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La musique, “un cœur en stéréo”

Fardée comme une promise de samouraï, Assia Laibaoui éclaire la scène de son teint blafard qui contraste avec le noir de sa tunique en dentelle. Sanglée comme une Amazone psychédélique, elle a la grâce d’une geisha, les atours d’une punk. Assia se veut une “femme libre”, une femme qui brise ses chaînes, qui étouffe sous ses faiblesses et qui veut s’enfuir très loin vers d’autres fronts de lutte comme une guerrière, héroïne de science fiction, à la mystérieuse androgynie. Assia Laibaoui s’est jetée dans l’univers de la chanson comme on se jette à l’eau. Partagée entre le département du Var où elle réside et sa Kabylie natale sa muse, elle progresse à pas feutrés, sans faire de vagues. Dans les textes de son dernier album (elle en a deux), on retrouve souvent le thème de la femme érigée en symbole des libertés. “Souvenirs”, la chanson-phare de cet album est composée sur un rythme entraînant, mais aux paroles emplies de remords, de regrets et d’incertitudes et d’où se dégage un certain complexe de culpabilité. Elle se définie comme étant une montagne de douleur, elle réclame un peu de tendresse sur un tempo de colère. Dans la chanson Passions, on retrouve une femme câline à souhait, avec un texte d’où se dégage une aura de sensualité passionnée très féminine. Elle déclare vouloir provoquer par ses erreurs, suffoquer de sa douceur, empoisonner de son parfum, l’éclat subit de son chagrin. “Alter-égo” évoque l’homme, des termes très poétiques, tel celui qui, dans sa fierté, cache sa blessure comme un écho qui s’endort. Elle magnifie le “rocker”, macho par excellence et par essence. Pour Assia Laibaoui, la femme est si frêle, si fragile qu’elle cache son bonheur dans un cri.Elle parle de son rejeton comme étant son septième sens, un océan qui suffoque ses problèmes et sens, une océan qui “suffoque” ses problèmes, et un vent violent qui “se moque de sa peur”, qui exorcise la mort dans la continuité héréditaire et filiale. Ça swingue drôlement si vous écoutez “la bête docile”, c’est elle la bête de scène qui, dans son délire, imagine un “fœtus en travesti”, personnage d’anticipation d’un monde où l’on manipulerait les gênes comme les gammes sonores d’un synthétiseur. Enfin, dans “sauvetage”, la chanteuse parodie les grandes vedettes de la chanson, en un rêve éveillé, le fantasme parolier d’un thriller qui défie la réalité routinière comme pour exorciser le quotidien de la vie d’une femme qui peut être star, mais que rien n’empêche de faire la vaisselle. La musique est pour Assia Laibaoui comme “un cœur en stéréo” et le rythme, caressant sa peau, ressemble à un frisson obsessionnel. Il lui arrive de “mourrir d’ennui” et elle s’imagine dans un salon bleu saturé d’abondants secrets, vêtue de soieries électriques. Ses pensées de parfum exotique prennent l’allure d’un défoulement hystérique excentrique. “L’ennui”, pour Assia représente un flot de dentelles contourné de pluie, un rayon de lune qui promène sur une coupe de cristal une passion invisible.

Nacer Maouche

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