Entre indifférence et rejet

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Contrairement aux localités de l’Ouest et du Sud de la wilaya de Bouira qui ont terriblement souffert durant la décennie noire et qui ont enregistré des taux records de participation frisant parfois les 100%, les localités berbérophones ont timidement participé au scrutin référendaire.C’est sans grande surprise que dès les premières heures de la matinée de jeudi, les chiffres du taux de participation concernant les élections portant sur le projet de charte et de réconciliation nationale se sont avérés très faibles. Pour la commune d’Aghbalou, comptant plus de 10 000 inscrits, près de la moitié d’entre eux, à savoir la population de Takerboust, chef-lieu communal, n’a pas pu effectuer son devoir électoral en l’absence des urnes qui n’ont pas été acheminées vers cette localité, d’où le taux de participation de 10,09% à l’échelle communale. Une indifférence observée dans tous les villages de la daïra de M’chedallah où 22% de la population s’est rendue aux urnes. A Bechloul, autre daïra berbérophone, beaucoup plus d’engouement avec un taux de 63% de participation. La décision des archs qui avaient pourtant appelé à un vaste mouvement de grève n’a finalement pas eu de retour d’écho aussi bien à Aghbalou, en passant par M’chedallah et jusqu’à Bechloul, aucun commerce n’avait baissé rideau. A noter que dans le village de Raffour, deux centres de vote ont été saccagés et des incidents ont été signalés dès la matinée, au même titre que El Esnam où les urnes des 5 centres de vote ont été brûlées. Même topo à Taourirt où l’on apprend que les urnes ont été incendiées par des manifestants hostiles au projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. A Chorfa, municipalité locale d’obédience FFS, quelques pneus brûlés sur la RN 26, et une très faible affluence a été enregistrée durant la matinée. Depuis 2002, où les villages de la région Est de Bouira avaient pris pour habitude de rejeter toutes les échéances électorales, la consultation de jeudi dernier peut être qualifiée d’exceptionnelle au point de vue participation car aucune commune n’a rejetée le vote, hormis celle d’El Esnam, même si les villages de quelques communes n’ont pas pris part à ce scrutin.Le village de Takerboust, lui, en est à son troisième rejet électoral depuis l’avènement de la dynamique des archs et il faut remonter dans le temps jusqu’en 1948, date à laquelle les citoyens du village avaient rejeté la consultation référendaire coloniale, pour retrouver pareil exemple. Même si des villages entiers se sont mobilisés pour rejeter ce scrutin, le taux de participation dans la région berbérophone est largement supérieur à ceux des élections de 2002 et de 2004, et ce n’est pas forcément les consignes d’abstention et de rejet émanant des différents partis politiques fortement ancrés dans ces régions qui sont à l’origine du faible taux de participation enregistré dans les municipalités de l’Est de la wilaya de Bouira.

Hafidh B.

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