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VOLLEY-BALL FÉMININ - suite à un conflit entre le président et les entraîneurs : Le RC Béjaïa dans la tourmente

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Considéré comme un réservoir de jeunes talents du volley féminin, le RC Béjaïa serait au cœur d’une crise interne qui risque de le mener droit vers le mur.

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Après la décision de la direction du Racing Club Béjaïa (RCB) de boycotter le championnat national de volley-ball (minime et cadet) au mois de juillet dernier, un différend entre le président et le DTS ainsi que certains entraîneurs est né et risque de perdurer vu que les parties en désaccord campent sur leurs positions respectives. Ce qui risque de déstabiliser le fonctionnement du club, qui a gagné en notoriété après les probants résultats récoltés par ses différentes catégories. Pour connaître les tenants et aboutissant de cette affaire, on s’est rapproché du DTS du RCB, Rachid Kechtal, qui expliquera : «Les entraîneurs se sont révoltés contre la décision du président du club de déclarer unilatéralement forfait les catégories minimes et cadettes pour la phase finale du dernier championnat d’Algérie. Aujourd’hui encore, nous nous interrogeons sur les motivations qui l’ont poussé à agir de la sorte, sachant que l’intérêt de notre mission est porté sur la formation des jeunes joueuses et leur accompagnement. Ces entraîneurs et joueuses ont consenti d’énormes sacrifices tout au long de la saison sportive pour se qualifier à ce stade de la compétition. Ce qui intéresse, au plus haut point, ce président, ce sont les relations qu’il noue, au nom du club, avec des équipes étrangères. Son manque d’intérêt pour les jeunes catégories est démontré, sinon comment expliquer qu’il ait invité une délégation hongroise et une équipe tunisienne avec une totale prise en charge et en parallèle, il prive ses minimes et cadettes de leur participation au championnat d’Algérie, sous prétexte d’un problème financier ? Il a essayé aussi d’entraîner les autres clubs de Béjaïa dans sa démarche (WAB, NCB et MBB), qualifiés à cette prestigieuse compétition. Il est bon de signaler qu’au moment des faits, le président du RCB cumulait toujours trois fonctions : président du RCB, vice-président fédéral et président intérimaire de la Fédération algérienne de volley-ball, ce que la réglementation interdit formellement. En d’autres termes, il appelle au boycott de sa propre compétition. Une véritable histoire à dormir debout».

Les entraîneurs montent au créneau

Sur les raisons qui ont poussé le président du RCB à révoquer le DTS et certains entraîneurs, l’homme à tout du RCB rétorque : «Cette question mérite d’être posée au président. Nous n’arrivons pas à comprendre la portée de cette décision. Notre unique tort reste les très bons résultats réalisés dans toutes les catégories. Il nous convoque à une réunion de travail ayant pour ordre du jour la reprise des entraînements. Or, nous considérons que parler de reprise en se projetant dans l’avenir sans faire le bilan de l’exercice précédent n’a aucun sens. De ce fait, nous lui avons suggéré de nous rencontrer pour faire le bilan technique et donner un aperçu sur la santé financière du club, sachant que les entraîneurs, joueuses et tous les prestataires n’ont pas été régularisés lors de l’exercice 2017/2018. Il est bon de vous signaler que les entraîneurs ne se sont jamais mêlés de la gestion administrative du club, mais de là à ne pas les associer à des décisions les concernant de très près… C’est inacceptable !». Invité à s’exprimer sur la suite à donner à ce conflit et les chances de voir le problème réglé rapidement, Rachid Kechtal affirme : «Les parents de joueuses auxquels nous avons fait part de la situation ont essayé une médiation, en proposant au président une réunion en leur présence avec les dirigeants et les entraîneurs, pour tenter de relancer les activités. Malheureusement, cette louable proposition a été rejetée catégoriquement par ce président, qui s’est replié sur lui-même, mettant l’association devant une impasse. Inquiets devant cette situation sans issue, les parents ont sollicité la libération de leurs filles. Une demande qui leur a été également refusée, ce qui les a poussés à s’organiser et à faire un appel, par écrit, au président, l’invitant, dans l’intérêt du club, à quitter ses fonctions. Avec le recul et une bonne analyse des faits, on se rend compte que cette situation n’est pas fortuite. Elle est préméditée et programmée depuis son (président) investiture. Ce qui frappe les esprits, ce sont les mesures qu’il a élaborées pour assommer toute opposition, il a écarté quinze des dix-neuf membres fondateurs de la liste de l’assemblée générale et a marginalisé l’unique élue féminine en évitant de la convoquer aux réunions du bureau du CSA. Ces derniers ont sollicité l’intervention du directeur de la jeunesse et des sports de Béjaïa pour les rétablir dans leurs droits».

