La cécité… un mal en progression !

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Le Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi Ouzou a abrité jeudi dernier, une journée d’étude à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la vue.

Classée par l’Organisation mondiale de la vue (OMS) comme une date charnière pour la lutte contre les pathologiques oculaires cecitantes, la journée mondiale de la vue coïncidant annuellement avec le 13 octobre a été célébrée jeudi dernier à Tizi Ouzou. Un rendez- vous placé par l’OMS sous le mot d’ordre de » vision 2020 – le droit à la vue » depuis 1999.

Le Pr Ziri, directeur général du CHU a souligné dans une brève allocution d’ouverture de la Journée d’étude organisée à l’occasion, que le CHU Nedir-Mohamed, a traité durant le premier semestre de l’année en cours ,357 cataractes (mal qui se présente sous forme d’opacification de lentille convergente située à l’intérieur de l’œil ) avec implant et a pris en charge plus d’une vingtaine de greffes de cornée. Pour l’année 2010, le Pr Ziri a indiqué que le CHU de Tizi Ouzou a eu à traiter 707 cataractes avec implant ce qui permet de constater une nette progression durant l’année 2011. Citant les statistiques de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) qui a recensé dans le monde, 284 millions de personnes atteintes de déficience visuelle dont 39 millions sont aveugles, le Pr Ziri a déclaré que 80 % de ces cas de cécité sont  » évitables ou guérissables  » alors que 65% de personnes ayant une déficience visuelle ont plus de 50 ans. Dans notre pays, une enquête réalisée en 2008 sur des sujets âgés de plus de 40 ans souligne que 13,8% de cas sont atteints de cataracte. La célébration de la Journée mondiale de la vue au Chu de Tizi Ouzou aura été donc une opportunité de revenir sur un des volets importants du problème à savoir l’impact psychologique de la cécité. Une problématique traitée par le Dr Saidani, le Dr Messaoudi et le Pr Ziri. Autre thème, les troubles ophtalmologiques chez les soudeurs. Les docteurs Arib Mezdad, Zatout, Melle H. Boudia, Dahlab et Hellal sont justement partis de l’évaluation des troubles chez les soudeurs dans l’entreprise ENIEM de Oued Aïssi. “Les progrès technologiques nous ont amenés à adopter de meilleures techniques et à souder un plus vaste éventail de matériaux ce qui a pour effet d’accroître les éventuels dangers auxquels le soudeur peut s’exposer», ont précisé les médecins qui ont mené l’enquête sur le terrain. Ces derniers ajouteront, dans le même sillage, que « la chaleur et l’énergie que dégagent la soudure peuvent provoquer des réactions chimiques et physiques avec des répercussions parfois graves sur les yeux ». Les initiateurs de l’enquête expliquent que la multiplicité des techniques de soudage au niveau des quatre ateliers soudure brasure au chalumeau, soudure à l’arc argon et soudure par point par résistance provoquent l’accroissement des risques spécifiques. Cette enquête menée entre le mois d’octobre 2009 et janvier 2010 au niveau de quatre ateliers de l’Entreprise de l’électroménager à Oued Aïssi auprès d’une population exposée, a été représentée par 52 soudeurs exposés aux fumées, gaz et aux radiations lumineuses de soudage. Les résultats, sont édifiants et ne laissent guère l’ombre d’un doute sur les dangers que représente une exposition étalée à ces rayons puisque, notent les médecins, plus de la moitié des soudeurs observés présentent une baisse de l’acuité visuelle et beaucoup d’entre eux soufrent de rougeur, des larmoiements et présentent des sensations de grains de sable mais aussi souffrent de démangeaisons au niveau des yeux. 30,2 % des soudeurs présentent aussi des symptômes de conjonctive allergique  » 15,5 % des soudeurs ont présenté au moins une fois durant les 12 derniers mois un traumatisme oculaire soit un corps étranger intraoculaire ou brûlure par radiation « , est-il souligné dans le rapport sanctionnant ladite enquête.

Trois étapes pour surmonter la perte de vue

Les médecins qui ont présenté cette étude conseillent, ainsi, la maximisation de l’utilisation des moyens de protection pour les soudeurs afin justement de se prémunir des risques, réels, d’atteinte de la cécité. Qu’en est-il alors du vécu associé à la perte visuelle ? Pour le Pr Ziri, le Dr Messaoudi et Mr Abes qui ont présenté une communication sur le sujet, trois étapes aident à surmonter la nouvelle de la perte visuelle. Habituellement, trois étapes doivent être franchies de façon plus ou moins successives. Il s’agit du choc de la nouvelle, de l’ajustement à la perte visuelle et finalement, de la réorganisation. Pour la premier étape, le groupe de travail note qu’elle peut être très variable  » Par exemple, le choc de la nouvelle peut se prolonger si la personne s’accroche à l’espoir de retrouver sa vision ou si elle perçoit que celle-ci diminue encore. » et de noter que durant cette période c’est le facteur temps qui permettra à la personne de réaliser ou de comprendre graduellement son nouvel état. Au cours de cette étape, elle se montrera peu ouverte aux conseils et suggestions de ses proches. Elle souhaitera plutôt qu’on lui offre de l’écoute, beaucoup de temps pour s’en remettre, et du soutien pour répondre à ses besoins immédiats. Cependant, la sujet se mettra graduellement sur les moyens de  » surmonter sa perte visuelle. Au cours de cette période, on remarque aussi qu’elle recommence quelque peu à apprécier les petites choses de la vie, tout en faisant fréquemment référence à sa perte de vision. Pour les médecins communicants ,ils estiment qu’en dépassent cette étape de réajustement, la personne atteinte d’une perte visuelle se mettra à la réorganisation de sa vie en se rendant à l’évidence de sa situation  » La personne a traversé le plus dur de l’épreuve et que la vie redevient intéressante en elle-même. Alors qu’à l’étape précédente, elle appréciait un concert de musique essentiellement parce que ça lui remontait le moral, elle peut maintenant l’apprécier à sa pleine mesure. En d’autres mots, en ayant fait les ajustements nécessaires, les incapacités la préoccupent beaucoup moins, ce qui lui permet de mieux gérer sa vie », expliquent les orateurs qui précisent, par ailleurs, que cette perte peut aussi susciter des difficultés et des émotions douloureuses de part et d’autre. À tout moment, il est donc utile de se parler pour mieux se comprendre et respecter ce que chacun vit.

Omar Zeghni

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