste d’attente se révèle être très longue. «Il faut plusieurs semaines avant de pouvoir s’inscrire dans ce centre, car à chaque fois que l’on se déplace, on nous dit qu’il n’y a pas de médecins psychologues et pédopsychiatres affectés à cette structure», révèle une dame de Lakhdaria qui en est à son quatrième déplacement pour tenter d’inscrire sa fille de 5 ans. Auprès de l’administration de ce centre, M. Aoudia, le responsable de cette institution, affirme ne pas pouvoir être en mesure de communiquer avec la presse, et nous invitera à nous faire délivrer une autorisation auprès de la direction de l’action sociale. Zekri Slimane, le nouveau DAS, récemment installé dans ses fonctions, se veut quant à lui rassurant à ce propos, en affirmant que jeudi dernier, un quota de contrats DAIP et autres formules ont été réservés pour ce centre. Des contrats qui succéderont à d’autres contrats sans toutefois espérer déboucher sur un recrutement définitif. Selon un parent d’un autiste inscrit dans ce centre, les éducatrices, psychologues et orthophonistes font un travail remarquable, mais sont dépassées par le nombre d’enfants qui doivent suivre leurs séances. «Il arrive que près de 30 enfants soient programmés en une journée et ce centre prend en charge presque 400 enfants. Il faut que les pouvoirs publics interviennent rapidement pour mettre à la disposition de ce centre des professionnels de la santé qui s’occuperont des enfants. A chaque fois que je viens ici, des dizaines de parents viennent pour inscrire leurs enfants, mais je peux vous affirmer que sans le recrutement de psychologues, orthophonistes et autres spécialistes, aucune chance que cela se fasse», indique Amar originaire de Kadiria. Un autre centre privé exerce à Bouira, pour certains parents d’autistes, plus aisés, cette école spécialisée leur permet d’assurer certaines bases à leurs enfants. Malheureusement, les frais d’inscription ne sont pas à la portée de toutes les bourses, et si le ministère de l’Action Sociale ne revoit pas rapidement sa copie en matière de recrutements en CDI et non pas sur base de contrats temporaires, il demeure fort à parier que les rares professionnels exerçants dans ce centre pour autistes quittent leurs postes pour s’installer dans des cabinets privés. Il faut savoir que la plus grande difficulté pour un enfant autiste est d’avoir confiance en le psychologue, ou l’orthophoniste. Ces spécialistes fournissent beaucoup d’efforts et effectuent un travail de longue haleine avec les enfants. Mais souvent ces efforts sont vains car les praticiens en fin de contrats quittent leurs postes et leurs successeurs sont ainsi obligés de refaire tout le travail psychologique depuis le début pour retrouver la confiance perdue du jeune autiste.

Hafidh Bessaoudi

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