Les Lions rugissent, les Arabes se couchent…

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Par Hassan Moali

Cette chronique justifie déjà son intitulé : Coup de patte. Merci qui ? Merci à ces vaillants Lions sénégalais qui ont redonné de belles couleurs à l’Afrique du football, à la faveur d’un exploit retentissant contre la Pologne de Robert Lewandowski. On doit saluer bien bas l’attitude sérieuse et appliquée des poulains d’Aliou Cisse qui tranche avec la légèreté qui caractérise la gestion de cette compétition par les autres sélections africaines. Organisation tactique impeccable, fluidité dans les transmissions, occupation judicieuse des espaces et, par-dessus tout, un engagement physique impressionnant. Telle est la recette de cette prestation haut de gamme des Sénégalais. Ce fut un pur bonheur de voir jouer Sadio Mané, M’Baye Nyang, Kalidou Koulibaly et autres Cheikhou Kouyate et Moussa Sow. Un régal qui nous réconcilie avec le beau football qui conjugue puissance physique et maîtrise technique. Le Sénégal a fait honneur à l’Afrique comme en 2002 quand El Hadji Diouf renvoya la France, championne du monde en titre, à Paris. Cette équipe a du caractère. Elle peut faire mal à ses adversaires. Aliou Cisse, qui a le même âge que notre Madjer national, garde la tête sur les épaules. Il ne s’enflamme pas. Il ne parle pas trop. Il ne calcule pas. Mais il est terriblement efficace sur le rectangle vert. C’est une belle leçon d’humilité qu’il donne à tous ces apprentis coachs dont l’arrogance est inversement proportionnelle à leur «talent». Les «tirailleurs» sénégalais des temps modernes que sont Mané, N’diaye, Guey et Ndoye pourraient, on l’espère bien, effacer l’héritage peu glorieux de leurs aïeuls que la France a mis à contribution pour mater les mouvements de libération, notamment en Algérie. Ils peuvent aller loin pour peu qu’ils gardent leur état d’esprit de compétiteurs qui ne regardent pas l’adversaire jouer. C’est précisément cette attitude décomplexée qui a manqué aux Marocains et aux Tunisiens et à un degré moindre aux Egyptiens. Ces derniers ont perdu leurs matchs avant de les avoir joués. On a tant et tant parlé des ravages qu’allait faire Mohamed Salah dans cette Coupe du Monde. Ironie du sort et du sport, «Oum Dounya» est la première nation à quitter la Russie avec ses pharaons inoffensifs. Un petit tour, puis s’en vont ! Le feuilleton égyptien a connu un épilogue à la fois rapide et inattendu par les puristes. Inutile de gloser sur le scénario de la blessure de Mohamed Salah. Ce serait une mise en scène de mauvais goût que de faire valoir le jeu étriqué du génial gaucher de Liverpool pour expliquer les navets produits par les onze acteurs engagés par Hector Cuper. Non, l’Egypte n’a rien prouvé pour rester longtemps en Russie. Son «raïs» Al-Sissi aurait pourtant aimé brandir un exploit de Salah et ses coéquipiers comme un trophée de guerre face à ses adversaires politiques. La pyramide s’est renversée sur lui et les représentants d’«Oum Douniya» quittent le Mondial la queue entre les jambes… Maigre consolation, ils feront leur voyage de retour avec leurs amis de fortune et d’infortune d’Arabie Saoudite qui ont composté leurs billets hier contre l’Uruguay. Comme contre la Russie, les porte-étendards des Al Saoud ont mordu le gazon et se sont fait mordre par un Luis Suarez sevré de buts. Mais avant de plier bagages, Egyptiens et Saoudiens vont s’affronter en duel, histoire de souligner un peu plus les guerres et les luttes fratricides qui déchirent les pays de l’ (im) monde arabe et plombent la libération de leurs peuples et leur cheminement vers la démocratie. «Allah Ghaleb» ou «al mouhim al moucharaka». Les excuses sont fumantes…

H. M.

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