Inesman veut mieux vivre !

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Dans la région d’Inesman, sur les hauteurs de la commune de Taghzout, au nord de Bouira, le train du développement semble en panne.

La population manque presque de tout : eau, gaz, routes, infrastructures… Se sentant marginalisés par les pouvoirs publics, les villageois sont unanimes à dire qu’ils sont en train de «vivre la même misère que celle vécue par leurs parents.»

1956, les villageois fuient Helouane pour Inesman

La région d’Inesman regroupe plusieurs villages et hameaux. Sa population, composée d’environs 600 foyers, est concentrée à Inesmane-centre, Tala Boughelal, L’kaf Ouaarkouv, Maadhi, Ighil Oumenchar et Ath Lkadhi. Les Ath Helouane, comme on les dénomme dans la région, se sont établis sur cette montagne vers 1956. Ils ont trouvé refuge sur les hauteurs de Taghzout, après avoir été chassés par l’armée française qui détruira leur village natal Helouane, et se sont établis à Inesman et ses environs. Certains villageois d’Ath Helouane ont préféré s’installer dans la plaine à Oued El Berdi, au sud de la commune de Bouira, où des dizaines de familles y vivent toujours. Ils se sont, ainsi, éparpillés entre leur village natal et Bounouh, au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou. Les villageois racontent que la destruction de leur village et l’expulsion de ses familles ont été décidées par l’armée coloniale en représailles au soutien des populations locales aux maquisards. Pendant la révolution, des dizaines de villageois ont rejoint le maquis, dont 21 sont tombés au champ d’honneur. En 1956, des dizaines de villageois de Helouane ont plié bagage vers la région d’Inesman, où la majorité des villageois s’y sont installés. Après l’indépendance, beaucoup de familles sont retournées dans leur village natal, avec lesquelles les villageois installés sur les hauteurs de Taghzout gardent toujours des liens étroits. À Inesman, au fil des années, plusieurs quartiers ont vu le jour. La population se compte actuellement par centaines, voire plus. Les besoins des villageois, surtout en termes de commodités de la vie, sont aussi devenus nombreux. Des choses ont été, certes, réalisées ces dernières décennies, mais beaucoup reste à faire. Routes, gaz, eau, éclairage, assainissement&hellip,; ce sont là les multiples insuffisances relevées par les villageois.

Manque de transport

Ahmed, un cinquantenaire qui consacre le plus clair de son temps aux préoccupations de la population, brosse un tableau peu reluisant de la situation que vivent les villageois depuis plusieurs années. Selon lui, le transport manque beaucoup et pour les villageois désireux de se rendre à Taghzout ou Bouira, ou rallier les villages d’Inesman à partir de ces deux villes, c’est un véritable parcours du combattant. «Les moyens de transport manquent cruellement et les villageois en souffrent. Certains transporteurs assurant la desserte vers les nombreux villages d’Inesman ne rentrent qu’en fin de soirée et refusent de faire le trajet du retour. Ils prétextent l’état dégradé des routes», confie notre interlocuteur. Selon ce dernier, le problème est lié essentiellement à l’impraticabilité des voies d’accès. «Les routes sont très dégradées et les transporteurs refusent de les emprunter. Des pistes existent mais elles ne sont pas aménagées. Celle menant d’Inesman-centre vers L’kaf Ouaarkouv peut résoudre beaucoup de problèmes. Si elle venait à être aménagée, elle soulagera les populations de trois villages en leur facilitant la circulation et l’accès», soutient-il. Et d’ajouter : «Il y a juste 1,9 km de revêtement à poser pour permettre aux populations de tous les villages d’Inesman de respirer. On a beau réclamé l’aménagement de cette piste, mais en vain.» Toujours à propos de cette piste, notre interlocuteur expliquera que celle-ci relie Inesman à L’kaf Ouaarkouv et de là rallier facilement Taghzout, Chaabet Braham et Bouira. Selon Ahmed, cette piste revêt un caractère important non seulement pour les populations des cinq villages de Taghzout, mais aussi pour celles de la commune voisine d’Ath Laâziz.

Égout à ciel ouvert à Agni Medjber

Non loin d’un hameau appelé Agni Medjber, un endroit où sont collectées toutes les eaux usées des villages d’Inesman égratigne le tableau. Les lieux empestent et les odeurs sont insupportables. Une fuite survenue sur le réseau laisse couler des eaux usées dans un ravin. Un des villageois nous dira qu’à quelques mètres du lieu de la fuite, il y a un puits et ses eaux risquent d’être contaminées par les eaux usées. Selon nos interlocuteurs, à l’origine de la fuite, des travaux de réalisation de la conduite et du collecteur d’égouts effectués il y a quelques années à la va vite. «L’entreprise en charge du projet n’a pas accompli un bon travail. Interpellé à ce sujet, l’actuel P/APC dit ne pas vouloir assurer les erreurs des autres», témoigne-t-on. Les villageois rappellent un drame survenu dans le village il y a quelques années, lorsqu’un enfant avait perdu la vie en chutant dans un regard qui ne disposait pas de protection. Pour les villageois, le réseau d’assainissement a été mal conçu et rafistolé. «Il y a quelques jours, à la veille de la venue d’une commission d’enquête conduite par le chef de daïra, il a été procédé à quelques réparations», dira-t-on.

Voies d’accès dégradées

D’Agni Madjber à Inesman, il y a moins d’un kilomètre de distance. La route qui y mène est une pente assez abrupte. Des maisons la bordent de part et d’autres. Au fur et à mesure que l’on monte, la route devient quasi impraticable. Un tronçon de 250 mètres de la route traversant le village est en piteux état. Du revêtement, il ne reste qu’une mince couche de goudron et point d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales ! Ces dernières ont érodé la route et l’ont transformé au fil des hivers en véritable oued. Pour les villageois, l’état de ce tronçon constitue un gros problème d’autant qu’elle dessert la mosquée, le centre de soins et l’école primaire. «On a demandé ne serait-ce qu’une petite opération de réhabilitation à l’aide de stérilet, mais le maire dit préférer attendre le passage du gaz de ville pour entreprendre une opération de réfection», indiquent des villageois d’Inesman. Selon ces derniers, d’autres voies d’accès sont en proie à la dégradation. C’est le cas de celle menant d’Inesman-centre à Ighzer Oumenchar. À en croire les villageois, l’entreprise intervenue lors des travaux de confortement de la route, suite aux glissements de terrain survenus sur cet axe, a abimé le revêtement et n’a pas procédé à sa remise en état. Nos interlocuteurs citent aussi le cas de la piste menant d’Inesman à L’kef Ouaarkouv.

Éclairage public inexistant

Sur la route traversant Inesman, plusieurs pylônes électriques y sont installés sauf que ces derniers ne disposent pas de l’indispensable cinquième fil destiné au réseau de l’éclairage. Sur ces pylônes, quelques lampadaires sont visibles mais ils n’éclairent plus rien. Ce cinquième fil suspendu sur les pylônes a été installé il y a quelques années d’une manière aléatoire et de façon provisoire, mais il ne sert plus à rien. Selon les villageois, à la tombée de la nuit, c’est l’obscurité totale dans tout le village. Les mêmes villageois parlent d’un projet d’un réseau d’éclairage pour un montant de 250 millions de centimes annoncé par le maire lors de son

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