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Qui arrêtera le massacre?

L’interdiction de l’extraction du sable tout au long du lit de l’Oued Sébaou, et l’instruction transmise en Août 2009 pour les huit sablières que compte la wilaya de ne plus s’approvisionner de cette ressource, n’ont pas abouti à l’arrêt du pillage.

Malgré la mise en place d’un dispositif réglementaire dissuasif, le vol de sable persiste, mettant ainsi la nappe phréatique de l’oued Sébaou en danger en l’absence de surveillants censés opérer sur les lieux. Les ressources hydriques de la wilaya de Tizi-Ouzou s’amenuisent et agonisent. Le constat est partagé et par les autorités de la wilaya et par les élus qui ont, à maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme sur les dangers qui peuvent en découler sur l’environnement. L’une des principales raisons de cette sensible dégradation, particulièrement de la nappe phréatique, est indéniablement l’extraction de sable tout le long de l’Oued Sébaou. Ce phénomène, dénoncé pendant des années, ne trouve pas encore de solution tant les multiples interférences et autres contraintes encourage sa persistance. Hier, M. Hameg, directeur des ressources en eau à Tizi-Ouzou, nous a fait savoir que l’extraction du sable est « interdite par arrêté. Les textes existent et le dispositif réglementaire est mis en place ». L’extraction de sable est désormais maîtrisée, déclare-t-il, ajoutant : « nous avons pu avoir un arrêté qui interdit formellement l’extraction de sable de tous les oueds de la wilaya. Le problème est, pour nous, réglé », et de préciser, cependant, que le phénomène du vol de sable persiste toujours, « il faudrait maintenant lutter contre le vol de sable », ajoutera-t-il. Selon un rapport présenté par une commission de l’assemblée de wilaya, le lit de l’oued Sébaou s’est enfoncé de plus de quatre mètres en 20 ans, ce qui représente une sérieuse menace pour la nappe et empêche la couche protectrice de l’oued de se régénérer en raison, justement, de la persistance de l’extraction effrénée du sable. Il faut dire que la mesure prise par les pouvoirs publics, portant interdiction de l’extraction du sable tout au long du lit de l’Oued Sébaou, et l’instruction transmise en Août 2009 pour les huit sablières que compte la wilaya de ne plus s’approvisionner de cette ressource, n’ont pas abouti à l’arrêt du pillage. Ce dernier a fini par provoquer d’énormes cratères dans l’Oued et a, selon les responsables de la direction, contribué à l’effondrement de plusieurs forages situés dans le périmètre de l’oued. Les conséquences sont, également, désastreuses pour les agriculteurs qui ont vu des parcelles entières partir en fumée, à défaut de consolidation des terrains fragilisés par l’amenuisement des nappes. Si du coté de l’administration, on avance la carte des textes réglementaires interdisant l’extraction, les élus, notamment ceux de l’APW de Tizi-Ouzou, ont dénoncé cette incapacité à venir à bout d’un tel phénomène dévastateur, d’autant plus que le gouvernement avait interdit, par le biais d’un décret, l’extraction de sable tout le long de l’Oued jusqu’aux frontières avec la wilaya de Boumerdés. « Même les entreprises locales ont été soumises à un cahier des charges interdisant d’utiliser le sable des oueds dans la construction». Pour M.Hameg, le responsable du secteur de l’hydraulique dans la wilaya, le vol de sable provoque d’incommensurables dégâts qui menacent l’oued et les régions environnantes. Rappelant, dans ce sillage, que le risque d’effondrement du pont de Sidi Naâmane, menacé par la fragilisation de la nappe phréatique, a contraint le premier magistrat de la wilaya à interdire le passage aux camions de plus de 2.5 tonnes. « Le foisonnement des sablières clandestines n’arrange pas la situation. Les pouvoirs publics doivent veiller au strict respect du décret interdisant l’extraction de sable », déclarait un élu lors de la session thématique de l’APW consacré au sujet.

A. Z.

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