Neuf mois après avoir quitté les chalets…

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Les habitants des 600 logements d’El Hamri dans la commune des Issers vivotent, depuis un an, dans un “calvaire total”. Près de neuf mois après avoir quitté les chalets qu’ils occupaient depuis 2007, les habitants n’ont rien vu de changé par rapport aux cabanons provisoires habitées durant des années. La route qui relie la cité au reste du monde est délabrée. Elle est quasiment impraticable d’où l’absence de moyens de transport. «On nous a promis son revêtement juste après notre relogement, mais près d’un an plus tard rien de cela ne s’est traduit sur le terrain. Nous sommes dans l’isolement», nous dira Amine, habitant de la cité. «Nous craignons beaucoup plus pour nos enfants qui utilisent cette route pour aller à l’école située au niveau de l’ancien site des chalets», a-t-il ajouté avant de préciser que les potaches n’ont pas de bus de ramassage scolaire. L’école primaire Teurfi Moloud, construite en préfabriqué juste après le séisme de 2003, est devenu, au fil du temps, un endroit non vivable pour ces enfants en bas âge. Portes des classes défoncées, vitres brisées et plancher délabré. En période hivernale, les eaux pluviales s’infiltrent et suintent sur les murs à l’intérieur des classes dépourvues de tables et de chaises dignes de ce nom, affirme Ahcène, un parent d’élève. «Je pense que les équipements n’ont pas été changés depuis plus d’une dizaine d’année. Les cinq classes s’y trouvant n’arrivent plus à contenir le flux important d’élèves. On enregistre plus de 40 élèves par classe», a-t-il dit encore. Les élèves n’ont pas de cantine scolaire et les classes ne sont pas dotées de chauffage. L’école n’est pas sécurisée si ce n’est par un grillage de fortune qui l’entoure, fait remarquer notre interlocuteur. Le projet de réalisation de cinq classes sur la route d’El Hamri, avance à petit pas. «On craint le gel», lâche Ahcène. Juste à côté, un autre projet d’un centre de formation professionnelle et d’apprentissage (CFPA) commence à paraitre et à «pousser» après plusieurs années de retard. L’aménagement urbain fait grandement défaut au niveau de cette nouvelle cité inaugurée en décembre 2017. Les eaux pluviales ne sont pas évacuées alors que les eaux usées y débordent à chaque chute de pluies. Les cages d’escaliers des blocs d’habitations, notamment ceux situés dans la zone basse de la cité sont remplies d’eau. «L’éclairage public est inexistant ici même à l’intérieur des bâtiments», nous dira encore notre interlocuteur. «On a l’impression que nous sommes à l’intérieur d’un grand chantier qui ne s’achèvera pas de si tôt». Et d’ajouter «ici, il n’y a rien que des blocs sans âme. Ni espace vert ni aire de jeux pour nos enfants. Rien ne dit que nous sommes dans une cité d’habitation pour humains. L’épicier de la cité est un commerçant ambulant qui vient le matin et repart le soir dans son fourgon.» La cité n’est toujours pas raccordée au réseau du gaz naturel. En sus de cela, les nuisances sonores des camions de gros tonnage d’un chantier de logements à quelques mètres de la cité excèdent. «Nous avons réclamé notre relogement dans des habitations en dur, mais une fois cela fait, nous regrettons presque nos baraques au vu du dénuement total de ces logements construits par des Coréens», se désole notre interlocuteur. La semaine écoulée, les habitants de la cité 600 logements ont fermé les sièges de l’APC et de daïra et bloqué la route pour réclamer l’amélioration de leur cadre de vie. Le problème d’infrastructures d’accompagnement se pose partout où l’on construit des logements. Il est nécessaire de construire des écoles, des structures de santé et de sécurité ainsi que des aires de jeux pour les nouvelles cités d’habitations. Mais on continue encore dans la logique des cités dortoirs sans âmes qui ont vu naître des fléaux jadis inconnus dans notre société.

Youcef Z.

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