Des dizaines de Haragas gagnent les côtes espagnoles

Partager

Ces jours-ci, des jeunes de la ville de Béjaïa prennent le large à bord d’embarcations pneumatiques au péril de leur vie, pour rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. Jusque-là estime-t-on, le phénomène de la Harga était méconnu à Béjaïa. Désormais, des jeunes issus de quartiers populaires de la ville de Yemma Gouraya risquent leur vie à bord d’embarcations de fortune vers l’Espagne. En l’espace de quelques jours, deux embarcations en partance des côtes de Béjaïa ont gagné la péninsule ibérique. Sur le réseau social Facebook, ces jeunes «candidats à l’immigration clandestine» ont réalisé des vidéos de leur périlleuse traversée. «Dieu merci, nous sommes arrivés sains et saufs à Almeria ; on a réussi à fouler le sol européen», explique, tout sourire, l’un des harragas, en citant les noms de quelques-uns de ses compagnons de la traversée réussie de la Méditerranée. Tous ces jeunes, âgés entre 20 et 30 ans, sont issus des quartiers de la ville ancienne de Béjaïa. La semaine dernière, ce sont d’autres jeunes, résidant au quartier populeux d’Iheddaden, qui ont gagné les côtes espagnoles, toujours à bord d’une embarcation pneumatique. Eux aussi ont filmé et diffusé sur les réseaux sociaux leur traversée. Le phénomène, fait-on observer, risque de se reproduire dans les tout prochains jours, malgré les périls de telles opérations. Cela est d’autant plus probable à l’aune de la difficile situation économique que vit la wilaya, où le chômage fait des ravages chez les jeunes, gagnés par le désespoir. En effet, à Béjaïa, des milliers de jeunes diplômés peinent à trouver un poste d’emploi. L’offre n’arrive plus à suivre la demande. Le marché de l’emploi est-il saturé ? Les mécanismes mis en place pour résorber le chômage sont-ils obsolètes ? Autant de questions que se posent les jeunes, notamment les diplômés des universités et autres instituts spécialisés. Et du coup, chacun y va de sa propre interprétation pour expliquer une situation pour le moins asphyxiante. Même si les efforts consentis par les pouvoirs publics pour réduire le taux de chômage sont, à tous points de vue, appréciables, toujours est-il que des milliers de jeunes font le pied de grue en ruminant un seul espoir : être embauché !

F. A. B.

Partager