Le come-back de Madjid Soula

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Absent de la scène depuis presque vingt ans, Madjid Soula revient, cette année, avec un nouveau produit intitulé Akka Akka (c’est comme ça). Un album de quatorze titres que les milliers de fans ont eu le plaisir d’écouter en live, lors du dernier festival de la musique et de la chanson kabyle, à Béjaïa…

L’émotion était à son comble, le public a été littéralement subjugué par la voix de celui qu’on présente comme « le produit » d’Avril 1980. Le stress l’avait pris à la gorge, la peur de décevoir lui broyait les entrailles et cela, malgré des années d’exercices, l’angoisse était d’autant plus vive que l’artiste avait du mal à la contenir, mais une fois sur les planches, la magie s’est vite opéré et le public séduit. Le spectacle fut une grande réussite. Rencontré à la fin du show, Madjid Soula nous confia : « Je tiens à remercier l’ensemble des organisateurs de cette manifestation qui met à l’honneur la chanson kabyle, particulièrement Mr Fetmouche, le directeur du T R Béjaïa, qui n’a ménagé aucun effort pour le bon déroulement de tous les spectacles. Je n’ai pas pu ramener avec moi tous les musiciens avec lesquels j’ai l’habitude de travailler en France, mais ceux que j’ai eu le plaisir de rencontrer ici ne manquaient pas de talent, bien au contraire, il a fallu d’un regard pour que le message passe. En terme d’organisation et de logistique, la scène où je me suis produit n’a rien à envier aux spectacles qui se tiennent en Europe et je suis on ne peut plus fier de voir les choses évoluer dans mon pays. Vous ne pouvez imaginez ma joie d’être ici, de rencontrer mes fans et de leur parler, c’était aussi l’occasion de revoir des amis et des artistes que j’ai côtoyés par le passé et que je n’ai pas revus depuis vingt ans. Sincèrement, je ne sais plus quoi dire, je suis submergé par l’émotion. Merci et mille fois merci à ceux qui m’ont offert la chance de venir chanter pour ma Kabylie. »

Ses sujets de prédilection, Madjid Soula les puise dans les fins fonds de sa Kabylie. Ainsi, l’amour, la femme, la liberté la question identitaire… sont clamés avec passion et conviction, et c’est autour de cet axe que gravitent les textes de sa dernière création. Des sonorités Pop, Rock, Jazz, se mêlent à la musique traditionnelle kabyle pour accoucher d’un chef-d’œuvre, un style qui lui est propre, le « Ber-Soulamusic ». Madjid Soula voit dans le mariage des différentes sonorités une manière de promouvoir la musique, et par là la culture berbère à travers le monde… Et de continuer sur la lancée de toute une génération d’artistes qui ont beaucoup fait dans ce sens.

Mystique et résolument croyant, l’artiste invoque Dieu, dans «Ya Rebbi » (Ô Dieu), afin qu’Il lui vienne en aide, des prières qu’il espère salvatrices, sa foi en Dieu est inébranlable ! « Hamlaghkem (je t’aime), à l’adresse de la femme, sa compagne pour la vie, mais aussi un chant passionné et passionnant pour son autre amour, la musique, qui l’a toujours bercé. Le mal-être de la jeunesse, en proie à l’inaction, est chanté dans « Ilemziyen » ( la jeunesse), « Taluft » (ma vie ) et « Tamettut » ( D’accord ma chérie), nous rappellent l’insoutenable séparation d’un père fuyant la misère sociale, dans le désir d’y remédier, ou d’un jeune en mal de liberté la femme restant digne, attendant impatiemment le retour du bien-aimé…Et d’autres titres, que l’artiste veut comme une invite à la méditation. «A la première écoute du nouvel album de Madjid Soula, j’ai ressenti une musique généreuse qui donnait beaucoup de bonheur, une réalisation de qualité qui révèle la voix de Madjid, douce et attachante », écrivait le grand compositeur Serge Perathoner à propos du « Ber-Soula music ». Akka Akka est une immersion profonde dans les tréfonds de l’illustre Kabylie, que la voix doucereuse de Madjid Soula clame à cor et à cri.

Un album à écouter sans modération, …!

Nabila Guemghar

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