Là haut, près du ciel où tout est en HD

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à Tikjda, on a l’impression d’être plus près du ciel. L’air est complètement autre. Plus de poussière. C’est comme si ça devenait net d’un coup. Un peu comme on passe de l’analogique au numérique. Tout s’offre aux yeux en HD. Et même plus. Ici le vert est vif et éclatant. Pas de place au blanc cassé non plus. C’est agréable ! Très ! Trop même ! Le site se prête pour un «lavage» machinal de l’esprit, même si ça a tendance à grouiller avec l’affluence des visiteurs. N’empêche qu’on apprécie grave ! Récit d’une virée, là haut, au deuxième jour de l’hiver.

Au lendemain du premier jour de l’hiver, les hauteurs du Djurdjura se sont parées d’un blanc immaculé et c’était là l’occasion pour des centaines de visiteurs de se rendre sur ce site, d’autant plus que les vacances scolaires ont permis des virées familiales. Sauf que par mal chance (surtout aux bambins), dès le début de l’après-midi, la neige cédait facilement aux indiscrets rayons de soleil qui transperçaient le ciel assez brumeux et bas. La poudreuse demeurait toutefois tenace sur les cimes de Lalla Khedidja et Taltat (la main du juif) ainsi qu’à proximité du lac Goulmim culminant à quelque 1700 mètres. Le tableau est encore plus agréable de loin. Du CNLST. Sur la route de la station, la neige tombée durant la nuit n’a pas assez tenue. Mais l’ambiance régnait tout le long de la RN33 jusqu’au site de Tikjda au cours de cet après-midi du jeudi dernier. Des véhicules immatriculés 16, 15, 34, 06, 09 et 10 sont stationnés tout le long du trajet. Les uns s’amusent à cueillir des fraises sauvages, d’autres à ramasser des pommes de pin, d’autres à immortaliser le paysage avec en arrière-plan le lac de Tilesdit ou le chapeau du Gendarme, site féerique par excellence situé à proximité d’une cédraie séculaire. L’air y est pur et glacial et malgré un soleil timide qui se cache derrière les nuages, certaines familles ont décidé de s’offrir un pique-nique en pleine montagne. Avant d’arriver à la station climatique de Tikjda, sous des arbres gigantesques, des enfants jouent avec des cerfs-volants, une activité qui se prête à merveille avec ce léger vent qui souffle sur ces hauteurs avoisinant les 1 500 mètres d’altitude. Des citadins profitent également des troupeaux de vaches qui paissent sur les bas-côtés de la chaussée pour prendre leurs enfants en photo avec ces bovins. En entrant dans l’enceinte du CNLST, l’animation est à son comble également, joggeurs, promeneurs et randonneurs s’agitent dans toutes les directions. Les singes sont également de la partie, ils attendent patiemment que des visiteurs leurs cèdent quelque nourriture. Même si cela est interdit et est clairement mentionné sur plusieurs panneaux, cette consigne n’est hélas pas respectée.

On prépare déjà les skis !

