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LATIF ALLAOUA, entraîneur national de ski : «On est en train de bricoler»

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Dans cet entretien, Latif Allaoua, ancien skieur qui avait pris part aux J-O d’Albertville, en 1992, et actuel entraîneur de la sélection nationale de ski, parle de ce sport d’hiver qui n’arrive pas à redémarrer en Algérie à cause de plusieurs contraintes, liées principalement aux remontées mécanique.

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La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous de cette discipline en plein déclin en Algérie ?

Latif Allaoua : C’est le cas de le dire. Aujourd’hui, on ne parle plus de ski, puisque la fédération, la FASSM, regroupe le ski et les sports de montagne (escalades et randonnées). En plus du ski, au niveau de la FASSM, on m’a chargé de suivre et d’organiser le stage de formation des officiels des compétitions de l’escalade, de randonnées et de ski. La majorité des participants sont de la Ligue de Bouira qui compte plusieurs clubs.

Quel sont les thèmes développés lors de cette formation ?

Essentiellement la préparation des compétitions de ski et la finale de Coupe d’Algérie. La formation est répartie sur deux week-ends et les participants sur deux groupes de 20 éléments chacun. Le deuxième groupe suivra sa formation début janvier.

Où en est-on avec la pratique du ski en Algérie ?

Vous savez, tant qu’on marche à pied pour rejoindre le sommet de la montagne, on ne peut pas parler de Ski. Je dirais qu’on est en train de bricoler. Il faut améliorer les niveaux pour prendre part à des compétitions internationales. Mais pour cela, il nous faut des remontées mécaniques, c’est primordial. En plus de la fatigue, monter à pied jusqu’au sommet Akourar, par exemple, peut prendre une heure de marche. Tout ça pour une descente de 23 secondes ! Au lieu de faire plusieurs descentes, on perd notre temps et on se fatigue lors du retour, d’autant plus que le matériel est très lourd. Il faut réparer les remontées mécaniques, notamment celles de Tikjda, à l’arrêt depuis les années 1990, et songer à en installer d’autres. Il faut savoir que sans remontées mécaniques, il est inutile de parle de ski. Il faut que les pouvoirs publics fassent un effort, surtout à Tikjda, un pôle de ski par excellence, étant donné qu’il compte six pistes d’entraînement et un stade de slalom du côté d’Akouker, long de 800 m, lequel répond plus ou moins aux normes internationales. Il y a aussi Akouker face Nord et Sud et un troisième couloir du côté de Tighzert, appelé communément «Le nord», sans oublier «La combe», du côté du chalet du CAF.

Qu’en est-il de la compétition ?

On attend les premières chutes de neige. Notre activité dépend des conditions météorologiques et de la chute des neiges. C’est le même cas en Europe où plusieurs stations situées en basse altitude sont fermées carrément à cause du manque de neige. Les canons à neige ne suffisent plus.

A défaut de pratiquer le ski, il y a l’escalade mais surtout les randonnées pédestres, très en vogue avec le retour de la sécurité…

En effet. Le sport de montagne encourage le tourisme. On projette d’organiser des randonnées d’orientation, qu’on adaptera aux différents parcours. Plusieurs associations s’y mettent aussi, c’est une bonne chose. Mais il faudrait plus d’organisation. Ces dernières doivent chercher d’elles-mêmes les moyens et ne pas trop compter sur la FASSM, dont le rôle se résume à l’élite, la compétition et la formation. La Fédération est déjà dans le besoin, étant elle-même subventionnée.

Parlez-nous de la sélection nationale de ski ?

On a formé une équipe de jeunes talents, dont l’âge ne dépasse pas les 15 ans. Ils sont compétitifs et ont un bon niveau technique. Cela dit, on est très loin des autres pays, notamment européens, qui disposent de meilleurs moyens et d’un temps de travail plus conséquent. Nos skieurs peuvent certainement faire la descente, mais pas le chrono. Ils ne peuvent pas concurrencer les skieurs européens. On compte se rendre aux Alpes françaises en décembre prochain pour un stage de préparation. Ce sera certainement très bénéfique pour les jeunes qui saisiront l’occasion pour améliorer leur niveau. On compte aussi reprendre contact avec la Fédération internationale de ski pour éventuellement prendre part aux prochaines compétitions internationales. Il faut souligner que la première participation de l’Algérie aux jeux olympiques d’hiver remonte à 1992, à Albertville (France). J’y ai personnellement pris part avec trois autres skieurs algériens. On a, par ailleurs, participé à d’autres compétitions internationales : le ski de fond et ski alpin avec des binationaux, notamment à Vancouver, au Canada.

Entretien réalisé par M’hena A.

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