“90% des Algériens refusent de donner leurs organes”

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Le président de la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation (SANDT), le professeur Rayane, a estimé hier, que l’Algérie accuse un déficit flagrant en transplantation d’organes, car 90% des Algériens refusent de donner leurs organes.

“Le don d’organe en Algérie prend du retard par à rapport à d’autres activités médicales, seulement une famille sur dix accepte de donner les organes de leurs proches, après leur mort», a affirmé le professeur Rayane, lors d’un point de presse donné hier, au forum du quotidien El Moudjahid, à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes.

En donnant à titre d’exemple la liste d’attente pour la greffe rénale qui était de 3 000 patients en l’an 2000, et qui a plus que doublé en 10 ans. “Ils sont plus de 7 000 patients en attente d’un greffon, et moins de 20% parmi eux disposent d’un donneur apparenté», a souligné le conférencier. Ajoutant que le nombre de greffes réalisées par an ne dépasse pas la centaine, alors que les besoins sont estimés à 500 greffes par an. “Il existe une inadéquation entre l’offre et la demande malgré des dispositions légales et religieuses très favorables», a-t-il dit.

En effet, 99% des transplantations sont effectuées à partir de donneurs vivants apparentés, et seulement 8 greffes à partir de donneurs décédés ont été faites durant 26 années.

S’agissant du prélèvement sur donneurs décédés, le professeur dira qu’il est marginal en Algérie, car il représente 7 sur 1 000 greffes. Le Professeur Rayane estime que le problème du don d’organe en Algérie n’est pas un problème médical ni d’ordre religieux, mais plutôt un problème de société car les Algériens n’ont pas la culture de donner leurs organes. Cette opinion est partagée également par le docteur Benabadji, qui a affirmé que le problème est culturel et organisationnel. “Il y a la solidarité il y a les capacités et les moyens, mais il faut qu’on s’organise.” Dans le même sillage, le président du SANDT appelle les autorités à revoir les textes juridiques, qui parlent sur le don d’organe, car selon lui, le législateur ne s’investit pas pour promouvoir l’accès à la greffe d’organes. “Il faudrait réfléchir à élargir le cercle des donneurs vivants, qui est actuellement limité aux ascendants, collatéraux et descendants. Cet élargissement pourrait s’étendre aux grands-parents, oncles et tantes, cousins germains, et les donneurs ayant des liens d’alliance en particulier le conjoint et les autres membres de la famille», a suggéré le professeur.

Tout en insistant sur l’importance de sensibilisation sur le don d’organe. A cet effet, la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation, célèbre cette année la Journée mondiale du don d’organe par la mise en œuvre à travers tout le territoire national, de campagnes de sensibilisation ayant pour principal objectif d’inciter chaque Algérien à prendre une décision sur le don d’organe et à partager son choix avec ses proches.

Par ailleurs, le président a annoncé la création en 2012, de l’agence nationale de greffe d’organes et de tissus, qui aura pour principale mission ; l’élaboration d’une stratégie nationale à l’égard des dons et greffes d’organes et de tissus, la mise en œuvre de règles de répartition et l’attribution de greffons et la rédaction de règles de bonnes pratiques relatives à l’activité de greffe.

Samira Saïdj

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