Questions pour des Champions…

Partager

Par Hassan Moali

Les matchs s’enchaînent et l’écume commence à s’échapper de la Coupe du Monde russe, décidément bien pleine de surprises. Le cru du Tsar a soudainement pris le goût de la vodka frelatée pour les tops joueurs et leurs sélections habituées à l’ivresse de la gloire. Eh oui ! Au pays de Vladimir Poutine, la peur a changé de camp. Il n’y a plus de place pour les pédigrées ni pour les palmarès. Les puristes sont agréablement surpris par la révolte des petits. Ces «prolétaires» de la planète football, visiblement bien décidés -du moins pour ce premier tour- à chambouler l’ordre des classes au pays de Lénine. Et pour cause ! Les machines allemandes, pourtant si rôdées à ces joutes relevées, ont subi une défaite comparable à celle de Stalingrad. Elles ont grincé face aux vaillants Mexicains emmenés par le vétéran Raphael Marquez, qui réussirent un magnifique coup de sombrero. Il y a lieu de poser des questions pour un champion face à cette «Katastrophe» qui a enflammé la presse allemande. Petit incident de parcours ou fin d’un cycle pour la Mannschaft de Joaquim Löw? On en saura un peu plus prochainement. Les Mexicains, eux, savourent une victoire historique qui aurait même provoqué un séisme au pays ! Le Brésil, arrivé en Russie avec sa méga star Neymar en conquérant, a lui aussi laissé des plumes. Et des points. Les quintuples champions du monde, qui pensaient ne faire qu’une bouchée de ces «petits suisses», ont été forcés au partage des points. Après une première mi-temps très aboutie ponctuée par un but stratosphérique de Coutinho, la Seleção a fini par tomber dans la facilité et donner des ailes à des Helvètes qui ne se firent pas prier pour leur voler un précieux point. Certes, il n’y a pas de quoi s’alarmer pour les Auriverdes qui vont sans doute danser la samba aux prochains matchs. Mais pour les Suisses, s’offrir le Brésil a un goût de bon chocolat… suisse. Sur papier et au vu des tableaux d’affichage de ces premiers matchs, les contre-performances de l’Argentine de Messi, de l’Allemagne de Muller et le Brésil de Neymar, annoncent peut-être un chamboulement de l’ordre mondial du football. Gardons-nous tout de même de tirer des conclusions hâtives. Ces révoltes des petits pourraient aussi servir de coups de clairon à une reconquista des seigneurs historiques du jeu à onze, histoire de revenir aux fondamentaux de la géopolitique du football. Rien ne dit cependant que la Belgique du maestro Hazard, l’Angleterre du prince Harry Kane ou encore la Croatie du génial Modric ne parviendraient pas à renverser l’échelle des valeurs. Ces sélections, qui talonnent les grosses écuries, peuvent prétendre cette fois au Graal avec leurs armadas de pépites qui font le bonheur des socios sur le Vieux Continent. La Russie va-t-elle nous offrir un nouveau champion du monde ? Il y a en tous les cas quelques ingrédients annonciateurs d’un probable nivellement pas le bas. Au pays de la dialectique marxiste, la lutte des classes fait rage sur les terrains de foot. Seuls les pays Arabes gardent leur «statut» peu glorieux de touristes partis amuser les galeries dans ce beau pays qui respire l’exotisme (et plus si affinités…) à tous points de vue. Qu’attendre par exemple d’une sélection- celle des Al Saoud- qui tire gloire d’une défaite cinglante de 5 buts à 0 et dont les dignitaires politiques et médiatiques soulignent la «souffrance» -tenez-vous bien- des Russes à leur mettre un 6ème but ? Quel exploit !

H. M.

Partager