Le congrès de la Mouhafadha FLN de Tizi Ouzou a eu lieu vendredi dernier. L’ancien mouhafedh, Saïd Lakhdari, a obtenu la majorité des voies et sera vraisemblablement reconduit par Belkhadem comme nouveau mouhafedh.
Pour dénoncer les “multiples irrégularités», qui ont entaché l’élection, une vingtaine de kasmas menacent d’une démission collective. Le résultat final du vote donne lieu à une nouvelle configuration qui ne sera pas pour arranger les affaires du parti de Belkhadem à Tizi Ouzou d’autant plus que la composante actuelle du bureau de la mouhafadha, laisse présager déjà d’un conflit, qui opposera l’actuel mouhafedh à “au minimum” à trois de ses membres.
Le Front de Libération Nationale (FLN) a tenu, vendredi, une assemblée générale pour la réélection des membres du bureau de la mouhafadha de Tizi Ouzou, dans un climat très tendu. Entamée à 9h du matin sous la houlette de Amar Tou, ministre des transports, et superviseurs au nom du bureau national du FLN, cette assemblée générale a vu resurgir sur scène les différents clans et autres groupes qui se sont formés depuis le neuvième congrès du parti. Il faut dire que cette rencontre a été longtemps attendue et appréhendée par les militants vu l’enjeu qui s’y affairait comme nous l’explique ce vieux militants du parti de Belkhadem. “L’élection du jeudi dernier est déterminante sur le sort, qui sera réservée aux principaux candidats à la candidature des prochaines échéances électorales notamment législatives”. Du coup, chaque partie avait déployé ses réseaux pour s’assurer la bonne place et se faire élire par la “base” venu en nombre assister au congrès.
Dès les premières minutes de cette rencontre organique, la tension était vive et le secrétariat de l’assemblé a eu toutes les peines du monde pour maîtriser la situation. D’abord, il a eu la question de l’éligibilité de certains militants pour la présentation de leurs candidatures. Certains contesteront le fait que des militants qui se sont présentés à l’AGE avec seulement cinq années d’expérience soient accrédités. Des jeunes étudiants ont soulevé dans la foulée, la question de leur représentation au sein du bureau de la mouhafadha. “C’est une bonne manière d’exclure les jeunes du bureau de la mouhafadha», fera remarquer un jeune militant. Autre cas traité par la commission des candidatures, celle de militants qui n’ont pas été élus par la base mais qui, déclaration de retrait des autres concurrents en main, ont insisté pour valider leurs candidatures. La séance sera suspendue pendant plus d’une demi-heure dans un brouhaha total et une vive tension qui a amené le superviseur de l’AG élective à engager des discussions en aparté avec les belligérants. Juste après la reprise, Amar Tou concédera “au détriment des textes du parti” à ces militants dont la candidature a été pourtant rejetée par la commission installée à cet effet, l’éligibilité pour prendre part à l’élection ce qui soulèvera bien évidemment un tollé général parmi certaines kasmas du FLN.
Des irrégularités et une indescriptible tension
Le vote se prolongera jusqu’à minuit et les militants attendront jusqu’à une heure tardive pour connaître les résultats du dépouillement. Ces derniers donneront Saïd Lakhdari, l’ancien mouhafedh, largement en tête avec 240 voix suivie par Mme Aït Merar. L’opération permettra aussi à M. Sbahi, Mme Terki, M. Hanouti, Mlle Mansori, M. Slimani, M. Ayach, M. Metahri et M. Saadi de figurer dans le nouveau bureau de la mouhafadha.
Premier fait saillant des résultats du vote, plusieurs noms connus au sein du FLN à Tizi Ouzou ne feront plus partie de la nouvelle mouhafadha. Cependant, ce sont les irrégularités qui ont entaché le déroulement de cette assemblée générale élective, qui soulèveront l’ire des militants notamment de certains cadres du parti qui n’ont pas hésité à tirer à boulets rouges sur ses organisateurs. Ces militants nous ont fait savoir hier leur mécontentement quant au climat de tension “dans lequel s’est déroulé la rencontre mais surtout les entorses à la loi organique du pari de Belkhadem. “Un militant qui n’a même pas été élu par sa kasmas, se classant neuvième sur la liste, qui n’a pas été invité ni accrédité pour participer à l’AGE se retrouve membre de la mouhafadha au grand dam des militants sincères qui travaillent pour l’intérêt du parti. Nous allons réagir et saisir le secrétaire général du pari pour réparer ce préjudice», nous dit un militant du FLN. Ce dernier descendra en flamme le superviseur du vote désigné par le bureau politique qui a été selon lui, derrière ces irrégularités, “alors que la commission de candidature a rejeté le dossier de ce militant, M. Tou accorde sa bénédiction au nom de la démocratie. C’est insensé !», ajoutera-t-il.
De son côté Slimane Kerouche, cadre du parti de Belkhadem, a qualifié cette AGA de “mascarade”. Il indiquera à La Dépêche de Kabylie que l’assemblée générale a été “effectivement” entachée d’irrégularités “c’est un véritable massacre. Les lois organiques du parti n’ont pas été respectées. Nous allons attirer l’attention du secrétaire général du parti de ces entorses à la loi organique du FLN pour réparer ce préjudice. C’est inacceptable de trouver des gens qui n’ont même pas été élus par la base faire partis de la plus importante instance politique dans la wilaya. D’autres qui ont seulement la carte de 2010 ont présenté leur candidature, c’est pas normale», raconté dépité l’ancien candidat aux sénatoriales. Pour notre interlocuteur qui a assisté comme observateur, l’intervention de Belkhadem participera à “stopper la saignée” qui pourrait avoir lieu et à éviter que le mouvement de redressement qui secoue le parti n’investisse dans cette nouvelle crise qui se profile. Nos sources évoquent, dans ce sillage, l’éventuelle démission d’une vingtaine de kasmas pour protester contre ces irrégularités. Les mêmes sources précisent que trois sections locales ont déjà déposées hier un recours sur le bureau du SG du FLN, il s’agirait de la kasma de Beni Aïssi, Makouda et Aïn El Hemmam. Ce qui est certain, c’est que si le bureau politique du FLN valide les résultats de l’AGE du jeudi dernier en l’état, il est fort à parier que l’ex-parti unique connaîtra une période de crise où la démission de certains cadres influents n’est pas du tout à écarter.
A. Z.