Louanges trompeuses

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«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).

Si de nos jours les fiancés se voient, se parlent avant de se marier, ce n’était pas le cas chez nous, il y a seulement quelques années.A ce propos, nous allons vous raconter une histoire du terroir traitant de ce sujet.Jadis, les jeunes gens se mariaient de gré ou de force, juste au sortir de l’adolescence. Leurs parents intransigeants les marient avec les fiancées de leurs choix. Ces derniers, en fait, ne cherchent que leurs intérêts. Comme il marient leurs filles très jeunes aussi, ils ont besoin de les remplacer, afin que les travaux des champs ou de maisons puissent continuer.Les femmes de leurs enfants sont ramenés dans ce but, car pour la procréation ils ont le temps.Si les parents sont la plupart du temps satisfaits de ramener de laides, de grosses et fortes filles pour pouvoir travailler, ce n’est pas le cas de leurs enfants, qui veulent des beautés. mais pour leur faire avaler la pillule, ils ont recours à des subterfuges, tel que celui-ci. Arrivé en âge de se marier, un jeune homme est avisé par ses parents, qu’ils lui ont trouvé une fiancée d’une grande beauté que les jeunes de son âge vont lui envier. En plus de sa resplendissante beauté, elle a des doigts de fée. Elle sait préparer des plats raffinés, douceur du palais. Ses parents lui dressent chacun de son côté un tableau idyllique de sa fiancée. Le père s’appesantit sur son père, qu’il lui décrit comme un homme riche, de bonne famille, généreux, courageux, plein de bonté, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. C’est un homme accompli, qu’il est bon d’avoir à ses côtés, lors des difficultés, qui peuvent surgir à tout moment au cours de la vie. Après avoir fini, la mère prend le relais et dit : – “Ta future femme mon fils est issue d’une grande lignée, elle est de grande taille, ses yeux son-bleus, son teint laiteux, ses cheveux noirs de jais. “Elle est travailleuse, gentille et dit toujours oui, quand elle est sollicitée même en pleine nuit. Le matin, elle est la première à se réveiller pour préparer les beignets pour toute la famille. Convaincu par ses parents, le jeune homme donne son approbation pour la forme bien entendu, car en réalité les jeux sont faits. Après la célébration du mariage, qu’elle ne fut la surprise du jeune homme en entrant dans la chambre nuptiale. Tout ce qui lui a été décrit n’est que pure affabulation. En guise de beauté, il trouve une jeune fille édentée, de petite taille aux cheveux crépus, au teint noiraud.Déçu, il dit à celle qui va être désormais sa compagne pour la vie. “Ma mère m’a dit des mensonges à ton sujet, tu n’es pas telle qu’elle t’a décrite. Que s’est-il passé ?- Ta mère ne m’a qu’entrevue un bref instant, tout ce qu’elle a entendue à mon sujet lui a été raconté par ma mère en présence de ma tante. Elle a tout gobé, c’est pour cela que je suis ici”.“Les apparences et les discours sont trompeurs mon ami, si on n’avait pas utilisé ce déloyal procédé, je ne me serais jamais mariée avec le physique que j’ai.Le jeune homme dut se rendre à l’évidence. Il est piégé.C’est dit-on depuis cette époque qu’existe le proverbe qui dit :Anoua ikem i cjekren a thislith d’ yemma thah’d’arth khalti- Qui a chanté tes louanges ô fiancée, c’est ma mère en présence de ne tante maternelle bien-aimée !“Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”

Lounès Benrejdal

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