Des agents du Parc National du Djurdura veillent pourtant à sensibiliser les touristes sur la préservation de l’écosystème, mais rares sont les personnes conscientes qui tiennent compte des avertissements. D’ailleurs sur place, on raconte que les agents du PND sont extrêmement sévères et dressent souvent des procès-verbaux aux contrevenants qui s’amusent à cueillir des plantes dans cette réserve biosphère de l’UNESCO. Des agents qui toutefois font preuve d’extrême gentillesse en usant de pédagogie et en répondant volontiers aux questions qui leur sont posées par les enfants. A proximité d’une cédraie, un couple avec 02 enfants commencent à jeter des cacahuètes aux singes qui se rassemblent très vite autour de cette nourriture providentielle. Ces animaux font preuve d’une certaine agressivité entre eux lorsqu’il s’agit de cacahuètes et les enfants ont vite pris peur en entendant grogner férocement ces primates. Un agent du CNLST interviendra pour intimer l’ordre à cette famille de s’éloigner et de ne plus nourrir les singes. Les visiteurs apeurés sont immédiatement remontés dans leur véhicule. «Nous sommes souvent confrontés à ce genre de situation et nous ne pouvons que déplorer le manque de civisme de certains visiteurs», nous confie cet agent visiblement habitué à des comportements insensés. L’air de jeux grouille de bambins, emmitouflés dans des anoraks et des écharpes, qui ont pris d’assaut les balançoires sous l’œil vigilant de leurs parents. C’est le cas de Rachid et de son épouse accompagnés de leurs trois enfants. Originaires de Dar El Beida, ils avouent qu’ils viennent à Tikjda aussi souvent que le temps le permet : «A Alger, l’air marin est de plus en plus pollué, les enfants sont tout le temps malades et le médecin nous a recommandé de leur faire faire des virées en haute montagne. Nous essayons au moins une fois par semaine de venir ici», confie Rachid.

Dans «Tasga» à la cafétéria du CNLST

Au niveau de la cafétéria du CNLST, beaucoup de changement ont apparu depuis l’année dernière. Des travaux de réfection ont été effectués et le cadre convivial de l’établissement se retrouve rehaussé. Un espace dénommé «Tasga» a été créé à l’intérieur de cette cafétéria, et l’on peut se sentir comme dans une maison kabyle d’antan. Le décor est très rustique avec des troncs d’arbres en guise de poutre, des jarres en terre, un comptoir sculpté avec des motifs berbères. Tout a été conçu pour que le visiteur replonge dans la Kabylie des années 1900. Pour M. Belkacemi, chargé de la communication et des animations, le CNLST est un établissement des plus agréables à Bouira et rares sont les hôtels pouvant se targuer d’offrir des prestations hôtelières d’aussi bonnes qualités : «Au CNLST, nous essayons d’offrir d’excellentes prestations de services et notre personnel reçoit sans cesse des instructions pour permettre à nos clients de se sentir à l’aise.» D’ailleurs, selon notre interlocuteur, plusieurs animations seront au menu de cette saison hivernale avec notamment des cours de ski pour les enfants : «Nous organiserons chaque semaine des animations pour initier les jeunes et les plus jeunes aux joies de la poudreuse avec des moniteurs de ski et des loisirs tels que des descentes de luges sur des pistes enneigées. Cela permettra de divertir les enfants ainsi que leurs parents», indiquera M. Belkacemi. En sortant de la station climatique, et malgré le brouillard, de nombreux automobilistes affluent vers ce centre en quête d’un espace de détente. D’ailleurs des bus immatriculés à Bordj Bou Arreridj et à Sétif arrivent difficilement à se frayer un chemin aux abords du CNLST. Des adolescents chantent à tue-tête en descendant des bus. Ce sont des lycéens et collégiens visiblement venus en excursion pour s’adonner aux joies de la neige même si cette dernière n’est pas au rendez-vous. Cependant, aucun signe de déception n’est visible chez ces visiteurs qui commencent aussitôt à courir dans tous les sens avec leurs smartphones pour faire des selfies et des vidéos. Leurs accompagnateurs auront tout le mal du monde à les rassembler pour les mettre en rangs et entamer une petite randonnée vers Tighzert. Les gosses attirés par l’odeur des cailles à la braise improviseront un break devant la camionnette proposant cette nourriture. «L’air de la montagne donne faim !» répondra un gosse à l’adresse de son accompagnateur. Pendant que quelques-uns se permettaient de casser la croûte, les autres enfants se dispersaient aux alentours du chalet du Kaf pour admirer le paysage. Un paysage qui ne tardera pas à se couvrir de son manteau d’hiver très prochainement. Ce qui ne manquera pas d’attirer davantage de visiteurs surtout que depuis ce weekend, des bus ont été mis en service pour relier Bouira à cette station climatique de haute montagne.

Hafidh B.

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