En attente de lendemains meilleurs

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Les 15 000 habitants de la commune de Tizi N’Tléta, au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont gros sur le cœur.

La faillite des élus qui se sont succédé à la tête de la municipalité est flagrante. «Présentement, c’est le RCD qui gère mais avant ce mandat, le FFS n’a pas fait grand-chose non plus», se désole cet élément actif d’un comité de quartier. Dans cette bourgade reculée de la wilaya, les manques sont multiples, au grand dam de la population locale. La seule satisfaction vient du réseau de gaz naturel qui a atteint un taux appréciable de pénétration, puisque les trois importants villages et le chef-lieu sont raccordés. Les habitations non encore raccordées, notamment celles éparses et nouvelles, devraient être la priorité des autorités communales, de daïra et de wilaya car dans cette région, les hivers sont rigoureux. Pour ce qui est du réseau de l’électricité qui existe déjà et dont le taux de couverture est tout aussi appréciable, beaucoup d’habitations ne jouissent pas encore de cette énergie. Dans les quartiers d’El Djama, Tigrine, Louvayar, Veghla, Cheurfa, Ath El Hadj Ali et Ighil Imoula, les citoyens ont toujours recours aux branchements illicites via des compteurs de voisinages. Les chutes de tension récurrentes font que même les climatiseurs ne s’allument pas parfois. Les appareils électroménagers, les ordinateurs et autres en subissent souvent des coups de l’humeur de la tension.

L’assainissement non-généralisé et l’environnement en souffrance

À travers les villages d’Aït Abdelmoumène, Cheurfa et Ighil Imoula, le réseau de l’assainissement n’est pas encore optimal. Dans plusieurs quartiers, à l’instar de Taghoucht, El Djama, Assamar, pour ne citer que ces quartiers, le réseau n’existe même pas. Les habitants ont toujours recours à l’utilisation de trous pour déverser leurs eaux usées. Les vergers, les oueds et les ravins sont si pollués que leur exploitation a été abandonnée. Les animaux sauvages et les oiseaux ont fini par être décimés par la pollution. Les chiens et chats errants ont pris le relais, ils s’y trouvent dans ces endroits pestilentiels. Au sujet de la collecte des ordures ménagères, elle ne se fait que sur les grands axes des villages et à raison d’une rotation par semaine. Du coup, les déchets et les dépotoirs sauvages et anarchiques foisonnent dans les quatre coins de la municipalité. L’insalubrité s’est généralisée. La semaine passée, ce sont les comités de villages et les associations écologiques qui se sont mobilisés pour nettoyer le plus grand village de la commune de Tizi N’Tléta. En l’espace de quelques heures seulement de travail, les volontaires et amis de la nature ont pu ramasser des tonnes de déchets. Les bénévoles n’entendent pas en rester là puisqu’ils comptent renouveler l’opération à chaque fois que cela s’avère nécessaire. C’est dire que le ramassage des ordures ménagères, assuré par l’APC, est à améliorer surtout par le renforcement du parc roulant et du personnel. Concernant le secteur de l’alimentation en eau potable, les villages de Cheurfa, Aït El Hadj Ali et Aït Abdelmoumène ne sont alimentés qu’à hauteur de deux fois par semaine. Le rationnement est de mise même en hiver. Il faut reconnaître que cette saison, la distribution du liquide précieux a été régulière, les citoyens n’ont pas eu recours à l’achat de citernes tractables comme c’est le cas depuis de nombreuses années. D’ailleurs, aucune action de protestation n’a eu lieu. Le branchement via le barrage Koudiet Asserdoun a, semble-t-il, stabilisé la situation en attendant mieux. Toutefois, beaucoup de familles n’utilisent cette eau que pour les besoins de lavage et de cuisine. «Le goût de l’eau a changé depuis la mise en service de la nouvelle conduite. L’eau est imbuvable, nous achetons alors de l’eau minérale», dira un citoyen de Tassoukit. D’autres trouvent que c’est juste une question d’habitude, d’autant plus que les services de l’ADE affirment que «l’eau est meilleure que celle de Taksebt et des forages de Tassadort».

Ni stade ni maison de jeunes…

La commune de Tizi N’Tléta est sans doute l’une des communes de la wilaya les plus lésées dans le domaine de la jeunesse, du sport et de la culture. En 2017, elle n’est toujours pas dotée d’un stade communal, d’une salle polyvalente ou même d’une maison de jeunes. L’aire de jeux sise au chef-lieu communal ne répond à aucune norme pour être homologuée. L’aire de jeux du village d’Aït Abdelmoumène, située en pleine forêt de Tizgui, ressemble à tout sauf à un stade de football. Le terrain est caillouteux, la clôture, l’éclairage et les vestiaires n’existent pas et les talus toujours menaçants. Du coup, la seule équipe de la région qui a su accéder en division honneur du championnat de wilaya, à savoir le MSA, a dû mettre la clé sous le paillasson depuis plus de trois ans. L’indisponibilité d’un stade et l’absence de subvention par l’APC l’ont contraint à abandonner la pratique sportive. Les joueurs ont été récupérés par les équipes de Ouadhias, Mechtras, Maâtkas et Béni Douala et d’autres ont carrément renforcé les rangs des «Hitistes». Il faut également signaler que la commune ne dispose pas, après plus de 60 ans d’indépendance, d’une salle polyvalente. Le volley-ball, le basket-ball, le handball n’ont pas le droit de citer dans cette localité. La seule salle disponible sert de salle d’entraînement aux judokas. Les amateurs des arts martiaux s’entrainent dans des garages de fortune sans le minimum de commodités. Pour ce qui est du secteur de la culture, c’est tout bonnement le désert. L’indisponibilité d’une véritable maison de jeunes est un facteur aggravant. Quant aux foyers de jeunes construits ça et là ils sont inopérants et servent de salles de réunion aux politiques.

Le semblant de chef-lieu, une vitrine encrassée !

Le chef-lieu de la commune de Tizi N’Tléta est dans tous ses états. D’une part, cette agglomération en forme d’un virage sur la route nationale N°30 ne jouit de rien du tout, hormis le siège de mairie, l’école primaire, le CEM, le lycée, le centre de santé et l’agence postale. Les quelques cafés maures et les quelques commerces privés sont l’essentiel de la soi-disant «ville». Les trottoirs n’existent qu’en parti et sont dans un piteux état. Les espaces verts, les jardins ou les jets d’eau ne sont que dans les esprits des habitants. Les avaloirs et les abribus ne sont pas disponibles. Le service public est réduit à sa forme la plus élémentaire. Le secteur financier brille par son indisponibilité. Les médecins spécialisés, il faut voir ailleurs. La commune ne jouit d’aucun service de sécurité. Du coup, l’insécurité et le chaos sont légions. De l’autre côté, en allant à Cheurfa, se trouve le lieu où stationnent les fourgons car rien n’indiquent que l’on est dans une station, mais l’anarchie et les bouchons y sont au quotidien. Le constat est pareil à l’arrêt des fourgons desservant la ligne Ouadhias – Boghni, sur la RN30 et celui en allant vers Aït Bouadou. Cette contrée ressemble à un fantôme diurne. Les citoyens attendent légitimement leur part de développement, à l’instar de toutes les autres régions du pays. «Une commune qui a été le bastion de la révolution algérienne où même la déclaration du 1er novembre a été tirée et diffusée sur l’ensemble du territoire national mérite une attention particulière pour non seulement rattraper son retard mais aussi pour sortir la tête de l’eau», appellent, de toutes leurs forces, les habitants de la localité.

Hocine T.

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