A quelques jours de l’Aïd El-Adha, les augmentations exorbitantes des prix du mouton de l’Aïd font que des pères de famille, notamment ceux à la petite bourse, se retrouvent confrontés à un vrai casse-tête, celui d’acheter un mouton en mettant toutes leurs économies ou renoncer à une tradition bien établie, par faute de moyens. Acheter donc un mouton de l’Aïd de nos jours n’est pas une mince affaire pour bon nombre de pères de famille à la bourse modeste. Qui va bien comprendre ces pères de famille à moyens et faibles revenus qui ont déjà consenti de grosses dépenses ces derniers mois, induites par le mois sacré de Ramadhan, l’Aïd El Fitr et la rentrée scolaire et qui sont appelés encore aujourd’hui à casser la tirelire pour acheter un mouton, qui est quelque chose de sacré quoique l’on dise. En tout cas ce ne sont pas ces maquignons et revendeurs qui comprendront leurs privations, eux qui trouvent en cette fête sacrée le moment propice pour se faire de gros sous en augmentant les prix du cheptel à leur guise tant qu’aucun contrôle ou mercuriale ne leur sont imposés. La bulle spéculative bat donc son plein dans les marchés de la haute vallée de la Soummam, fréquentés par beaucoup de maquignons en provenance de toutes les régions pastorales du pays, et les revendeurs locaux qui imposent leur loi sur les prix du cheptel. Ainsi, les maquignons et les revendeurs font et défont les prix en toute impunité au gré de l’offre et de la demande. «C’est à prendre ou à laisser !», un terme devenu un adage chez les revendeurs qui n’hésitent pas à dire «qu’eux aussi achètent cher et ne prennent qu’une petite marge de bénéfice». En effet, la hausse des prix des moutons pourrait être la conséquence d’une pléthore d’intermédiaires sur la valeur commerciale. La chaîne de vente des moutons qui commence de l’éleveur jusqu’au consommateur est parfois assez longue. Pour cela, il n’est pas étonnant qu’un troupeau de moutons change de main jusqu’à cinq fois si ce n’est pas plus, avant d’atterrir chez le consommateur, le dernier d’une succession de maillons. Pour bien dire les choses, cette pratique spéculative engendre automatiquement une flambée des prix. En tout état de cause, comparativement à l’année passée, les augmentations des prix du mouton se situent entre 5 000 à 8 000 dinars, disent les citoyens qui fréquentent les marchés à bestiaux. Cette hausse inexorable ne passe pas inaperçu chez le pauvre comme chez le riche. Tous deux se plaignent de la cherté du mouton de l’Aïd. Des solutions existent aussi bien chez ceux qui peuvent se permettre un mouton et ceux qui ne peuvent se le permettre. A titre d’exemple : ceux qui ne peuvent s’offrir un mouton s’unissent pour acheter un veau qu’ils se partagent à quatre ou cinq, voir plus, genre de Timechrat (louzi3a) à nombre réduit. Quant aux plus pauvres, ils recevront, comme il est de coutume, leurs parts de viande de ceux qui ont égorgé des moutons. L’Aïd El-Adha reste un rite que tous les musulmans fêtent dans la joie, la paix et la réconciliation.
L. Beddar