Ouyahia confirme les élections partielles

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La question des assemblées élues en Kabylie va être réglée très prochainement. J’ai entamé, en tant que chef du gouvernement, des contacts avec les partis de l’Alliance présidentielle pour retirer leurs élus. La concertation va toucher aussi d’autres partis, y compris le FFS. Si le problème n’est pas réglé à l’amiable, nous serons obligés d’appliquer la loi dans le domaine. Parce que les élections locales en Kabylie vont être refaites. ». C’est ainsi que s’est exprimé Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement sur la crise de Kabylie, lors d’une conférence de presse animée hier à Alger.Longtemps réservé sur la question, le chef de l’Exécutif gouvernemental a décidé ainsi de trancher la question et de mettre fin aux spéculations entretenues à ce sujet. Pour mieux appuyer ses dires, M. Ouyahia, qui s’attendait naturellement à une telle question, a présenté une armada de chiffres qui démontrent l’illégitimité des élections d’octobre 2002. A titre d’exemple, il citera les assemblées où le nombre de votants est inférieur à celui des élus, en plus des localités, très nombreuses, où le scrutin n’a même pas eu lieu. Bien plus, Ahmed Ouyahia a rappelé que la Kabylie n’est même pas représentée au Sénat. S’agit-il d’un mea culpa ? Le conférencier n’en dira pas plus, tout comme il n’a pas donné la date des élections partielles, plusieurs fois promises par son ministre de l’Intérieur. Quant à l’APN, le chef du gouvernement dira que les députés  » ont un mandat national, et il n’y a que le Conseil constitutionnel qui peut se prononcer sur un tel sujet, contrairement aux assemblées locales dont la validation relève des pouvoirs de l’Exécutif « .

Développement économique : tout est positif en attendant mieuxComme pour ne pas déroger à la règle, Ahmed Ouyahia s’est présenté à la conférence de presse avec des chiffres sur les réalisations de son gouvernement durant l’année 2004 et celles du premier quinquennat du président Bouteflika. Mais pour donner plus de crédit à ses propos, il a préféré se référer au données de l’Office national des statistique ( ONS) qui ont ramené, à titre illustratif, le taux de chômage à la baisse. De près de 30% en 1999, ce taux est de 17,7% actuellement si l’on prend en compte les critères du Bureau International du travail (BIT) qui comptabilise le chômage à partir de l’âge de 15 ans. Le chiffre peut être ramené à 13% si l’âge de chômeur est comptabilisé à partir de 18 ans. Le Produit intérieur brut par habitant est lui aussi revu à la hausse puisqu’il a atteint 2620 dollars en 2004 contre uniquement 1801 dollars en 2000. Il en est de même pour le PIB du pays qui est passé de 54,7 milliards de dollars en 2000 à 84,6 l’année passée. Sur le terrain des réalisation des infrastructures de base, le chef du gouvernement a indiqué que l’Algérie a réalisé 1/6e du parc national du logement en cinq ans et 50% des infrastructures universitaires. Cependant, le Premier ministre avoue qu’il reste beaucoup à faire pour lui et son gouvernement, puisque  » les problèmes ne sont pas tous réglés « . Pour cela, il a annoncé une batterie de mesures pour la période qui va jusqu’à 2009. Il dira que notre pays va se porter de mieux en mieux sur le plan financier et que les investissements nationaux et étrangers vont s’intensifier. Selon Ahmed Ouyahia, “les investissements directs étrangers seront de l’ordre de 100 milliards de dollars en plus de ceux, de 50 milliards de dollars, que va consentir l’Etat sur ses fonds propres quel que soit les prix du pétrole ». En matière de logement, le gouvernement compte entamer un ambitieux  » projet intensif de 800 000 unités  » dont les appels d’offres nationaux et internationaux vont être lancés dans les prochaines semaines. Il précisera que son gouvernement va rompre avec les anciennes traditions qui font que l’Etat élabore uniquement des plans annuels.

L’importation des vins : il y aura une loi de finances complémentaireLa problématique de l’importation des vins que les députés avaient rejetée durant le débat sur la loi de finances est sur le point de connaître son épilogue, à en croire Ahmed Ouyahia, qui a laissé entendre que l’interdiction qui frappe l’importation de ces boissons va être levée au terme d’une loi de finances complémentaire, au même titre d’ailleurs que l’introduction d’une loi interdisant l’importation de véhicules de moins de 3 ans. Cette affirmation est justifiée par les engagements internationaux de l’Algérie qui s’apprête à ratifier l’accord d’association avec l’Union européenne et à intégrer l’Organisation mondiale du commerce. Ces échéances, que le chef du gouvernement juge importantes, doivent inciter le gouvernement à faire des efforts pour  » accompagner l’entreprise algérienne qui doit se débarrasser des archaïsmes et de l’assistanat pour devenir une entreprise concurrente ». C’est dans ce cadre d’ailleurs que Ahmed Ouyahia réitère sa conviction que  » la mère de toutes les réformes est avant tout celle des mentalités « , parce qu’il considère, à titre illustratif, qu’il  » est anormal que l’Etat paie à la place des autres « , notamment en ce qui concerne les allocations familiales.

Après le combat contre le terrorisme, c’est au tour de la maffiaPour instaurer l’Etat de droit, le chef de l’Exécutif a annoncé une série de mesures pour lutter contre toute forme d’atteinte à la loi. “Nous allons gagner la bataille contre ceux qui n’appliquent pas les lois de la République comme nous avons gagné celle du terrorisme « , a-t-il dit en précisant que le dossier du foncier agricole est désormais entre les mains de la justice.  » Pour vous informer sur les dossiers relatifs au foncier agricole, vous pouvez vous rapprocher des procureurs généraux de la République qui détiennent les dossiers « , a dit M. Ouyahia sur le sujet, avant d’ajouter que les lois relatives au blanchiment d’argent et contre la corruption vont atterrir bientôt à l’Assemblée nationale parce que  » si nous laissons les choses telles qu’elle sont, nous allons connaître une véritable maffia comme c’est le cas ailleurs « . Le chef du gouvernement parle ici précisément des marchés informels et du trabendo puisqu’il dit qu’il y a  » des gens qui comptent l’argent au poids « . A la question de savoir si un remaniement gouvernemental est en vue, Ahmed Ouyahia dira que cette question n’est pas de son ressort, mais relève des prérogatives du président de la République. Il en est de même pour la révision de la Constitution qui doit être  » traitée en son temps « .

Ali Boukhlef

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