Le maire «entre l’enclume et le marteau»

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La commune de Tidjelabine enregistre un énorme déficit en matière de programmes de logements, toutes formules confondues.

Hormis quelques logements sociaux destinés à recaser les habitants des chalets, la localité n’a bénéficié d’aucun programme conséquent. Résultat : une pression accrue s’exerce sur l’APC présidée par Belkacem Guessou, élu MPA. Une demande beaucoup plus importante que l’offre et les habitations de fortunes poussent comme des champignons à travers les quatre coins de la localité, notamment du côté de la voie ferrée et de la cité appelée communément «La Commune». Selon le maire, qui a accepté de nous recevoir avant-hier jeudi, c’est un véritable bras de fer qui s’est enclenché entre lui et le wali de Boumerdès, Mohamed Salmani, suite à son refus d’exécuter une décision de démolition des habitations illicites. «Près de 1 300 familles vivent dans des bidonvilles dans la commune», se justifie le maire. Un nombre qui ne cesse d’augmenter, notamment après le séisme de 2003, a-t-il indiqué. L’opération de recensement de 2007 faisait état de 200 familles qui occupaient des maisons de fortunes. A cet effet, un programme de logements leur a été réservé, mais rien n’a encore été fait, selon le maire. Et le nombre des familles a augmenté au fil des années, en l’absence de toute autorité de l’Etat, pris par le dossier des chalets. Après le relogement des sinistrés du séisme, les autorités locales ont décidé d’octroyer ces cabanons provisoires aux familles nécessiteuses dans le cadre du social. En 2011, une enquête diligentée par la wilaya a fait état de leur dégradation et de l’impossibilité de vivre dans ces chalets qui sont devenu inhabitables. Le gouvernement a alors mis en projet un programme de 12 000 logements, pour reloger les habitants de chalets. C’est ainsi que la commune de Tidjelabine a bénéficié de 300 logements sociaux pour recaser ses 430 familles qui continuent, pour le moment, à survivre dans ces cabanons dépourvus de toute commodité. «En plus de ces familles des bidonvilles, nous aurons un déficit de 130 logements pour les habitants des chalets. A ce jour, aucun programme de logement n’est inscrit au profit de ma commune», nous dira le P/APC. Et d’ajouter : «A notre arrivée à la tête de la commune, nous avons trouvé près de 80 projets non lancés. En l’espace de huit mois nous avons pu, avec peu de moyens, relancer quelques opérations de développement et d’équipements». Les recettes de l’APC se limitent aux entrées des bénéfices du marché hebdomadaire de voitures d’occasions et quelques dividendes d’entreprises activant sur son territoire, notamment au niveau de la zone d’activité. «Depuis quelques semaines, le marché de voitures, loué à un privé et dont le contrat est fini depuis quelques semaines, est géré par l’APC qui enregistre, également, un déficit en personnel», affirme encore notre interlocuteur. La semaine dernière, des centaines d’habitants des bidonvilles ont fermé le siège de l’APC, pour protester contre la décision de wali de démolir leurs habitations de fortunes. Le P/APC dira qu’il est prêt à exécuter cette décision à condition que le wali octroie suffisamment de logements pour y reloger les familles. «Nous sommes pour la légalité, mais qu’ils nous donnent une alternative, car je ne peux mettre dehors, en cette période de froid, des milliers de familles, d’enfants et de vieux », a-t-il déclaré. Un autre élu s’interroge sur le choix de lancer ces opérations de démolition à Tidjelabine, alors que d’autres localités possèdent les plus grands sites de bidonvilles à l’échelle de la wilaya. Il nous expliquera qu’il aurait fallu commencer par les habitations réalisées sans permis de construire au niveau des quartiers chics de la wilaya, notamment à Foes, où des logements sont construits sur des canalisations de gaz et d’eau potable. Et le maire d’ajouter : «Le wali a refusé de nous écouter. Il ne nous a pas laissé le temps de lui expliquer la situation de notre commune. Ses collaborateurs l’ont induit en erreur. Nous ne sommes pas responsables des conséquences de ses décisions», affirme Belkacem Guessoum.

Y. Z.

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