Accueil National Un présumé innocent, Amar Aït Bessaï, reste en prison

Un présumé innocent, Amar Aït Bessaï, reste en prison

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Les choses s’avèrent en fin de compte plus compliquées qu’on ne le croyait ! Et, « on », ce sont d’abord les proches d’Amar Ait Bessaï venus attendre un verdict de nature à rouvrir le procès qui l’a jeté en prison, voilà dix ans, pour un crime qu’il n’a, probablement, jamais commis.

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Ce sont, ensuite, les observateurs et les curieux venus assister à ce qui s’apparente à la première phase d’un « Outreau à l’algérienne » qui sont repartis quittes pour leurs frais (voir la Dépêche de Kabylie du 28 11 06).

Ouvert dans une atmosphère pesante, hier matin à la cour d’assises de Béjaïa, le procès des sieurs Samir Haddad et Moussa Benbellil, dont le premier est l’auteur de tardifs aveux de culpabilité faits, le 19 août dernier, à la police d’Akbou, s’est terminé aussitôt qu’il a commencé.

Impliqué par Samir Haddad comme étant son complice dans le meurtre, le 10 février 1995, de Mme Menoune Ait Bessaï, Moussa Benbellil nie catégoriquement. Depuis la prison où il a été placé, depuis les aveux de Samir Haddad, en détention préventive, il avait introduit un pourvoi en cassation contre l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation. Première difficulté, dans un procès que les observateurs croyaient scellé d’avance. De criminel sujet aux tourments de sa conscience qui finit par confier à la police son lourd secret, Samir Haddad laisse aussi suggérer les traits d’un « corbeau » malfaisant pouvant provoquer la ruine d’un nouvel innocent. « Il a parlé d’un Moussa qu’il aurait vaguement connu et c’est en procédant par divers recoupements que la police en est arrivée à incriminer notre client », prétend un des avocats de Benbellil.

Deuxième difficulté : partie civile, la fille de la victime, dans un effet encore plus inattendu, a, elle aussi, introduit un pourvoi en cassation. Interrogée au sortir de cette très courte audience, celle-ci s’est déclarée plutôt sceptique quant aux aveux faits par Samir Haddad qui, selon elle, ne recoupent pas totalement le déroulement des séquences criminelles ayant conduit au meurtre de sa mère le 10 février 1995. « Nous n’avons pas pu compulser le dossier ! La rapidité de son traitement est sujette à caution ! Nous sommes en présence d’une forme de référé criminel ! », tonne, pour sa part, Me Hafid Ladjouzi, avocat de la partie civile. Après avoir brièvement écouté les avocats et le parquet, la cour a décidé d’attendre les suites que la Cour suprême réservera aux deux pourvois en cassation pour enfin ouvrir ce procès qui s’annonce des plus retentissants. C’est le désappointement chez la famille Amar Ait Bessaï. « Nous sommes ainsi placés dans une situation kafkaïenne : c’est un innocent qui est pris dans l’entrelacs des procédures et dont le calvaire se poursuit », fulmine Me Mohamed Ikken, avocat de la famille.

Ce premier dénouement est en fait attendu par les observateurs de la chose judiciaire, même s’il semble aller à contre-courant des attentes de la chancellerie. Apparemment convaincue de l’innocence de celui qui croupit depuis dix ans en prison, elle a enrôlé ce procès en un temps record. Amar Ait Bessaï est transféré, dans la foulée, de la lointaine prison de Constantine à celle d’Akbou, son dernier lieu de résidence, comme pour préparer une libération qu’on pensait imminente.

M. Bessa.

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