Les parents des athlètes s’en mêlent

Concernant les attentes du staff technique et des propositions de sortie de crise, l’ex-volleyeur de la Bravoure de Béjaïa certifie : «Le dossier est aujourd’hui sur le bureau du DJS et une copie est chez le ministre de la Jeunesse et des Sports. Le président du RC Béjaïa est en situation irrégulière vis-à-vis de la réglementation en vigueur sur deux aspects. Premièrement, il cumule les fonctions de président de club de volley-ball et de vice-président de la Fédération algérienne de volley-ball, ce qui est en totale opposition avec l’article 7 du journal officiel N°70 du 29/12/2015 décret exécutif N°15-340 qui dispose que tout membre d’une fédération, ligue ou club sportif concerné par une interdiction de cumul, telle que prévue par l’article 3, et postulant à une fonction élective au sein d’une structure d’organisation et d’animation sportives doit présenter un engagement écrit à démissionner de sa fonction dans les trente jours qui suivent la date de son élection dans cette structure. Passé ce délai, et à défaut de présentation de sa démission, il est passible de radiation de sa fonction élective, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur». Quand bien même les statuts de la FAVB appliqueraient le décret exécutif N° 16-153 du 23/05/2016, ce président est tenu par la condition de ne pas être en conflit d’intérêt avec la structure sportive associative ou le club sportif en rapport avec les responsabilités de la fonction pour laquelle il postule. Or comment ne pas l’être et comment rester neutre quand on est président de club et vice-président de la Fédération dans la même discipline ? Deuxièmement, à la date de son élection comme membre de bureau du RC Béjaïa, en septembre 2015, ce président était inéligible par une décision ministérielle du 07/10/2014, qui le sanctionne pour mauvaise gestion pour un mandat olympique pour la période allant du 01/01/2012 jusqu’à la date du renouvellement des instances pour le nouveau mandat, juin 2016. Le directeur de la jeunesse et des sports est le garant du respect de la réglementation, nous attendons de lui l’application des textes qui régissent le mouvement sportif national. Quelle que soit l’issue de ce conflit, l’élan pris par le gigantesque travail des entraîneurs est brisé, et nous mesurons la tâche énorme à accomplir pour redresser ce club, qui nous est très cher, dans l’objectif de préserver ses acquis et garantir un bel avenir à l’ensemble des joueuses».

Le président nie toute crise

Accusé d’être derrière le blocage du club, le président du RCB, Tamadartaza Mohand, joint pour avoir sa version des faits, assure qu’aucune situation de crise ne prévaut au sein du club : «Il n’y a aucun blocage au niveau du RC Béjaïa et toutes les catégories s’entraînent et à des horaires réguliers avec un effectif suffisant. Effectivement, il reste encore quelques parents d’athlètes récalcitrants, amis des entraîneurs qui ont quitté le club, qui empêchent leurs filles de rejoindre les entraînements, sans plus. Donc, en ce qui nous concerne, en tant que président et membres du bureau du RCB, nous n’avons aucun problème au niveau du club», assure-t-il. S’agissant de la situation administrative des techniciens, le vice-président de la Fédération algérienne de volley-ball affirme avec conviction: «Ces entraîneurs ne sont liés au RCB par aucun document règlementaire ou légal. Ils ont décidé d’être solidaires autour de certaines revendications exclusivement réservées au bureau et à l’assemblée générale de l’association. Je vous invite aux entraînements des trois catégories régulièrement affiliées à la Fédération algérienne de volley-ball pour constater de visu que le club a repris sa préparation pour la saison 2018/2019 le plus normalement du monde».

Z. H.

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