Thighilt laissé pour compte

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Ath Oualvane, situé à 3Km à l’Ouest du chef-lieu de la commune de Saharidj, est l’un des plus anciens villages de cette municipalité mais aussi l’un des plus lésés en matière de développement. C’est le cas notamment de la cité Thighilt qui souffre de nombreuses insuffisances sur le volet aménagement. Les résidents de ce quartier se plaignent, en effet, de l’état de délabrement du chemin qui relie Thighilt à la route goudronnée. Une voie d’accès de quelques 800m, toujours à l’état de piste, impraticable durant une bonne partie de l’année, à partir des premières averses d’automne jusqu’au retour du beau temps à la fin du printemps, soit deux saisons de calvaire continu. La quantité de paires de bottes en caoutchouc dans chaque foyer se compte par le nombre des membres de la famille. Des bottes sans lesquelles aucun déplacement n’est possible, par temps humide, sur cette piste dont la nature du sol (terre blanche) est aussi collante que la glue. Emprunter cette piste boueuse, à raison de deux fois par jour, est une corvée qui donne des cauchemars aux écoliers, notamment les petits du primaire, avec en prime la surcharge des cartables et le froid, sachant que la majorité des résidents de ce village enclavé sont d’origine modeste et dont les enfants sont souvent mal habillés pour affronter les affres climatiques de cette région de haute montagne. Il nous a été donné d’observer, à maintes reprises, les écoliers de cette cité avancer péniblement sur cette piste, pliés en deux avec des cartables gonflés sur le dos et chaussés de lourdes bottes qui collent au sol. Ces pauvres petits mettent presque une heure à franchir les 800m de cette route qui n’est en fait qu’une piste agricole. Des citoyens révèlent qu’aucun véhicule ne peut s’aventurer sur ce sentier durant les deux saisons humides et que les malades et autres femmes sur le point d’accoucher sont évacués soit à dos d’âne soit à bout de bras, portés par leurs parents qui font souvent appel des « Porteurs volontaires », des jeunes gens qui font montre d’une solidarité exemplaire et qui prêtent leurs épaules sans hésitation, à n’importe quelle heure, de jour comme de nuit.

Ces citoyens souhaitent, au moins, un revêtement de cette unique voie d’accès, en tuf ou en tout venant de l’Oued, en attendant de bénéficier d’un revêtement en bitume comme le reste des villages de la commune. Notons, pour conclure, que ce « village martyr » au figuré et au propre, a donné les meilleurs de ses fils, en sacrifice pour l’indépendance, avec plus de 30 martyrs entre Fidayines et Mousseblines dont une femme qui a été froidement abattue après avoir désarmé un soldat Français.

Ce village a aussi été martyrisé par les hordes du sinistre Hassan Tayeb, émir de la région, qui ont perpétré un massacre en 1996 et cela en plus d’une dizaine d’appelés de l’ANP tombés au champ d’honneur durant la décennie noire.

Oulaid Soualah

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