«Ouvrir aux jeunes les infrastructures»

Partager

Dans cet entretien, le premier responsable de l’OPOW de Bouira, Fouad Dabba, parle de la situation des infrastructures sportives dans la wilaya et des projets d’avenir au profit des clubs et associations de Bouira.

La Dépêche de Kabylie : Peut-on connaître le nombre d’infrastructures sportives rattachées à l’OPOW ?

Fouad Dabba : L’Office du parc omnisports de la wilaya est un établissement public à caractère administratif disposant d’une autonomie financière. Il gère 24 établissements sportifs répartis sur sept salles OMS, quatre salles spécialisées, dix piscines, dont neuf semi-olympiques, un stade OPOW (Rabah Bitat), doté d’une pelouse (gazon naturel) et de gradins de plus de 15 000 places, ainsi que d’un stade de proximité à Errich. Des d’infrastructures sportives mises à la disposition des sportifs de différentes disciplines, à condition qu’ils adhèrent à des associations sportives.

Cela suffit-il pour satisfaire la demande des associations sportives de la wilaya ?

Je dirais qu’on est dans les normes. On compte quelque 80 000 utilisateurs par année dans l’ensemble des infrastructures sportives. Toutefois, la pression demeure au niveau du chef-lieu de wilaya avec une moyenne de dix à quinze associations qui exerçant surtout des sports collectifs, d’où la difficulté d’établir des créneaux horaires pour satisfaire tout le monde. Bien qu’on ait mis tous les moyens nécessaires à leur service, il existe toujours des carences dans certaines communes, dépourvues de salles spécialisées par exemple. L’idéal serait d’atteindre, au minimum, une salle spécialisée par commune et une salle OMS par daïra. Je note que c’est la natation qui est en pleine expansion, avec dix piscines, soit une moyenne d’une piscine pour chaque daïra.

Des projets en perspective pour combler ces carences ?

La majorité des projets inscrits sont gelés, bien que toutes les études aient été finalisées. Parmi les projets bloqués, je citerai la piscine olympique de Bouira-ville, les semi-olympiques de Sour El Ghozlane, Oued Berdi et Souk El Khemis, ainsi que des salles spécialisées. Le gel a été décidé dans le cadre des restrictions budgétaires.

Ce n’est pas le cas des dix piscines dont dispose la wilaya…

En effet, Bouira compte au total dix piscines fonctionnelles, à l’exception de celle de Haïzer, qui connaît des travaux de réhabilitation. Les piscines en question sont gérées par des chefs d’unité, désignés par l’OPOW, et un encadrement pédagogique. On compte des écoles de formation de base et initiation à la pratique de la natation au profit des enfants qu’on affecte par la suite aux clubs de natation. Chaque piscine est occupée par deux clubs de natation, affiliés à la Ligue de wilaya. On a constaté, en revanche, un déficit en matière d’entraîneurs ou d’initiateurs à la natation. Cette année, on a reçu deux nouveaux conseillers dans la discipline, en plus des deux affectés l’année dernière. Des spécialistes au niveau des piscines de Bouira, Aïn Bessam, Sour El Ghozlane et Bir Ghbalou et qui sillonnent les piscines de la wilaya pour le suivi du travail qu’effectue les initiateurs locaux. Nous avons mis tous les moyens à leur disposition, reste le travail des techniciens et des nageurs. Cest à eux d’utiliser les bassins à bon escient pour faire émerger de futurs champions de natation. Sur ce point, je reste optimiste au vu du bon travail qui se fait. Il y a aussi les personnes atteintes de maladies chroniques et celles aux besoins spécifiques, qui sont accueillies gratuitement dans ces structures. C’est dire que les conditions d’exercice sont satisfaisantes, sachant que plusieurs équipes hors wilayas se déplacent à Bouira pour y effectuer leur préparation dans nos bassins, à l’instar de l’USM Alger et d’autres équipes de haut niveau issues d’Alger (Bordj El-Kiffan et Kouba), Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bordj Bou Arreridj… Même la sélection nationale des jeunes a choisi la piscine de Bechloul pour faire sa préparation.

Qu’en est-il de l’utilisation des piscines durant la période estivale ?

En application des orientations du wali, les portes des piscines sont ouvertes au grand public durant la période estivale, du 1er juillet au 31 août, moyennant un prix symbolique. Ceci a notamment pour but de dissuader les enfants et les jeunes de se ruer vers les barrages et autres retenues collinaires, car il n’échappe à personne que la baignade dans ces points d’eau est périlleuse. Hormis, donc, la piscine de Haïzer, fermée pour des travaux de mise à niveau, les autres sont fonctionnelles à raison d’une journée sur deux. Il faut savoir que toutes les piscines de la wilaya affichent complet.

