Hommage aux sacrifices de la 7e Wilaya

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Le 17 Octobre 1961, à l’appel à manifester pacifiquement lancé par la Fédération de France du FLN pour protester contre le couvre-feu imposé aux Algériens, la préfecture de police de Paris a répondu par une féroce répression qui a fait des centaines de morts et de blessés parmi les Algériens.

50 ans après, le peuple se souvient toujours.

Pour cette année, les festivités officielles auront lieu, à l’initiative de l’association des Moudjahidine de la Fédération de France 1954-1962, dans la capitale du Djurdjura en présence du ministre des Moudjahidine.

Une commémoration qui intervient dans un contexte particulier qui a vu des voix s’élever pour exhorter les autorités françaises à reconnaître les crimes commis durant cette nuit d’horreur qu’a subie les Algériens à Paris. Tizi Ouzou vivra, donc, aujourd’hui au rythme d’une page importante de l’histoire de la révolution algérienne.

La commémoration de l’anniversaire des douloureux évènements du 17 Octobre 1961, survenus dans l’Hexagone, se fera officiellement dans l’ex-Wilaya III de laquelle est issue une grande partie des militants de la 7e Wilaya structurés dans le cadre de la Fédération de France du FLN. Des évènements importants qui ont influencé de manière directe la suite des évènements et les choix du Front de libération nationale dans sa lutte pour le recouvrement de l’Indépendance.

Une occasion pour revenir sur les pas de ces valeureux citoyens qui ont fait le choix de la lutte, celui aussi de braver l’interdit imposé par Maurice Papon, préfet de Paris à l’époque, qui ordonnait, dans un communiqué diffusé le 5 octobre 1961, un couvre-feu de 20h30 à 5h30 du matin. “Dans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes, des mesures nouvelles viennent d’être décidées par la préfecture de police. En vue d’en faciliter l’exécution, il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du matin “, écrivait notamment Papon, qui faisait savoir dans le même communiqué “d’autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps le fait de groupes de trois ou quatre hommes.

En conséquence, il est très vivement recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police”. A ce communiqué les Algériens répondaient par une présence massive, par dizaines de milliers, à la manifestation pacifique à l’appel de la Fédération de France du FLN. Les services de police n’hésiteront pas à passer à l’acte, pour réprimer dans le sang la manifestation. Des centaines de victimes d’une rare violence, d’une extrême brutalité y laisseront la vie, les corps de centaines d’Algériens seront précipités dans les eaux glaciales de la Seine. Les principaux organisateurs témoignent : “Le 10 octobre 1961, l’organisation du FLN en France a décidé de riposter à la mesure prise par la préfecture de police de Paris par un appel à des manifestations pacifiques le 17 octobre. Près de 80 000 manifestants ont défilé sur les grands boulevards parisiens et partout en France. La répression des manifestations fut violente», a témoigné M. Mohand-Akli Benyounes alors président de la Fédération de France.

Selon lui, il y a eu entre 12 000 et 15 000 arrestations, dont 3 000 maintenues, 1 500 refoulés vers l’Algérie, l’on déplorait entre 300 et 400 morts, 2 400 blessés et 400 disparus. De son côté la police française a fait état de trois morts dont un policier français. Cette répression qui intervenait dans un contexte marqué par les négociations entre De Gaule et le GPRA, ne cessera pas, bien au contraire, elle se durcira davantage notamment, avec l’arrivée de Michel Debré au gouvernement. 50 ans après ces massacres sanglants, la page de cette sombre période n’est pas encore tournée et la question de la reconnaissance de la France de ces crimes est posée avec acuité non seulement en Algérie mais aussi dans l’Hexagone. Face au refus de la France “officielle” d’accéder aux revendications émises par la classe politique et la société civile, le Parti socialiste (PS) s’est exprimé cette semaine, par la voix de son premier secrétaire par intérim, Harlem Désir. “Le Parti socialiste demande que la France reconnaisse officiellement ces évènements tragiques et facilite l’accès aux archives pour les historiens, dans un esprit de justice et de vérité», a souligné le responsable du PS, dans un communiqué diffusé cette semaine. De son côté M. Daniel Goldberg, député (PS) de Seine-Saint-Denis et conseiller général de la Courneuve, a estimé que cette reconnaissance “ne procède pas d’une recherche de repentance de notre pays qui ne serait utile pour personne, mais d’une exigence de la nécessaire reconnaissance des violences commises alors par les forces de l’ordre, une reconnaissance qui rende la France plus forte et plus unie, une reconnaissance qui permettra enfin qu’un hommage collectif soit rendu aux victimes et à leur mémoire”.

Omar Zeghni

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