La filiale TRANSBOIS sur une poudrière !

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Le bras de fer qui oppose les quelques 300 ouvriers de la société de transformation de bois de Béjaïa (TRANSBOIS), au P-DG de cette filiale est loin de connaitre son épilogue.

Le débrayage quotidien de 3 heures déclenché il y a plus d’une semaine, par les travailleurs de cette entreprise n’a pas donné les résultats escomptés, à savoir la mise en application de la plate-forme de revendication des travailleurs, tel qu’il est convenu dans le PV de la commission paritaire qui s’est réunie le 14 juin dernier.

Cette plate-forme, selon Lamiri Nadir, S/G de la section syndicale au sein de cette unité comporte essentiellement cinq points.

Les ouvriers réclament une augmentation de la prime du rendement individuel de 10 % au lieu de 5 % perçu actuellement, de la prime de caisse, de l’indemnité du travail posté (I.T.P), de l’indemnité de nuisance et un relèvement dans le salaire de base de 1 500 DA. A cela s’ajoute d’autres revendications liées à la nomination des contractuels et l’amélioration des conditions du travail des ouvriers. Des conditions jugées  » catastrophiques  » et  » dangereuses « , selon les témoignages recueillies sur place auprès des salariés.

La médiation de l’inspection du travail de la wilaya de Béjaïa, le 28 septembre précédent, pour résoudre ce conflit, devant l’intransigeance de l’employeur, a échoué. Dans le PV de non conciliation, signé par l’inspecteur du travail de la wilaya, M. Rachid Hadad, à l’issue de cette réunion  » de tentative de conciliation « , le syndicat a demandé  » la concrétisation du contenu du PV de la commission paritaire chargée d’étudier la plate-forme de revendication « , lit-on dans ce PV. Pour sa part, l’employeur subordonne l’application de cette plate-forme revendicative à l’avis préalable du conseil de l’administration et du Groupe Industriel du bois, dont le siège est à Alger.

Pourtant, affirme un salarié  » le prédécesseur de ce nouveau P-DG a déjà octroyé en 2006, une augmentation de 900 DA aux agents d’exécution et de 600 DA aux agents cadre et maitrise sur le salaire de base, et cela sans pour autant passer préalablement par le CA et le Groupe Industriel « . Notre source a expliqué que cette démarche est parfaitement logique d’autant plus que ladite entreprise  » est autonome et dirigée, non par un directeur, mais par un Président directeur général, donc investi d’autorité pour prendre de telles décisions « . Et le S/G de la section syndicale d’enchainer :  » La loi 90/11 relative à la relation du travail est claire. Le P-DG est le maitre à bord dans cette entreprise « . Après avoir épuisé toutes les démarches administratives et de négociations, et devant l’impasse dont se trouve les travailleurs, une Assemblée générale a été convoquée, jeudi dernier, par la section syndicale dont l’ordre de jour assigné est de voter pour ou contre le déclenchement d’une grève comme ultime recours.

En présence d’un huissier de justice, de l’inspection du travail, de l’union locale (UGTA) et de l’administration, la majorité écrasante des salariés syndiqués ont voté pour observer une grève. En effet, sur les 263 votants, 256 (soit 97 %) sont pour la grève contre 7 ouvriers seulement (soit 2 %) qui ont voté non, et un bulletin nul.

Un préavis de grève a été déposé dimanche, à l’administration de l’entreprise. Si cette dernière ne répond pas favorablement aux revendications des ouvriers dans un délai de huit jours, tel que stipulé par la loi, les salariés de TRANSBOIS déclencheront un mouvement de grève qui paralysera totalement ladite entreprise.

Des conditions de travail catastrophiques

 » L’année 2011 tire à sa fin et le P-DG ne nous a pas encore donné les tenues de travail. Nous sommes plus que des esclaves. On suce notre sang ! « , grognent ces travailleurs. Ces derniers déplorent aussi l’inexistence de la sécurité du travail.  » Il y a une année de cela, un ouvrier a rendu l’âme au sein de l’entreprise. Le centre de santé est fermé et il n’y a même pas une ambulance, ni un médecin de travail. Chaque mois nous nous enregistrons plusieurs accidents de travail « , a-t-on affirmé. A cela s’ajoute la vétusté du matériel de l’entreprise.  » Les équipement ne sont pas rénovés depuis 1970, date de l’ouverture de notre société « , a-t-on encore regretté.

Des salaires de misère

 » Notre problème ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 2002, l’on a voulu privatiser notre entreprise et la vendre avec  » un dinar symbolique « . Mais, Dieu merci, grâce à la mobilisation des travailleurs et du partenaire social, nous l’avons sauvegardé et avons engagé un bras de fer avec les responsables « , nous indiquera Belakhdar Madjid, du comité de participation et un des membres de la section syndicale.  » Je suis chef de service de formation, j’ai accumulé 28 ans de service et je touche à peine 22 000 DA « , déclare notre interlocuteur.  » J’ai 23 ans de service au poste de travail de 3eme partie et je perçois 20 000 DA net, c’est-à-dire avec les primes et les allocations « , a indiqué un autre ouvrier. Pire encore,  » des retraités, après 32 ans de service, touchent des salaires de12 000 DA. Comment faire vivre une famille avec de telles rémunérations ? », s’interrogent ces ouvriers, visiblement déterminés à aller jusqu’au bout pour arracher leurs droits.

Boualem Slimani

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