Parlez-nous de la relation entre l’OPOW et les associations sportives ?

Le seul problème se situe dans le mode de paiement. Bien qu’il existe une convention signée entre l’OPOW et l’association sportive concernant le créneau de l’utilisation de la salle avec une somme pourtant très raisonnable à payer pour la saison, il y a malheureusement plusieurs clubs réfractaires et mauvais payeurs. Aujourd’hui, l’OPOW compte des créances qui dépassent les six millions de dinars. Pratiquement la majorité des associations ne payent pas leur dus. On paie, par conséquent, cash notre indulgence et compréhension à l’égard de ces clubs. Il faut souligner, en revanche, que les quatre salles spécialisées fonctionnelles ne peuvent contenir l’ensemble des associations sportives. Plusieurs clubs se bousculent pour les besoins des entraînements et des compétitions de différentes disciplines, individuelles et collectives. Il faut dire, par contre, que les salles fonctionnelles répondent aux normes internationales, à l’exemple de la salle OMS Rabah Bitat de Bouira qui dispose de 1 000 places, tandis que les autres en comptent 500. Il en est de même pour les piscines.

Six millions de DA de dettes, cela constitue un manque à gagner conséquent pour l’OPOW…

Tout à fait. Néanmoins, notre objectif c’est d’ouvrir les portes des infrastructures au profit des jeunes, à condition qu’ils adhèrent à des associations sportives, quelle que soit la discipline. Le but c’est de réunir un nombre important d’enfants et leur éviter de sombrer dans la délinquance et autres maux sociaux. Nonobstant l’existence d’une convention signée entre les deux parties (OPOW et clubs), la majorité des clubs ne paient pas leurs cotisations et ne remboursent pas le matériel dégradés par leurs athlètes. Cela dit, on fait de notre mieux pour aider, mais il ne faut pas oublier que l’OPOW dispose d’un mode de fonctionnement et compte des charges à payer. Heureusement que l’État prend en charge les salaires des fonctionnaires à raison de 60 à 70 % des charges annexes. Il est indispensable aujourd’hui de faire comprendre à chaque usager qu’il doit payer les charges afin de permettre une bonne gestion des infrastructures.

Qu’en est-il de la réouverture du stade OPOW Rabah Bitat, fermé depuis 2010 ?

Il est en voie d’achèvement, le taux d’avancement des travaux dépasse les 80%. Il ne reste que quelques retouches pour sa livraison, prévue au plus tard pour le mois de novembre prochain. Il y avait une série de travaux en continu qui ont débuté en 2009 avec l’installation de nouveaux projecteurs. De 2010 à 2013, il était question de la pose de la toiture de la tribune officielle, marquée par un gel conjoncturel des travaux, suivie de la modernisation des vestiaires. En 2015, c’est le coup de starter de l’extension des tribunes, deux fois 5 000 places. Néanmoins, à cause de la conjoncture financière que connaît le pays, seule une partie a été retenue, dont les travaux entrent en phase finale.

Dix années sans abriter de compétitions officielles, c’est tout de même aberrant, n’est-ce pas ?

C’est le cas de le dire. On peut, toutefois, voir les choses sous un autre angle. Il fallait, commencer par l’extension et la modernisation du stade, pour en faire une infrastructure répondant aux normes internationales. Sa réhabilitation était aussi indispensable. Une fois achevé, le stade pourra abriter des rencontres nationales et même internationales, étant donné qu’il est doté d’une pelouse excellemment entretenue, une des meilleurs en Algérie, quoique l’OPOW ne dispose toujours pas d’un matériel professionnel. Lors d’une visite, le MJS nous a accordé temporairement un matériel sophistiqué spécial gazon : tendeuse pro, tracteur adéquat pour le gazon et un aérateur automatique. Un matériel onéreux que nous avons gardé pendant deux semaines et qui a donné de très bons résultats. Aujourd’hui, nous devons ramener le même matériel d’un autre OPOW, celui de Koléa (Tipaza) pour la même mission. Il faut souligner que l’OPOW compte un site d’hébergement de 40 lits, un restaurant fonctionnel, un sauna, une salle de musculation, etc. Toutes les commodités existent pour mener à bien une préparation sportive. Les portes de l’OPOW sont grandes ouvertes pour l’ensemble des clubs et associations sportives. C’est d’ailleurs ici que l’IB Lakhdaria (DNA) a effectué, récemment, sa préparation de pré-saison. Il y a aussi une équipe de football de la wilaya d’Adrar qui y séjourne depuis le 26 août dernier.

Entretien réalisé par M’hena A

Partager